Après avoir obtenu un baccalauréat A, Alexis se lance dans l’illustration et le dessin humoristique. Ses premières publications se font dans Planète et des revues d’arts martiaux[2]. De 1966 à 1968, il fournit des dessins humoristiques à la revue pour adultes Lui[2].
Le , il intègre Pilote, qui est alors la seule publication de bande dessinée à ne pas être destinée qu'aux seuls enfants. Dans un premier temps, il collabore essentiellement aux Actualités[3], et fournit des pages de remplissage : histoires courtes, illustrations, gags.
Son talent est remarqué par les principaux auteurs du journal et, en 1969, Fred fait appel à lui pour dessiner sa nouvelle série, Time is money, qui connaît trois épisodes jusqu'en 1973[4]. Le réalisme nerveux et fin du trait d'Alexis acquiert une première notoriété grâce à ces histoires poético-humoristiques de voyageurs dans le temps[5],[6].
L'année suivante, il entame une collaboration avec Gotlib qui lui fait illustrer des parodies de grandes œuvres cinématographiques ou littéraires. Les sept histoires réalisées sont éditées sous le titre Cinémastock en 1974 et 1975, et sont les deux premiers albums de l'auteur. Gotlib fait ensuite d'Alexis un des piliers[5] de Fluide glacial, lui faisant illustrer La publicité dans la joie, satire de la publicité et de la société de consommation dont la première publication a eu lieu dans L'Écho des savanes, mais le laissant aussi exprimer ses aptitudes de scénariste dans diverses histoires courtes éditées en album par AUDIE en 1975 sous le titre Fantaisies solitaires.
En 1975, Alexis s'essaye dans Métal Hurlant à la science-fiction, en illustrant pour Philippe DruilletLes aventures d'Yrris. La tentative n'a pas de suite, Alexis préférant s'engager dans la voie du western, avec Al Crane[7]. La série, scénarisée par Gérard Lauzier, présente une caricature de héros, qui massacre des indiens, méprise les femmes, et dans laquelle tous les lieux communs du western sont détournés. La douzaine d'épisodes publiées dans Pilote Mensuel en 1976 et 1977 connaissent alors un certain succès[8]. En 1975, Pif Gadget publie les épisodes d'une bande dessinée intitulée Corsaire Julien, dont le héros emprunte l'apparence de Julien Clerc[9],[10]. Ces récits, scénarisés par Michel Calonne (sous le pseudonyme d'O'Clann) et dessinés par Alexis, offrent un mélange d'« aventure, fantaisie et fantastique »[11].
Dans le même temps, il assume à partir de (Fluide Glacial no 8) la reprise de Superdupont, série créée par Gotlib et Jacques Lob dans Pilote. La série, qui met en scène un justicier franchouillard traditionaliste, luttant contre les nations étrangères jalouses de la France (« l'anti-France »), devient un des fleurons de Fluide Glacial[5]. Jacques Lob, qui admire le style d'Alexis[12], lui propose le scénario d'une série de science-fiction apocalyptique, Le Transperceneige[13]. Alexis, qui venait de publier huit albums en trois ans, nombre important pour l'époque, est alors considéré comme un des plus grands espoirs de la bande dessinée francophone[14].
Le , peu avant son trente et unième anniversaire[2], alors qu'il allait entamer la dix-septième planche du Transperceneige et qu'il s'attaquait aux dernières cases de La croisade de Superdupont[5], Alexis meurt d'une rupture d'anévrisme. L'histoire de Lob est reprise par Jean-Marc Rochette, tandis qu'un Gotlib ému achève l'histoire de Superdupont, publiée dans le dix-septième numéro de Fluide Glacial. En sa mémoire, et afin que son nom reste associé au journal, Gotlib et Jacques Diament créent pour lui la fonction de « Directeur de conscience », qui est mentionnée dans l’ours de la revue ; cette fonction est illimitée dans sa durée[15].
↑Christophe Quillien, « L'aventure, c'est l'aventure : Corsaire Julien », dans Pif Gadget : 50 ans d'humour, d'aventure et de BD, Hors Collection, (ISBN978-2-258-15260-1), p. 150-151.
↑Henri Filippini, « Hommages et interviews en forme d'hommage : Jacques Lob », Les Cahiers de la bande dessinée, no 38, , p. 22.