Les allocations familiales sont des sommes versées aux personnes ayant un ou des enfants à charge. Les montants et les conditions pour en bénéficier diffèrent selon les pays.
En Europe, elles sont à l'origine conçues comme supplément de salaire destiné aux ouvriers et salariés ayant des charges de famille[1],[2], versé dans le cadre d'initiatives publiques ou privées[3], avec des motivations diverses (philanthropie, rentabilité, justice sociale)[1].
Intégrées aux législations, elles deviennent l'un des leviers dont disposent les États pour influer sur la démographie et l'économie et peuvent venir en complément d'autres mesures, comme des réductions d'impôt ou des aides au logement, décidées par un gouvernement dans le cadre de sa politique familiale et sociale.
La première forme d'allocation familiale dans l'Histoire de l'humanité remonte à la période du Califat Rachidun (632 - 661) et plus précisément sous le règne de Omar Ibn Al-Khattâb[4]
En France, les allocations familiales stricto sensu sont les plus anciennes des prestations familiales distribuées par les Caisses d'allocations familiales et les Caisses de Mutualité sociale agricole. Elles sont versées aux personnes physiques qui assument la charge effective et permanente d'au moins deux enfants de moins de 20 ans. Jusqu'au , elles étaient du même montant pour toutes les familles, montant fonction du nombre d'enfants à charge. À partir de , elles sont modulées en fonction des ressources du foyer. Elles sont assorties de majorations suivant l'âge des enfants, à l'exception de l'aîné d'une famille de deux enfants à charge[5]. Les familles avec enfant bénéficient également, sous certaines conditions, d'un abattement sur l'impôt sur le revenu et/ou d'une majoration de la prime pour l'emploi jusqu'au remplacement de cette dernière par la prime d'activité en .
Ces allocations proprement dites sont complétées par d'autres prestations familiales[6] ciblant plus précisément les bénéficiaires, soumises ou non à condition de ressources, et qui sont (par ordre d'apparition historique) l'allocation de logement familiale (1948), l'allocation orphelin (1970, remplacée en 1984 par l'allocation de soutien familial), l’allocation aux mineurs handicapés (1971), l'allocation de rentrée scolaire (1974), l'allocation de parent isolé (1976, remplacée depuis 2009 par une majoration du RSA), le complément familial (1978), l'allocation parentale d'éducation (1985, intégrée en 2004 à la PAJE) et l'allocation journalière de présence parentale (2000)[7].
En , le gouvernement de Lionel Jospin avait annoncé la mise sous condition de ressources des allocations familiales[13]. Elles n'ont donc pas été versées durant l'année 1998 pour les revenus excédant 25 000 francs mensuels. Face à la contestation, elles ont été rétablies pour tous dès le premier janvier 1999 mais la mesure a été remplacée par une réforme du quotient familial.
En , le gouvernement de Manuel Valls a annoncé la modulation des allocations familiales en France selon les revenus[14],[15]. À partir de , les taux des allocations seront réduits de 50 % pour toute famille ayant un revenu net mensuel supérieur à 6 000 €, et de 75 % pour toute famille ayant un revenu net mensuel supérieur à 8 000 €. Les limites de revenus seront augmentées de 500 € par enfant supplémentaire[16].
Le principe originel des allocations familiales trouve sa source dans une politique démographique ; l'objectif étant alors d'assurer à la France une population suffisante. La fin de l'universalité stricte des allocations familiales fait de cette politique une politique sociale ; il ne s'agit désormais plus que d'assurer aux moins favorisés les moyens minimums pour élever un ou plusieurs enfants.
Le montant par mois des allocations familiales se calcule en fonction de la base mensuelle de calcul des prestations familiales (BMAF). Depuis le , les allocations familiales pour deux enfants sont de 131,16 €, pour trois de 299,20 € et de 146,60 € supplémentaires pour chacun des enfants suivants. Ces montants sont en vigueur jusqu'au mais sont réduits en fonction des ressources du foyer[17].
Ces allocations sont majorées après un certain âge des enfants. Lorsqu'ils atteignent 14 ans, la majoration est de 65,68 € et par enfant. Cette majoration n'est pas appliquée pour l'aîné d'une famille de deux enfants.
Les articles L.521-1 à L.521-3 ainsi que R.521-1 à R.521-4 du code de la sécurité sociale traitent des allocations familiales. La base mensuelle de calcul des prestations familiales est fixée chaque année par décret. Le dernier décret est le no 2010-1766 du relatif à la revalorisation des bases mensuelles de calcul des prestations familiales à compter du [18].
L'article D.521-1 du code de la sécurité sociale pose que le second enfant à charge procure 32 % de la BMAF, et 41 % par enfant suivant.
Une majoration de 16 % de la BMAF[19] est accordée par enfant âgé de plus de 14 ans, à l'exception de l'aîné d'une famille de deux enfants[20]. Avant 2008 cette majoration intervenait dès 11 ans pour 9 % et 16 % à partir de 16 ans[21]. La majoration de 9 % continue de s'appliquer pour les enfants nés avant le [22].
Le non-recours concerne toute personne qui ne reçoit pas, quelle qu’en soit la raison, une prestation ou un service auquel elle pourrait prétendre.
Pour pouvoir bénéficier d’allocations familiales, il est nécessaire d’avoir à charge au moins deux enfants de moins de 20 ans. Il faut également, en plus d’un statut régulier, disposer de sa résidence principale en France ou y vivre au moins six mois par an. Une fois allocataire, c’est-à-dire une fois que la personne est inscrite à la Caisse d'allocations familiales et qu’elle perçoit des prestations sociales, l’attribution ainsi que le versement des allocations familiales sont censés être automatiques dès le mois suivant la naissance ou l'accueil d’un second enfant[23]. Cependant en 2018, 28,6% des ménages rencontrés par le Secours Catholique et éligibles aux allocations familiales n'en percevaient pas[24].
Aussi, depuis 2014, la Caisse d'allocations familiales met en œuvre un dispositif qui vise à réduire le nombre des non-recourants aux droits. Intitulés "Les rendez-vous des droits", ces entretiens avec un conseiller permettent de faire un point sur les droits auxquels sont éligibles les individus. Deux ans plus tard, un premier bilan conduit par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques sur ce dispositif souligne que 63% des personnes éligibles à une prestation sociale y parviennent après un entretien ”rendez-vous des droits”[25].
En Belgique, c'est l'initiative privée de quelques industriels qui incita la retenue sur le salaire des ouvriers d’une certaine somme à redistribuer aux ouvriers pères de familles nombreuses, c'est-à-dire d’au moins quatre enfants. Très vite et à mesure que l'initiative prit de l'ampleur, ces patrons décidèrent de confier la redistribution de ces montants à une caisse[26].
La généralisation de ce système intervient grâce à la pression en particulier d'une organisation, la Ligue des Familles Nombreuses de Belgique, qui réussit à fédérer une masse de personnes autour de ses revendications[27]. La loi du généralise le système des allocations familiales pour les salariés : tous les employeurs sont tenus de s'affilier à une caisse de compensation qui se charge ensuite de verser des allocations familiales[27]. De par son caractère précipité, cette loi fit l'objet de plusieurs réformes. En raison de la crise économique de 1929, la création d'un système d'allocations familiales pour indépendants ne fut possible qu'avec la loi cadre du dont les modalités d'applications furent fixées par l'Arrêté-Royal du [28]. La création du système de sécurité sociale belge vers 1945 a amené la complexification du système à travers la mise en place d'organismes centraux et la refonte de l'organisation des caisses de compensation. Toutefois, les années qui ont suivi n'amenèrent pas ce que les promoteurs avaient toujours souhaité[28], la mise en conformité du système des allocations familiales pour indépendants avec celui pour les salariés.
Actuellement, les allocations familiales font partie des « prestations familiales » (comprenant notamment l'allocation de naissance, la prime d'adoption, les allocations d’orphelin…).
En principe, tout enfant résidant en Belgique peut bénéficier inconditionnellement d'allocations familiales jusqu'au de l'année de ses 18 ans. Toutefois, dans la plupart des cas, avoir sa résidence dans l'espace économique européen est suffisant.
Un étudiant perd ses allocations s'il travaille au moins 240 heures les premier, deuxième et quatrième trimestres. Il n'y a pas de restriction pour le troisième trimestre (sauf s'il s'agit des dernières vacances d'été - l'enfant cesse les cours).
Pour le salarié, les allocations sont distribuées par la Caisse d'allocations familiales de son employeur (actuel ou dernier) ou par FAMIFED. Les indépendants, en général, s'adressent à la Caisse d'assurances sociales à laquelle ils sont affiliés ou, à défaut, à FAMIFED (depuis le ).
Voir (en anglais).
En Suisse, chacun des 26 cantons dispose de son propre système d'allocations familiales. Les montants octroyés par enfant varient de 160 à 344 francs suisses par mois. Pour les jeunes en formation, ces montants varient de 170 à 444 francs suisses par mois. Les allocations familiales sont principalement à la charge des employeurs et leur coût annuel est estimé pour 2006 à 4,079 milliards de francs[31].
Une harmonisation des allocations familiales au niveau fédéral a été votée par le parlement le et a été acceptée par le peuple (après un référendum facultatif) le 26 novembre 2006. Cette nouvelle loi prévoit une allocation minimale de 200 francs par enfant et 250 francs par jeune en formation. Les cantons restent libres de prévoir des allocations supérieures à ces montants. La loi uniformise en outre les conditions d'octroi des allocations, fortement disparates d'un canton à l'autre[32].
L'État-providence est peu développé en Espagne[33].
Les allocations familiales ne sont versées qu'aux familles dont le revenu ne dépasse pas les 11 000 euros par an[33]. Le montant de cette aide est de 24,25 euros par enfant et par mois[33]. La Sécurité sociale attribue en outre 100 euros par mois aux mères d'enfant de moins de 3 ans lorsqu'elles travaillent[33]. Il existe peu de garderies publiques et elles sont réservées aux foyers les plus modestes[33]. Le système espagnol ne prévoit aucune aide pour la garde d'enfant à domicile.
Il n’y a pas d’allocations familiales aux États-Unis. Les familles aux revenus annuels inférieurs à 130 000 $ reçoivent, pour chaque enfant de moins de 17 ans de nationalité américaine ou titulaire de la carte de séjour[34] un crédit d’impôt, dont le American Taxpayer Relief Act de 2012 a fixé la limite à 1 000 $[35].
La province de Québec possède la politique familiale la plus généreuse du Canada, elle est donc souvent comparée à celle des pays nordiques[36]. En avril 1967, le gouvernement du Québec met en place son propre programme d’allocations familiales afin de soutenir financièrement les parents responsables des soins et de l’éducation d’un enfant de moins de 16 ans qui fréquente l’école[37]. Depuis 1974, l’État élargit son programme d’aide financière à tous les enfants de moins de 18 ans[38]. En 1987, le gouvernement instaure une politique nataliste qui comprend trois allocations universelles dont l’allocation à la naissance et l’allocation pour jeune enfant[39]. La troisième allocation se nomme l’allocation familiale. Elle a subi un changement majeur dans lequel l’état cesse de récupérer par l’intermédiaire des impôts le montant versée aux familles à revenu plus élevé[39]. En 1997, l’État remplace ces trois mesures d’aide financière par l’Allocation unifiée qui n’est pas accordée à toutes les familles québécoises[39]. Son montant varie selon le nombre de parents et d’enfants ainsi que le revenu familial[39]. L’objectif étant de venir en aide davantage aux familles à faible revenu. En 2005, l’universalité de l’allocation famille est rétablie grâce à la mise en place du programme de Soutien aux enfants[39]. Elle vient remplacer plusieurs allocations et le crédit d’impôts antérieur[39]. Puis en 2019, le Soutien aux enfants est remplacé par l’Allocation famille, qui est le programme en place jusqu’à ce jour[40].
Au Québec, l’Allocation famille est distribuée par Retraite Québec[40]. Près de 900 000 familles québécoises bénéficient de cette allocation universelle[40]. Depuis, 2005, cette aide financière est redevenue accessible à toutes les familles éligibles qui ont à charge un enfant de moins de 18 ans[38]. L’objectif est d’apporter du soutien aux familles québécoises ainsi que de réduire la pauvreté infantile[41]. Pour être admissible à cette aide financière, un des deux parents doit habiter au Québec avec l’enfant ainsi qu’assumer la responsabilité des soins et de l’éducation de celui-ci[40]. De plus, les parents doivent remplir un des critères suivants : être citoyen canadien, être résident permanent et être résident temporaire depuis plus de 18 mois[40]. En 2023, les parents ont la possibilité de bénéficier d’un montant minimal de 1107$ pour chaque enfant[40]. Cependant, le montant d’aide financière et de crédit d’impôt est ajusté chaque année en tenant compte du revenu familial, de la situation conjugale, du nombre d’enfants en garde partagée et du nombre d’enfants de moins de 18 ans qui habitent avec le parent[40]. Ce programme social permet de soutenir financièrement les familles en leur octroyant des suppléments pour le matériel scolaire lorsqu’ils ont des enfants entre 4 et 16 ans et des suppléments lorsqu’ils ont des enfants en situation de handicap[40]. Plus précisément, les familles avec des enfants plus gravement handicapées reçoivent une allocation plus généreuse, puisqu’il y a deux paliers différents de montant, selon la gravité de leur handicap[40].
Les chiffres suivants ne sont pas directement comparables en raison des conditions différentes, notamment dans les législations fiscales et sociales.
Belgique | Danemark | Allemagne | |||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Rang de l'enfant | Montants | Âge des enfants | Montants | Nombre d'enfants | Montants | ||
Premier enfant | 90,28 € | Par enfant de 0 à 3 ans | 145 € | 1 enfant | 194 € | ||
Deuxième enfant | 167,05 € | Par enfant de 3 à 7 ans | 131 € | 2 enfants | 388 € | ||
Troisième enfant | 249,41 € | Par enfant de 7 à 18 ans | 103 € | 3 enfants | 588 € | ||
Par enfant supplémentaire | 249,41 € | Par enfant supplémentaire | 225 € | ||||
Grèce | France | Irlande | |||||
Nombre d'enfants | Montants | Nombre d'enfants | Montants | Nombre d'enfants | Montants[42] | ||
1 enfant | 5,87 € | 1 enfant | --- € | 1 enfant | 130 € | ||
2 enfants | 18 € | 2 enfants | 120,32 € | 2 enfants | 260 € | ||
3 enfants | 40 € | 3 enfants | 274,47 € | 3 enfants | 390 € | ||
4 enfants | 48 € | 4 enfants | 428,62 € | Pour les jumeaux : | Montant multiplié par 1,5 | ||
Par enfant supplémentaire | 8,07 € | 5 enfants | 582,77 € | Pour les triplés et les quadruplés |
Montant multiplié par 2 | ||
Par enfant supplémentaire | 154,15 € | ||||||
Islande | Italie | Luxembourg | |||||
Nombre d'enfants | Montants | Revenu annuel | Montants | Nombre d'enfants | Montants | ||
1 enfant | 115,25 € verheiratete Eltern |
Revenu annuel des parents inférieur à 11 422,98 € |
250,48 € | 1 enfant | 265,00 € | ||
2 enfants et plus |
137,17 € parents mariés |
revenu annuel compris entre 27 693,04 € et 30 403,39 € |
38,73 € | 2 enfants | 530,00 € | ||
parents célibataires : | 191,92 € bzw. 196,83 € |
revenu annuel supérieur à 43 962,05 € |
pas d'autre paiement | 3 enfants | 795,00 € | ||
4 enfants et plus | n × 265,00 € | ||||||
Pays-Bas | Norvège | Autriche | |||||
Âge des enfants | Montants | Nombre d'enfants | Montant Naissance postérieure au 1er janvier 1995 |
Nombre d'enfants | Allocations familiales | ||
Enfant de moins de 6 ans | 66,13 € | Par enfant | NOK 972 (129 €) | 1 Enfant | 105,40 € | ||
Enfant de 6 à 11 ans | 80,30 € | à l'extrême nord du pays | montant supplémentaire NOK 316 (42 €) |
à partir de 3 ans | 112,70 € | ||
Enfants de 12 à 17 ans |
94,47 € | à partir de 10 ans | 130,90 € | ||||
à partir de 19 ans | 152,70 € | ||||||
à partir de 2 enfants : à partir de 3 enfants: |
+ 12,80 € + 25,50 € par enfant | ||||||
Finlande | Suède | Royaume-Uni | |||||
Nombre d'enfants | Montants | Nombre d'enfants | Montants[43] | Nombre d'enfants | Montant payé[44] | ||
Premier enfant | 100 € | 1 enfant | 1 050 SEK (120 €) | Premier enfant | 90 £ (105 €) | ||
Deuxième enfant | 110,50 € | 2 enfants | 2 200 SEK (251 €) | Par enfant supplémentaire | 59 £ (70 €) | ||
Troisième enfant | 131 € | 3 enfants | 3 604 SEK (411 €) | ||||
Quatrième enfant | 151,50 € | 4 enfants | 5 514 SEK (629 €) | ||||
Par enfant supplémentaire | 172 € | Par enfant supplémentaire | 1 910 SEK (218 €) | ||||
Liechtenstein | Espagne | Suisse | |||||
Nombre d'enfants | Montants | Âge des enfants | Montants | Âge des enfants | Montants par enfant | ||
1 enfant | 260 CHF (215 €) |
Enfant de moins de 18 ans | 24,25 € non handicapé 48,47 € Handicapé |
Allocation pour enfant jusqu'à 16 ans (Selon le canton et le nombre d'enfants) |
De 200 à 400 CHF (165 € à 330 €) | ||
Jumeaux ou plus de 3 enfants |
310 CHF (260 €) |
enfant de plus de 18 ans | Taux de handicap >65 % : 260,79 € Taux de handicap >75 % : 381,19 € |
Allocation de formation de 16 à 25 ans (Selon le canton et le nombre d'enfants) |
250 à 525 CHF (210 à 440 €) | ||
Au-dessus de 10 ans | Pour tous 310 CHF (260 €) |