Brazzaville (aussi désignée par les noms Nkuna, Mfwa, Mfua, Mfa, Mfaa, Mfoa, Ntamo, Kintamo, Mavula, Kintambo ou Tandala[7],[8],[9],[10]) est la capitale politique et administrative, ainsi que la ville la plus peuplée de la république du Congo. Elle fut la capitale de la France libre de 1940 à 1942 et de l'Afrique-Équatoriale française de 1910 à 1958. Elle compte 2 145 783 habitants en 2023[11]. Ses habitants sont appelés les Brazzavillois.
Située en aval du lac Malebo, elle forme une agglomération transfrontalière d'environ dix-sept millions d'habitants avec la ville de Kinshasa (en république démocratique du Congo), qui se trouve sur la rive sud du fleuve Congo. Brazzaville elle-même compte (2019) environ 2,3 millions d'habitants[12].
Le préfixe « Brazza » vient du patronyme du comte italien Pierre Savorgnan de Brazza, qui a travaillé sur des expéditions d'exploration au service de la France, étant attribué à la fondation de la localité.
Le toponyme Brazzaville a involontairement le sens littéral de « Ville du Bras Armé ». Le patronyme Brazza fait référence au village de Brazzacco, dans la commune de Moruzzo, en Italie, dont le nom dérive du latin bracchium, qui signifie « bras armé »[13].
La ville a été fondée le , à l'emplacement des anciens bourgs précoloniaux globalement désignés par le nom de Nkuna et dont les principaux étaient Mpila et Mfa (ou Mfoa)[7]. Les raisons de l'implantation française sur ce site sont multiples : profiter du point de rupture de charge pour drainer le commerce indigène préexistant, créer un contre pouvoir français face à l'implantation belge de Léopoldville sur la rive opposée du Stanley-Pool et établir une tête de pont le long du fleuve Congo pour explorer et exploiter l'intérieur des terres[14].
Le petit village de Mfoa prenant de l'importance avec l'implantation d'une mission par les spiritains, il est érigé, en 1911 par l'administration coloniale, en commune de Brazzaville. Elle tire son nom de l'explorateur italo-français Pierre Savorgnan de Brazza. Une première mairie est bâtie en 1912 qui sera remplacée en 1962-1963 par l'hôtel de ville actuel[N 1]. Son premier plan d'urbanisme cohérent date de 1929 sous le gouverneur général Antonetti.
En 1980, la commune de Brazzaville est séparée du département du Pool, et obtient un statut similaire à celui des régions. Au sortir des événements de 1997, Brazzaville qui connaissait déjà une situation chaotique tant en ce qui concerne les administrations, les logements et la vie des populations, veut d'abord connaître la paix. Ainsi, par les efforts[16] consentis par les autorités publiques, non seulement la paix est rétablie, mais aussi la reconstruction est lancée au début des années 2000. La nécessité de bien gérer la ville capitale a poussé les autorités à la création en 2011[17] de deux nouveaux arrondissements : Madibou et Djiri.
Brazzaville est à 506 km à l'intérieur des terres de l'océan Atlantique et à environ 474 km au sud de l'équateur. Autour de la ville se trouvent de grandes plaines. La ville est relativement plate et située à une altitude de 317 m. En aval, le fleuve Congo a de nombreux rapides, connus sous le nom de Chutes Livingstone, empêchant la navigation depuis son embouchure dans l'océan Atlantique.
En mars 2018, la "Déclaration de Brazzaville" a été signée pour promouvoir une meilleure gestion et conservation de la Cuvette Centrale, une région du Bassin du Congo majoritairement en RDC. C'est la plus grande tourbière tropicale du monde, constituée de forêts marécageuses. La conservation de cette zone est importante pour la survie de la mégafaune, et également critique pour le climat mondial. Brûler la tourbe libérerait trop de carbone et augmenterait la température de la terre. La déclaration de sauvegarde des tourbières en tant que plus grand stock de carbone organique terrestre au monde a été signée par la république démocratique du Congo, la république du Congo et l'Indonésie, qui abrite aussi des tourbières[18],[19].
Brazzaville a un climat tropical de savane avec hiver sec (Aw d'après la classification de Köppen)[20]. La température moyenne annuelle est de 25,3 °C et les précipitations annuelles sont de 1 273,9 mm. Novembre est le mois le plus humide avec 262 mm de précipitations et juin le mois le plus sec avec seulement 12 mm de précipitations.
Depuis le début de la période coloniale, Brazzaville est reliée par bateaux avec les zones produisant des matières premières en amont du fleuve Congo[24].
La construction du chemin de fer de Brazzaville à Pointe-Noire augmente la capacité des entreprises de la ville à acheminer leurs produits vers le port pour l'exportation. Les entreprises industrielles de Brazzaville sont principalement des ateliers d'usinage, de textile, de tannage et autres industrie manufacturière.
En tant que port clé sur le fleuve Congo, Brazzaville reçoit des matières premières telles que le caoutchouc, le bois et les produits agricoles, d'où ils sont généralement réacheminés vers Pointe-Noire pour l'exportation.
Avec ses 4 700 kilomètres de longueur, le fleuve Congo est le huitième plus long fleuve du monde et le second après l'Amazone avec son débit de 50 000 m3/s. Le fleuve Congo possède l’un des plus grands potentiels hydroélectriques mondiaux. L'hydro-électricité étant l'unique source d'énergie abondamment disponible, des centrales ont été aménagées dans les régions minières et près des grandes agglomérations urbaines[25].
Brazzaville est une terre favorable pour les cultures vivrières, en l’occurrence le manioc, le haricot, l’oignon, la pomme de terre, l’ananas, le maïs, une variété de légumes, des arbres fruitiers, la patate etc. Très consommés localement, ces produits ne permettent pas d'approvisionner les grands centres urbains en produits vivriers et sont souvent destinés à l’autoconsommation[25].
De nombreuses entreprises, organisations gouvernementales et ONG ont des bureaux régionaux dans la capitale, où ils peuvent travailler avec des représentants du gouvernement. L'Organisation mondiale de la santé a son bureau régional pour l'Afrique situé à Brazzaville[26]. Parmi les entreprises dont le siège est à Brazzaville, citons la Banque commerciale internationale, le Crédit du Congo ou l'opérateur de téléphonie mobile Airtel Congo[27].
La zone économique de Maloukou devrait permettre de désenclaver la ville de Brazzaville et contribuer au développement économique et social de celle-ci. Les premiers fruits devraient se ressentir dans avenir proche[25].
Ces dernières années, la république du Congo a décidé de s’appuyer sur son statut de deuxième plus important bassin fluvial au monde (après l’Amazonie) afin de redevenir une plateforme logistique majeure pour l’ensemble de la sous-région. En 2009, l’État a accueilli à bras ouverts l'entreprise Bolloré Africa Logistics et son associé congolais Socotrans[25].
Dans cette même logique, le gouvernement a lancé la réhabilitation du port de Brazzaville, dont il a pour la première fois confié les clés au secteur privé. Soutenu par les bailleurs de fonds, l’État a prévu de débourser environ 50 milliards de FCFA (plus de 76 millions d’euros) pour rénover le Port autonome de Brazzaville et l'ensemble des ports secondaires du pays[25].
Toutefois, on note une faible participation du secteur privé dans l’activité économique. Le secteur des services demeurent relativement faibles du fait de la prééminence de l’État s’appuyant sur les secteurs à forte demande tels que les travaux publics, l’industrialisation du pays[25].
Brazzaville juge indispensable que les investisseurs privés s’engagent dans les secteurs comme le transport en commun, terrestre, fluvial, la distribution des énergies (eau et électricité), la pêche, l’agriculture, l’élevage, les postes et télécommunications, dont les ressources, abondantes, sont sous-exploitées relativement à leurs potentiels respectifs[25].
Brazzaville, comme Pointe-Noire, a le double statut de municipalité(en) et de département. Brazzaville est gérée par un conseil municipal et un conseil départemental[28],[29].
Pierre Buttafoco[32] (1939-?), en tant qu'administrateur du Pool, il décida de l'enterrement à la « sauvette » d'André Grenard Matsoua. Cela provoqua la naissance d'un messianisme religieux appelé le « matsouanisme » (abolition du travail forcé et du code de l'indigénat)[33].
René Pont (1951-1956) : administrateur-maire qui lança le plan de lotissement de la ville[34] ;
Le principal moyen de transport est l'autobus, dont la flotte est constituée de Coaster et HiAce de marque Toyota. Ils sont exploités par des opérateurs privés.
Les taxis et les taxis collectifs, dits 100-100. Ils effectuent des allers-retours sur certains trajets.
Les taxis et les bus, ainsi que les véhicules de transport de marchandises, sont facilement reconnaissables. Tous ces véhicules sont de couleur verte en bas et blanche en haut. Les taxis représentent environ 70 % des véhicules circulant sur les routes de Brazzaville.
La ville abrite l'Aéroport international Maya-Maya (code AITA : BZV)et qui propose des vols réguliers vers Pointe-Noire ainsi que vers des destinations internationales en Afrique, en Europe et au Moyen-Orient. Un vol assure deux fois par semaine la liaison entre Brazzaville et Kinshasa, dont le temps de vol n'est que de cinq minutes[35].
Brazzaville est à 512 km de Pointe-Noire, seconde ville congolaise, par la route. Brazzaville est desservi, entre-autres, par la RN1
(Brazzaville-Kinkala-Dolisie - Pointe-Noire) et par la RN2 (Brazzaville-Ouesso).
La ville est un port fluvial important, avec des traversiers naviguant vers Kinshasa et vers Bangui via Impfondo[35].
Les traversiers et les bateaux privés rapides constituent le principal moyen de liaison entre Kinshasa et Brazzaville[35].
Les chutes Livingstone se trouvent à la périphérie de la ville, là où la rivière Djoué rencontre le fleuve Congo, rendant impossible le transport fluvial vers la côte.
L'Université Marien-Ngouabi a été longtemps la seule université publique de tout le pays jusqu'à l'ouverture en 2020 de la seconde Université publique située dans la Commune de Kintele, appelée université Denis Sassou Nguesso. De même, sera bientôt érigée l'université Inter-État (Congo-Cameroun) de Ouesso.
Le français est la langue officielle du pays. En 2014, 68,7 % des habitants de Brazzaville de 15 ans et plus savent lire et écrire le français tandis que 69,7 % savent le parler et le comprendre[40].
Le Kituba est la première langue nationale, elle est beaucoup plus parlée au sud du pays et dans la capitale. Le Lingala est la deuxième langue nationale, elle est beaucoup parlée dans le nord du pays et dans la capitale. Le Ladi est une langue locale parlée dans le sud de Brazzaville ainsi que dans la région du Pool.
Depuis sa fondation en 1880, Brazzaville a accumulé une quantité exceptionnelle d'édifices historiques d'une qualité architecturale certaine, et, contrairement à la plupart des capitales africaines, a su les préserver, conservant par là le paysage d'une vraie capitale où se stratifient peu à peu les phases de l'histoire congolaise. Les travaux de Bernard Toulier et Hervé Brisset-Guibert ont aidé à dresser un inventaire du patrimoine historique et architectural de Brazzaville.
Stade Félix-Éboué : inauguré en 1944 par Charles de Gaulle, il présente une superbe tribune monumentale de 9 arcades géantes en briques remplies d'un treillis de ciment reproduisant des formes géométriques issues du cercle et du carré ; le sculpteur B. Konongo réalisa les gargouilles en pierre ornant les douves. En 1957, on posa devant la statue de Félix Éboué par le sculpteur Jonchère, grand prix de Rome.
Palais Épiscopal : superbe maison coloniale à vérandas qui évoque les Antilles, il fut élevé par MgrProsper Philippe Augouard en 1893 ; c'est une des plus anciennes maisons de la ville.
Quartier Mpila
Port des Pêcheurs de Yoro : site de l'antique bourg précolonial teke de Mpila. Le chef Mbankwa en fut le seigneur officiel sous la suzeraineté du Makoko de Mbé, de 1884 à 1916. Il est enterré avec ses prédécesseurs selon les rites anciens près des anciens chantiers navals Chacona, site oublié de tous. Autrefois ce bourg était célèbre pour la qualité de ses poteries traditionnelles, travail avant tout féminin et, là encore, tombé dans l'oubli. Yoro vient de Yero Thiam, un grand pêcheur sénégalais vivant au quartier de Poto- Poto, propriétaire de ces terrains vers 1950.
Cimetière des Hollandais : situé à Mpila, ses quelques tombes sont dispersées au milieu d'un bosquet de très vieux manguiers. Là, reposent les agents morts prématurément (fin du XIXe s) de la compagnie hollandaise NAHV, dirigée à l'époque par Anton Gresshoff. La plus vieille tombe remonte à 1893, date très ancienne ici.
Quartier de La Plaine
Fresque de l'Afrique : réalisée en 1969-1970 par un collectif d'artistes locaux (dont Michel Hengo), souvent issus de l'École des peintres de Poto-Poto, elle évoque l'histoire du Congo des origines aux années 1960. Chef-d'œuvre de l'art pictural local depuis l'indépendance, posé sur le fronton d'un ancien marché couvert de 1943.
Case Tréchot : la plus ancienne maison privée de Brazzaville, construite en 1888 et agrandie jusqu'en 1905. Ancienne résidence des frères Tréchot, fondateurs de la CFHBC (Compagnie française du Haut et Bas-Congo, compagnie concessionnaire). Actuelle Ambassade de Russie.
Tour Nabemba : gratte-ciel de 30 niveaux inauguré en 1990. Siège d'Elf-Congo.
L'hôtel de ville : inauguré en 1963 à l'emplacement de la première mairie et du bourg précolonial de Mfa ou Mfoa, c'est un bel exemple d'architecture climatique développant une fausse asymétrie très étudiée.
Ex-cinéma Le Vog : construit au cœur de la ville en 1953 par Charles Cazaban-Mazerolles, il est caractéristique des années cinquante avec son auvent audacieux aux lignes pures et sa décoration intérieure. C'est le premier cinéma congolais à avoir associé salle de projection et café (ex-Entracte).
Poste Centrale : très belle construction de style Art déco (1931).
Case des Messageries Fluviales : case coloniale à pilotis, escaliers à double révolution, volets à persiennes et galeries remontant à 1905. Elle abritait les bureaux des Messageries fluviales fondées par Alphonse Fondère en 1900. Elle a par la suite hébergé les bureaux de l'ATC. Elle a été détruite en 2015 pour céder la place à un complexe immobilier saoudien.
Marché du Plateau : le Plateau bénéficie d'un marché dès 1900 environ, et d'un marché couvert, situé vers les actuels Bureaux présidentiels, en 1905. En 1938, il est déplacé sous la halle actuelle, avenue De Gaulle. Lieu très animé et encadré de très anciens édifices coloniaux.
Place du Sacrifice Suprême : créée en 1980 à la place d'un ensemble de style colonial, elle est ornée en son centre d'une statue du président Marien Ngouabi, assassiné dans sa résidence de l'état-major, juste en face, le .
Le palais de Justice : chef-d'œuvre de l'architecte normand, inauguré en 1955, il est un sommet de l'architecture climatique adaptée aux pluies, aux vents dominants, à la lumière.
L'immeuble « Air-France » : aujourd'hui très délabré, il est achevé en 1952 par l'architecte Hébrard, qui adapte les principes de Le Corbusier au milieu équatorial. Cette « Cité Radieuse » congolaise, qui offrait 63 appartements, était surmontée d'un jardin suspendu avec arbres et jets d'eau. Le mobilier créé à l'époque par Jean Prouvé a été pillé et revendu à l'étranger depuis quelques années.
Palais de l'état-major : construit en 1913, il abrita durant la Seconde Guerre mondiale les travaux de Charles de Gaulle et Leclerc préparant la reconquête. Belle architecture coloniale trop remaniée en 1982 pour accueillir l'Assemblée nationale populaire.
Couvent Javouhey : le plus ancien établissement religieux féminin de Brazzaville a été fondé dès 1892 par les sœurs de Cluny dirigées par la mère Marie Dédié, première blanche à venir sur les rives du Congo. En 1895 environ, sont achevés les beaux édifices visibles aujourd'hui au fond d'une impasse cachée par le trop massif lycée Lumumba.
Lycée Savorgnan de Brazza : achevé en 1951 sur les plans de Roger Erell, ce très bel édifice est une adaptation du courant climatique à l'architecture du mouvement « moderne ». À côté, l'ancien Institut technique, devenu Faculté de Droit, et construit par le même architecte à la même époque, est une immense construction organisée autour de cloîtres et centrée sur un beffroi. Le tout est néanmoins délabré faute d'entretien et dénaturé par des modifications abusives.
Église Notre-Dame du Rosaire : édifice dû à Jean-Yves Normand (1963) à la structure originale, avec clocher en forme de ngongui, cloche qui servait jadis à convoquer les villageois aux palabres officielles en pays kongo.
↑ a et bRoman Adrian Cybriwsky, Capital Cities around the World: An Encyclopedia of Geography, History, and Culture, ABC-CLIO, USA, 2013, p. 60.
↑Sylvie Ayimpam, Vie matérielle, échanges et capitalisme sur la rive méridionale du Pool du fleuve Congo (1815-1930), Centre d’Étude des Mondes Africains (CEMAf), 2006, p. 4 et p. 9
↑Joseph Zidi, Brazzaville : Les enjeux de la géographie des migrations (1800-2010), Université Marien Ngouabi de Brazzaville, 2016
↑Joseph Tonda, Brazzaville, miroir des rêves (post)coloniaux, Dans: La ville, 2011, p. 147-161
↑Joseph Gamandzori, Les cahiers de l'IGRAC, Brazzaville, Publication annuelle de l’Interdisciplinaire Groupe de Recherche sur l’Afrique Contemporaine (IGRAC), (lire en ligne), chap. 5 (« Les obstacles à la construction et à l’intégration de l’État-nation au Congo-Brazzaville (1944-1997) »), p. 57.
↑Organisation internationale de la francophonie, Alexandre Wolff et Aminata Aithnard, La langue française dans le monde : 2014, Paris, Nathan, , 575 p. (ISBN978-2-09-882654-0, lire en ligne), p. 30.
↑(en) J. Gordon Melton, Martin Baumann, Religions of the World: A Comprehensive Encyclopedia of Beliefs and Practices, ABC-CLIO, USA, 2010, p. 773.
« Pierre Savorgnan de Brazza », sur brazza.culture.fr — Site du ministère de la Culture et de la Communication, consacré à l'explorateur du Congo, Pierre Savorgnan de Brazza, qui choisit en 1884 l'emplacement de la ville qui porte son nom.