Ordonné prêtre à Vannes le [2], Alain Dumoulin est d'abord nommé en 1775 professeur au séminaire de Plouguernével, sorte d'annexe en Haute-Cornouaille du grand séminaire de Quimper. En 1787, il est nommé recteur d'Ergué-Gabéric. À la Révolution française, il fait partie d'une délégation du bas clergé qui rencontre les représentants du Tiers-État à Quimper le [3]. Dans un premier temps, il apparaît favorable aux idées révolutionnaires[4] mais il refuse de prêter serment à la constitution civile du clergé. Le , il doit céder sa place à un prêtre jureur mais continue à dire la messe dans une chapelle de la commune[5]. Dénoncé, il doit se cacher, mais devant l'intransigeance des autorités révolutionnaires, il se décide à partir en exil.
On le retrouve à Liège début 1794[6] puis à Münster en Westphalie-du-nord en [7]. Il bénéficie du soutien de l'évêque Maximilien-François d'Autriche, le plus jeune frère de Marie-Antoinette reine de France. Devant la pression des armées françaises, il doit partir plus à l'est. Son protecteur l'adresse à Marie-Anne de Habsbourg Lorraine, sœur de l'empereur d'Autriche et Abbesse du chapitre impérial des Dames nobles de Prague[8]. Il arrive à Prague en . Pendant son séjour, il reçoit quatre prix littéraires[9] et publie deux ouvrages en latin avant de se consacrer sur la demande de l'évêque Wenceslas Chlumčanský à la rédaction d'une grammaire bretonne en latin qui est publié en 1800 sous le titre Grammatica latino-celtica.
Le rôle d'Alain Dumoulin dans la réorganisation du diocèse est important. Excellent bretonnant, il publie un ouvrage de piété Hent ar Barados[11] (Le chemin du paradis) et supervise la publication d'un nouveau catéchisme en langue bretonne en 1807, qui tient compte du concordat signé en 1801 entre Napoléon et le Pape.
Il décède le . Il est enterré au cimetière Saint-Louis à Quimper. Il était le grand oncle de Joseph Graveran, qui deviendra évêque de Quimper en 1840[12] et qui transféra sa dépouille dans la chapelle du cimetière.
(la) Ecomium regni Bohemiae Genti Bohemicae dedicatum sub auspiciis Celeberrimorum nec non nobilissimorum regni Statuum [« Éloge du Royaume de Bohême dédié à la Nation bohémienne sous les auspices des très-illustres et Très-nobles seigneurs des États du Royaume »], Prague, Hrabian, , 37 p..
(la) Musa-Bohema-Catolica, adveniente pragam Archiduce Carolo [« La muse catholique de Bohême, pour la venue de l'Archiduc Charles à Prague »], Prague, , 28 p..
(la) Grammatica latino-celtica, Prague, , 194 p..
(br) Hent ar barados : pe ar guir Voyen da savetei e Ene, Lequeet e brezoneg gant an Aotrou Al. Dumoulin, chaloni ha Person eus a guoer a Guemper [« Le chemin du paradis ou la vraie manière de sauver son Âme, Écrit en breton par le sieur Alain Dumoulin, chanoine et Curé de la ville de Quimper »], Quimper, Ty Y.J.L. Derrien (réimpr. 1821 et 1834) (1re éd. 1805), 480 p.[13].
↑« Comme on appuie toujours sur l'ordre donné pour le départ des ecclésiastiques français, Péju, Gévoux, Dumoulin et Le Gac, Je déclare vouloir pourvoir à leur subsistance et à tous leurs besoins. Et ayant eue l'occasion d'apprendre à connaître davantage leurs principes j'en réponds aussi ». Prague, le 24 février 1795. Marie Anne. Document présent aux Archives Centrale d'état, Présidium du gubernium tchèque, PG 1795 332.
↑Joseph-Marie Téphany, Notice sur l'abbé Dumoulin, émigré en Bohême en 1793, t. 1, Paris, Louis Vivès, , p. 229-257.
↑Leoriou ar baradoz. Approche bibliographique du livre religieux en langue bretonne, Quimper, Bibliographie de Bretagne, 2002, p. 100 et 282 (ISBN978-2-951576-24-7).
↑L'ouvrage Hent ar barados comprend trois parties : un livre de dévotion de 320 pages ; un recueil de cantiques de 43 pages : « Canticou spirituel composet gant ar memes baelec guinidic eus a barres Crozon » (Cantiques spirituels composés par le même prêtre natif de la paroisse de Crozon) ; et une vie des saints de 102 pages intitulée « Buaez emeus cals Saent eus a Vreiz » (Vie de nombreux Saints de Bretagne).
[1852] P. Levot, Biographie bretonne, t. 1, Vannes, Cauderan, , 647 p. (présentation en ligne).
[1870] Joseph-Marie Téphany, Vie de Mgr Joseph-Marie Graveran, évêque de Quimper et de Léon : Notice sur M. l'abbé Dumoulin, émigré en Bohême, en 1793, Paris, Louis Vivès, , 40 p..
[1992] (br) Lukian Raoul, Geriadur ar skrivagnerien ha yezhourien, Al Liamm, , 95 p.
[2011] Bernez Rouz, Alain Dumoulin, un recteur breton dans la tourmente révolutionnaire, Ergué-Gaberic, Arkae, , 56 p. (ISBN978-2-917877-06-7).