Un cohen (hébreu : כהן litt. « dédié, dévoué », plur. cohanim) est un prêtre du dieu d'Israël.
Bien que la Bible ambitionne de faire des Israélites un « royaume de cohanim » (Exode 19:6), elle est, au sens propre du terme, conférée aux seuls descendants mâles d’Aaron, le frère de Moïse de la tribu de Lévi.
Le cohen des ères biblique et antique a pour tâche d'assurer le culte du Temple et l'offrande des sacrifices, la bénédiction du peuple d'Israël, l'évaluation des marques soupçonnées de conférer l'impureté, et l'application de la loi divine. Il est placé sous l'autorité du cohen gadol (« grand prêtre »), seul habilité à rencontrer Dieu lorsqu'il se manifeste dans le saint des saints lors du jour des propitiations. Consacré au culte, le cohen n'a pas de part à la partition des terres mais les enfants d'Israël sont enjoints à le sanctifier et à lui remettre une "matanot kehouna" (part de leurs récoltes, bétail et offrandes).
En raison de sa sainteté, il est attendu du cohen qu'il soit en état de pureté lorsqu'il les consomme ou qu'il officie au rituel, et qu'il se garde scrupuleusement de l'impureté rituelle. Cette pureté touche l’ensemble des domaines y compris conjugal, et il ne peut prendre pour épouse une prostituée, une divorcée, une veuve, une convertie ou une femme désécrée (retirer son caractère sacré à quelqu'un, exemple : souillée par un viol). Par contre, une veuve est autorisée au Cohen, sauf pour le cas du Grand-prêtre - Cohen Gadol - qui a un statut particulier. Voir Lévitique 21:7 et 21:13, 14.
La destruction du Temple de Jérusalem entraîne de profonds changements dans les fonctions sacerdotales, et la préséance des prêtres dans l'enseignement de la loi divine, est contestée par les sages d'Israël, davantage versés dans l'étude de la Torah de Moïse et souvent issus des milieux laïcs. Les cohanim continuent cependant à assurer certaines de leurs fonctions et à jouir d'un statut d'exception dans le judaïsme, du moins dans les communautés orthodoxes. Ils demeurent ainsi les premiers appelés à la lecture de la Torah, continuent à dispenser leur bénédiction en certaines occasions, et à officier au rachat des premiers-nés ; ils doivent de même se tenir éloignés de tout ce qui a trait à la mort (voir Deuil dans le judaïsme).
La fonction de cohen (la kehouna) fut conférée pour la première fois à Aaron, le frère de Moïse de la tribu de Lévi, et à sa descendance masculine par Dieu (Exode 28:1 & 2–4) comme un « office perpétuel »[1].
Au cours des 40 années pendant lesquelles les Juifs traversèrent le désert et jusqu'à la construction du Temple de Jérusalem, les cohanim remplirent leur tâche dans le Tabernacle (Nombres 1:47–54; 3:5–13,44–51; 8:5–26), une structure portable. Leurs devoirs comprenaient les offrandes quotidiennes et des fêtes israélites, collectivement appelées korbanot en hébreu, et la bénédiction du peuple au cours d'une cérémonie connue comme la Nessiat Kapayim (« levée des mains »), précurseur de la bénédiction sacerdotale actuelle.
Lorsque le Premier et le Second Temple furent construits, les cohanim remplirent les mêmes fonctions dans l'enceinte de ces structures permanentes, localisées sur le Mont du Temple à Jérusalem, en terre d'Israël. Ils étaient divisés en 24 groupes de sept à neuf prêtres. Ceux qui assuraient le service se relayaient tous les Shabbat, mais lors des festivals bibliques, les 24 groupes étaient tous présents au Temple.
Aaron étant un membre de la tribu de Lévi, tous les cohanim sont lévites, l'appartenance tribale se transmettant patrilinéairement. Cependant, tous les lévites ne sont pas cohanim. La plupart des offices du Temple ne pouvaient être conduits que par les cohanim. Les lévites non-cohanim avaient pour fonction de les assister, en lavant leurs mains et pieds avant les offices afin de les purifier, en jouant de la musique et en chantant des chants liturgiques afin d'accompagner les cérémonies du Temple, en gardant les portes et en contrôlant les accès au temple, en exerçant de hautes fonctions administratives (perception de la dîme), l'enseignement de la loi et la fonction de juge. À l'époque du Tabernacle, les lévites avaient également pour responsabilité de le transporter entre les différentes étapes.
Selon l'opinion dominante, celle du judaïsme rabbinique orthodoxe, si l'ascendance du titre de Lévi ou Cohen est exclusivement patrilinéaire, elle est conditionnée par l'appartenance préalable de l'individu au peuple juif, laquelle appartenance ne se transmet que de façon strictement matrilinéaire. Ainsi :
Cependant, cette opinion pourrait sembler plutôt en contradiction avec les textes bibliques, lesquels attribuent ce titre aux descendants d'Aaron, sans distinctions. Au reste, la transmission patrilinéaire de l'appartenance aux tribus, attestée par les textes, est la seule suivie par les Samaritains ; ceux-ci ignorent clairement les règles de la transmission matrilinéaire, qui prévaut dans le judaïsme rabbinique afin de déterminer qui est juif.
Le premier à être nommé cohen dans la Torah est Melchisédech, roi de Salem, que Rachi identifie à Shem, le fils de Noé (Genèse 14:18).
Lorsque Ésaü vendit son droit d'aînesse à Jacob, Rachi explique que la prêtrise fut vendue dans le même temps, car la prêtrise appartient de droit à l'aîné. Ce n'est que lorsque « l'aîné» commit, avec le reste d'Israël, le péché du veau d'or, que la prêtrise échut à la tribu de Lévi, qui n'avait pas fauté dans l'incident.
Moïse aurait dû recevoir la prêtrise ainsi que le commandement du peuple israélite, mais lorsqu'il objecta à Dieu qu'il ne devrait pas l'être, elle fut conférée à Aaron.
Aaron reçut la prêtrise avec ses enfants et tous leurs descendants. Cependant, les sources midrashiques indiquent que comme son petit-fils Pinhas était déjà né à ce moment, il ne la reçut qu'après un acte de zèle, tuant le prince de la tribu de Siméon et la princesse des Midianites (Nombres 31:11–12).
La prêtrise resta ensuite dans les mains des descendants d'Aaron. Le Livre des Chroniques (1 Chr. 12:27) mentionne les 3 700 bnei Aaron menés par Yehoyada, père de Benayah, en tant que guerriers pour renforcer David à Hébron. À l'époque de la Torah, leur chef était Eléazar (Nomb. 3:32), mais après le règne de Salomon, il s'agira de Sadoq (1 Chr. 27:17), et lorsque Ézéchiel, lui-même un cohen, prophétise, c'est Sadoq et non Aaron qui représente la légitimité sacerdotale.
Une tradition rabbinique affirme que lorsque le Messie viendra, la prêtrise reviendra à l'aîné.
Aux temps bibliques, les cohanim prenaient leurs fonctions à 20 ans, et leur retraite à 60.
Certaines imperfections pouvaient disqualifier le cohen d'assurer sa kehouna dans le Temple. Le Temple étant en effet un endroit de beauté, et les offices s'y déroulant ayant pour fonction d'inspirer aux visiteurs des pensées de repentir et de proximité avec Dieu, un cohen « physiquement imparfait » aurait troublé l'atmosphère.
Parmi les tares disqualifiant les prêtres de la prêtrise :
Cette liste n'est cependant pas exhaustive (Lev. 21:18-20, et Rachi ad loc.) Un cohen affligé d'une de ces tares était déclaré inapte au service. Cependant, si l'imperfection était corrigible, le cohen redevenait éligible une fois celle-ci amendée. Il lui était permis, en tout temps, de consommer des aliments saints (mêmes sources que supra, ainsi que les versets adjacents et leurs commentaires). De plus, les cohanim affligés de ces tares se voyaient attribuer des rôles secondaires dans le Temple, en dehors des offices.
Les cohanim devant se dévouer au service divin et ne possédant pas de propriété terrestre, ils avaient droit à 24 dons aux cohanim, qui leur étaient exclusivement réservés[3].
Les femmes (bnot cohen, filles de cohen) ne furent jamais autorisées à servir dans le Tabernacle ni dans le Temple. Elles avaient le droit de consommer ou tirer bénéfice des 24 dons aux cohanim. Cependant, si une fille de cohen épousait un non-cohen, elle perdait ce droit.
À chaque génération, un cohen était désigné pour remplir les fonctions de Cohen Gadol (Grand Prêtre). Sa tâche principale était d'assurer le service sacerdotal de Yom Kippour, mais il réalisait également une offrande quotidienne de farine, et avait la prérogative de remplacer n'importe quel cohen pour n'importe quelle offrande ou sacrifice de son choix.
Les cohanim formaient un groupe saint, dont le rôle était d'appliquer les rites cultuels et sacrificiels énoncés dans la Torah.
Afin de les protéger contre l'impureté rituelle (qui ne se confond pas avec l'hygiène corporelle), la Torah leur a imposé des règles de pureté rituelle stricte. Selon les Juifs orthodoxes, ces lois sont toujours d'application de nos jours.
Le Talmud prescrit à tout cohen—y compris au Cohen Gadol—qui découvrirait un cadavre sur la route, et ne trouverait personne d'autre à portée pour l'enterrer, de l'enterrer lui-même (met mitzvah).
Le Talmud raconte aussi que lorsque Rabbi Juda HaNassi décéda, les lois d'impureté rituelle au contact d'un cadavre furent suspendues pour la journée. Cette exception s'applique à la mort de tout Nassi ("président", dirigeant rabbinique du Sanhédrin, puis d'une académie religieuse).
De nos jours, le statut de cohen est assumé par quiconque possède une tradition familiale à cet effet. Jusqu'au XVIIIe siècle en Europe (XIXe siècle au Yémen), beaucoup de cohanim disaient pouvoir faire remonter leur ascendance à un cohen avéré comme Ezra. Cependant, l'émigration, l'assimilation, les mariages en dehors de la religion[8], etc. ont eu pour résultat de transmettre le patronyme à des individus non-cohanim, voire non-Juifs (goy). L'un des moyens de retracer ou vérifier une lignée est de vérifier sur les pierres tombales des ancêtres qu'elles contiennent le symbole des mains arrangées pour la bénédiction sacerdotale.
Les cohanim maintiennent un statut particulier dans les domaines suivants de la vie courante :
Après la destruction du Second Temple et l'interruption des offrandes sacrificielles, le rôle formel des prêtres prit fin, et la fonction de Cohen Gadol disparut. Toutefois, ils conservèrent un rôle formel et cérémonial dans les offices de prières synagogaux, lesquels furent établis comme réminiscence des sacrifices eux-mêmes, bien que ce rôle qu'ils s'attribuèrent pour eux-mêmes était illégitime et contraire à l'ancienne alliance. Certaines traductions du Tanakh proposent dans le Livre d'Osée 14:3 : « Apportez avec vous des paroles, et revenez à l’Éternel ; dites-lui : Pardonne toutes les iniquités, et reçois-nous favorablement ! Nous t’offrirons, au lieu de taureaux, l’hommage de nos lèvres ». Les bibles Martin et Ostervald, indiquent quant à elles :
1 Israël, retourne-toi jusqu'à l'Éternel ton Dieu ; car tu es tombé par ton iniquité.
2 Prenez avec vous ce que vous avez à dire, et retournez-vous à l'Éternel, et lui dites : Ote toute l'iniquité, et prends le bien, [pour le mettre en sa place], et nous [te] rendrons les bouveaux de nos lèvres.
3 L'Assyrie ne nous délivrera pas ; nous ne monterons plus sur des chevaux, et nous ne dirons plus à l'ouvrage de nos mains : [Vous êtes] nos dieux ; car l'orphelin trouve compassion devant toi.
Osée 14.1-3 version bible Martin
1 O Israël! convertis-toi à l'Eternel ton Dieu; car tu es tombé par ton iniquité.
2 Adressez-lui vos paroles, convertissez-vous à l'Eternel, et dites-lui: Ote toute l'iniquité, et prends ce qui est bon; et nous t'offrirons les sacrifices de nos lèvres.
3 Assur ne nous délivrera pas; nous ne monterons plus sur les chevaux, et nous ne dirons plus à l'ouvrage de nos mains: Vous êtes nos dieux; car l'orphelin trouve la compassion devant toi.
Osée 14.1-3 version bible J.F. Ostervald 1877
La bible King James, également issu du texte reçu grec majoritaire indique également :
Take [3947] with you words, [1697] and turn [7725] to the LORD: [3068] say [0559] unto him, Take away [5375] all iniquity, [5771] and receive [3947] [us] graciously: [2896] so will we render [7999] the calves [6499] of our lips. [8193]
Osée 14.3 Version bible King James (avec code strong)
D'une manière littérale, le verset parle des "taureaux de nos lèvres" mais il n'institue pas le remplacement des exigences de la loi du temple, concernant le sacerdoce, par l'évolution de la fonction que les prêtres ne pouvaient plus exercer après la destruction du Second Temple.
Chaque lundi, jeudi, jour de Chabbat ou jour de fête juive (Yom tov), ou début du mois (Roch Hodech) dans les synagogues orthodoxes, une lecture de la Torah se fait en hébreu devant la congrégation. Les jours de semaine, cette lecture comprend trois parties, chacune composée d'au moins trois versets ; la première montée à la Torah (aliya) revient de droit à un Cohen, la seconde à un Lévi, la troisième à un Israël. Le jour du Chabbat, où la lecture comprend sept appelés, le premier appelé est un Cohen (et le second un Lévi).
Si l'assemblée ne comporte pas de Cohen, il y a le choix d'appeler un Lévi, puis un Israël ou de ne pas tenir compte du Lévi et d'appeler en premier un Israël. Le Cohen peut être appelé pour le maftir, qui n'est pas à proprement parler l'une des sept aliyot. Dans le judaïsme orthodoxe, cette coutume a statut de loi.
Le Rav Meïr de Rothenburg (Allemagne, XIIe - XIIIe siècle) a décrété que dans un minyan ou une communauté (ce qui est plus rare) exclusivement composé de Cohanim, la prohibition d'appeler des Cohanim pour autre chose que les deux premières aliyot (le Cohen étant aussi un Lévi, par définition) et le maftir aliyot crée une voie sans issue qui doit être résolue en appelant des femmes à la Torah pour les aliyot intermédiaires. Le rabbin Joel Wolowelsky (en), membre du Rabbinical Council of America (en), une organisation juive orthodoxe, a récemment endossé la responsabilité de permettre la création délibérée de minyanim composés uniquement de Cohanim dans le but exprès de donner aux femmes une occasion de monter à la Torah dans un environnement orthodoxe, à condition que la femme ne soit pas nidda (en état d'impureté)[9].
La coutume d'appeler un cohen à la première aliyah est généralement observée dans les communautés traditionalistes ou massorties, sans avoir statut de loi. Le Rabbinical Assembly's Committee on Jewish Law and Standards (CJLS) a en effet décrété que les rabbins n'étaient pas obligés de s'y plier, et de fait, certaines synagogues conservative (traditionalistes) y dérogent.
Le CJLS a également décrété diverses positions quant à savoir si une bat cohen (fille d'un cohen) peut revendiquer le rôle honoraire du cohen dans les offices de prière synagogaux. Une position permet effectivement de donner préséance à une bat cohen, ainsi qu'à une bat levi (fille d'un lévite) lors de la lecture publique de la Torah, qu'elles soient ou non mariées. De plus, leur statut ne devrait, selon ce décret, pas être déterminé par le lignage de leur époux, mais par leurs propres lignages paternels[10].
Un autre rabbin estime que les femmes ne doivent pas recevoir de telles aliyot. C'est cette position qui a été adoptée par l'ensemble du Mouvement Massorti[11].
Pour finir, le CJLS enseigne que là où le comité légal a validé plus d'une position possible, la congrégation doit suivre les décisions de son propre rabbin.
La bénédiction des prêtres (birkat hacohanim), également appelée nessiat kapaïm (« soulèvement des paumes ») est une institution biblique[12]. Actuellement[Quand ?], elle est intercalée lors de la répétition de la Amida dans les offices de prière juifs orthodoxes.
Le rite est réalisé en se tenant à l'avant de la synagogue, devant l'arche sainte face à la congrégation, bras tendus, mains et doigts dans une position particulière.
L'acteur Leonard Nimoy s'inspira de ce rite pour créer le « salut vulcain » de Spock dans la série Star Trek[13],[14],[15].
En terre d'Israël, la bénédiction sacerdotale est réalisée quotidiennement par des cohanim, tandis qu'en diaspora, elle ne l'est que lors des sabbaths et des fêtes juives d'origine biblique.
Les Juifs orthodoxes, ainsi que certaines congrégations traditionalistes (ou conservatives)[16] n'autorisent pas les femmes à la réaliser, car celles-ci n'auraient pas été éligibles pour réaliser le culte dans le Temple.
D'autres congrégations conservatives[17] s'insurgent contre ce qu'elles considèrent comme une atteinte à l'égalité des sexes. Elles autorisent donc les femmes à réaliser la bénédiction.
La majorité des congrégations juives réformées et reconstructionnistes considèrent les rites du Temple dépassés, et s'insurgent contre toute différence entre Juifs. Elles ont donc aboli la bénédiction sacerdotale, pour les hommes comme pour les femmes.
En dehors de la synagogue, les cohanim possèdent le privilège unique de diriger le Pidyon Haben, la cérémonie de « rachat des premiers-nés mâles » de leur père, sur la base d'Exode 13:13, ainsi que Lévitique et Nombres[18].
Dans les congrégations orthodoxes, traditionalistes ou conservatives, cette cérémonie est réalisée dans le cadre d'un repas de fête. Le Cohen se lave les mains et rompt le pain, puis appelle le père et son bébé. Le bébé est traditionnellement de blanc vêtu et couvert de bijoux en or, offerts par les femmes afin d'embellir la mitzva. Le Cohen engage alors un dialogue formel avec le père, lui demandant s'il préfère garder son fils ou son argent. Le père lui tend cinq pièces d'argent (approximativement 101 grammes), bien qu'il soit de coutume de donner une valeur plus élevée, afin d'améliorer la mitzva. Le Cohen les bénit, lui et son fils. La cérémonie doit se tenir lorsque l'enfant est âgé de 31 jours de vie, mais un aîné qui n'aurait jamais été racheté par le Pidyon Haben peut l'être, voire se racheter lui-même plus tard, lors d'un échange similaire avec un Cohen.
Bien que le Talmud autorise les femmes à réaliser ce rite, la coutume orthodoxe est de ne faire appel qu'à des cohanim mâles. Certaines congrégations conservatives l'autorisent.
Selon le judaïsme orthodoxe, les cohanim actuels doivent, bien que présumés cohanim, se garder de toute impureté rituelle ainsi que le prescrit la Torah.
Afin de les protéger de la proximité des morts, les cimetières orthodoxes conservent traditionnellement un terrain réservé aux tombes des cohanim, à distance du terrain général, permettant aux cohanim de se rendre sur la tombe de leurs parents décédés sans pénétrer dans l'enceinte du cimetière. Des mesures sont également prises pour qu'ils ne se retrouvent pas dans le même hôpital, avion ou sous le même toit qu'un cadavre.
Les restrictions maritales d'origine biblique, un cohen ne pouvant prendre de femme divorcée (même leur propre femme s'ils en ont divorcé) ou désécrée (adultère, inceste, prostitution, etc.), restent en vigueur. Les rabbins ont également interdit le mariage avec une convertie au judaïsme, de crainte qu'elle n'ait eu de relations antérieures avec des Gentils. De même, une Juive (de naissance) ayant eu des relations avant son mariage n'est permise à un cohen qu'à la condition que ses partenaires antérieurs aient été, également, juifs.
Selon les rabbins, la fille de deux prosélytes, père et mère, est considéré comme Juive de naissance, et peut donc épouser un cohen. En revanche, la fille issue d'un mariage mixte dont seule la mère est juive ne peut, bien que Juive d'un point de vue légal, épouser un cohen, même si elle est vierge.
Le judaïsme massorti conservative, bien que reconnaissant à la Halakha un caractère obligatoire, a néanmoins assoupli les restrictions maritales car :
Les courants progressistes du judaïsme ne reconnaissent pas le caractère d'autorité absolue de la Halakha, et autorisent donc tout mariage, permis ou interdit par la Torah et les rabbins.
Les Juifs orthodoxes et massortis ou conservative considèrent qu'une Bat Cohen (fille d'un Cohen[19]) possède un statut et une sainteté particulière. Selon le Talmud, une bat cohen ne peut faire d'offrande dans le Temple de Jérusalem et est exemptée de nombreuses interdictions faites aux cohanim mâles, mais elle conserve les droits et privilèges des Cohanim, dont celui de consommer certaines portions des sacrifices, de recevoir la dîme et d'autres présents sacerdotaux, et de recevoir l'argent de rachat d'un nouveau-né lors de la cérémonie du Pidyon HaBen.
Le judaïsme orthodoxe retient l'opinion selon laquelle les privilèges et statuts sacerdotaux proviennent de leur fonction dans le culte ; c'est pourquoi une bat cohen ne peut réaliser la bénédiction sacerdotale ni recevoir la première Aliyah à la Torah ; on ne permet généralement pas à une bat cohen de réaliser le Pidyon Haben. Cependant, la question des fonctions qu'une bat cohen peut ou non remplir dans un contexte orthodoxe est actuellement matière à débat dans certains cercles orthodoxes[20].
Certains groupes de prière féminins agissant sous la conduite halakhique de rabbins orthodoxes modernes, et ayant pour habitude réaliser la lecture de la Torah uniquement entre femmes ont adapté la coutume des privilèges de montée à la Torah, en accordant la première lecture à une bat cohen et la seconde à une bat levi[21].
Le judaïsme massorti (conservative), en accord avec ses positions tant sur les sacrifices (qui ne reprendraient pas avec la reconstruction du Troisième Temple) que sur l'égalitarisme entre hommes et femmes, interprète les passages talmudiques concernés comme permettant, dans les congrégations qui conservent aux cohanim leurs fonctions traditionnelles et souhaitent un égalitarisme entre les genres, l'abrogation actuelle de la plupart des distinctions entre cohanim mâles et femelles, sur base de l'opinion que les privilèges sacerdotaux ne proviennent pas du culte mais de l'ascendance (paternelle), et que les cérémonies comme celles de la bénédiction sacerdotale devraient évoluer par rapport à leur modèle du Temple[22].
Cependant, le Law Committee accepte aussi l'opinion selon laquelle les femmes ne peuvent exercer ces fonctions comme une position valide, et toutes les congrégations conservative ne suivent pas ces pratiques : certaines, plus traditionalistes, conservent une vue assez proche de celle du judaïsme orthodoxe ; d'autres, ayant aboli les privilèges liés à la tribu, ne réalisent aucune des cérémonies nécessitant un cohen ou une bat cohen[23]. Le mouvement Massorti israélien a statué que les femmes ne recevraient pas d'aliya à la Torah[11].
Les courants progressistes du judaïsme, tant le judaïsme réformé que le judaïsme reconstructionniste, ont aboli les distinctions de genre, de tribu et d'identité. Une bat cohen n'a donc aucun statut particulier dans ces mouvements.
Une étude portant sur le haplotype modal Cohen (en) réalisée à l'université de Haïfa[24] pourrait valider la tradition selon laquelle les cohanim descendraient d'Aaron. Comme tous les lignages patrilinéaires doivent partager un chromosome Y commun, le test a été réalisé parmi les populations juives possédant une telle transmission patrilinéaire (en clair, les cohanim et les Lévites) afin d'établir ou d'infirmer une communauté dans leurs chromosomes Y. Il aurait ainsi été prouvé que certains traits distinctifs se retrouvent avec une fréquence nettement plus accrue dans les chromosomes Y des cohanim, ce qui impliquerait qu'ils ont une ancestralité commune.
Une autre étude scientifique menée par des chercheurs américains, israéliens et russes, publiée en 2009 dans la revue « Human Genetics », et utilisant une batterie beaucoup plus large de marqueurs ADN, va également dans ce sens où près de 30 % des chromosones Y présents dans les communautés juives sont pratiquement absents des populations autres, et donc pourrait, selon cette étude, faire remonter à un ancêtre commun ayant vécu au Proche-Orient, il y a quelque 3 200 ans[25].
Les études sur ce gêne sont également utilisées pour appuyer l'assertion selon laquelle les Lemba (une tribu sub-saharienne) ont des ancêtres juifs[26]. Par ailleurs, une étude de 2004[27] aurait démontré que les Samaritains partageraient une ancestralité paternelle commune avec les Juifs, mais une ancestralité maternelle différente.
De nos jours, on estime que les Cohanim descendants de la lignée d'Aaron constituent environ quatre à cinq pour cent de la population juive[28]
Les descendants de cohanim portent souvent des noms reflétant leur généalogie, souvent modifiés à la suite de la traduction ou de la translittération en d'autres langues, comme illustré ci-dessous (liste non exhaustive). De nombreux noms possèdent une ou plusieurs orthographes alternatives[29], la lettre K étant souvent remplacé par un C suivant les langues.
Cependant, du fait de la possibilité de perdre son statut sacerdotal[Quoi ?], de ne pouvoir le transmettre aux fils d'une union mixte avec une Gentille (quand bien même ils se convertiraient ou épouseraient une Juive), etc., certains noms sont "plus dignes de foi" que d'autres. "Cohen" étant l'un des noms les plus courants, on ne peut s'y fier pour déterminer le statut de son porteur sans témoignage supplémentaire. C'est également pourquoi les cohanim avérés font souvent figurer le symbole de la bénédiction sacerdotale sur leurs pierres tombales.
Le nom de famille à lui seul ne suffit donc pas à dire si quelqu'une a une origine cohanite ou lévite. Monsieur Cohen n'est pas forcément « Cohen ». L'adoption de noms de famille par les Juifs s'est faite très récemment [29] et il est possible que certains aient pu s'attribuer une origine qu'ils n'avaient pas. Seule la tradition orale familiale peut assurer ce titre. Par exemple, ceux qui portent le nom Katz ne revendiquent pas tous une origine cohanite : même s'il s'agit souvent de l'acronyme de « Kohen Tzédek », il s'agit parfois tout simplement du mot yiddish signifiant « chat ».
L'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours donne un droit légal au cohen de constituer l'Épiscopat président sous l'autorité de la Première Présidence. Lorsque des Cohanim de l'Église ne sont pas disponibles, les détenteurs de la Prêtrise de Melchisédek s'y substituent. À ce jour, aucun Cohen n'a assumé la Présidence.