Date |
(débarquement) - (jonction) (27 jours) |
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Lieu |
Var, Sud-Est de la France |
Issue | Tête de pont alliée en Europe : front sud |
États-Unis France Royaume-Uni |
Reich allemand |
Alexander Patch Jean de Lattre de Tassigny |
Friedrich Wiese[1] Johannes Blaskowitz[1] |
~350 000 hommes dont ~230 000 soldats français[2] | ~250 000 soldats[3] |
Troupes régulières : 9 800 tués, blessés et prisonniers France libre : 10 000 tués, blessés et prisonniers[4] |
~7 000 tués, 20 000 blessés et 105 000 prisonniers[5] |
Batailles
Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée
Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée
Coordonnées | 43° 13′ 39″ nord, 6° 39′ 45″ est | |
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Le débarquement de Provence, désigné sous les noms de code Anvil puis Dragoon, est une opération militaire menée pendant la Seconde Guerre mondiale à partir du par les troupes alliées dans le Sud-Est de la France (entre Toulon et Cannes).
À l'origine appelée Anvil (enclume en anglais), l'opération a été renommée Dragoon par Winston Churchill qui était hostile à ce débarquement (il déclara y avoir été « contraint », dragooned en anglais[6]). Il préférait une percée des troupes déployées sur le front d'Italie vers les Balkans afin de prendre en tenaille l'armée allemande en Europe centrale et d'arriver à Berlin avant les Soviétiques. Il s'oppose notamment à de Gaulle, qui menace de retirer les divisions françaises du front italien. Les objectifs étaient de libérer Toulon, Marseille puis de remonter le Rhône jusqu'à effectuer la jonction avec les forces de l'opération Overlord débarquées en Normandie.
L'opération Dragoon comportait le déploiement de planeurs (opération Dove) et un faux débarquement dans le Nord de l'Italie (opération Span).
La défense allemande composée de la XIXe armée (essentiellement des troupes étrangères) est dégarnie, notamment de la 9e Panzerdivision, à la suite de l’envoi de renforts vers le front de Normandie. À la suite de ce débarquement et de sa rapide progression, Hitler opère un repli pour éviter l'encerclement mais ordonne la destruction des ports de Toulon et Marseille et de garder ces deux villes.
Alliés | Allemands[7] | |
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Soldats | 50 000 (324 000 fin septembre) | 80 000 |
Chars | 500 (800 fin septembre) | 36 |
Artillerie | 1 161 (dont 551 de marine) | 450 |
Avions | 2 000 | 105 |
Navires | 2 250 (dont 500 de guerre) | 48 (dont 10 U-Boots) |
La Wehrmacht, déjà engagée sur trois fronts, le front de l'Est, le front italien et, depuis deux mois, le front normand, est en infériorité numérique. Elle dispose pour défendre les côtes méditerranéennes de la France de la 19e armée commandée par le General der Infanterie Friedrich Wiese[7],[8], elle-même subdivisée entre :
La Kriegsmarine, commandée par l'amiral commandant la côte sud française (Kommandierender Admiral Französische Südküste) en la personne du Vizeadmiral Paul Wever, QG à Aix-en-Provence composée de :
La Luftwaffe, dont le 4e corps de campagne de la Luftwaffe (IV. Luftwaffen Feldkorps) est commandé par le General der Flieger Erich Petersen (du jusqu’au ), QG à Montpellier jusqu'en juillet 1944 puis transféré à Capendu (Aude)
Les unités spéciales :
Les forces américaines d'assaut par la mer se composent de la VIIe armée américaine, soit :
Les unités navales alliées étaient constituées de 880 navires de guerre, sur ce nombre 130 furent principalement engagés dont une trentaine de navires français[12] :
À partir du , ce sont environ 260 000 combattants de la 1re Armée Française dirigée par le général Jean de Lattre de Tassigny, qui sont arrivés dans le Sud de la France. Ils débarqueront dans les mois qui suivent, dont 5 000 auxiliaires féminines ; 10 % étaient originaires de la métropole (les « Français libres » du général de Gaulle) ou d'Afrique subsaharienne (près de 10 000), 90 % venaient d'Afrique du Nord dont une écrasante majorité d'anciens soldats de l'armée d'armistice (devenue Vichyste) des départements d'Algérie, du Maroc et de la Tunisie ; parmi ces derniers, 52 % étaient d'origine nord-africaine (près de 100 000) et 48 % étaient d'origine européenne (les Pieds-noirs)[13],[14].
Dans les grandes unités, le pourcentage de soldats nord-africains variait de 27 % à la 1re DB à 56 % à la 2e DIM.
Par type d'arme, ce pourcentage était d'environ 70 % dans les régiments de tirailleurs, 40 % dans le génie et 30 % dans l'artillerie[15].
La veille, Radio Londres diffuse 12 messages pour la Résistance, des régions R1-R2, R3-R4 et R6, et dont les plus connus sont : « Le chasseur est affamé (Bibendum) ou Nancy a le torticolis (guérilla) » ainsi que « Le premier accroc coûte 200 francs » qui deviendra le titre d'un recueil de nouvelles d'Elsa Triolet, femme de lettres résistante, qui obtint pour cette œuvre le prix Goncourt 1945, au titre de l'année 1944.
Comme lors de l'opération Overlord, le plan de bataille prévoit une division des troupes en différentes « forces » ayant chacune un but précis.
L'assaut naval a lieu sur les côtes varoises entre Toulon et Cannes et mobilise 880 navires anglo-américains, 34 français et 1 370 navires pour le débarquement.
Durant la nuit du 14 au , des commandos français sont débarqués sur les flancs du futur débarquement :
L'objectif était de débarquer et de constituer une ligne de front de vingt-cinq kilomètres de profondeur (appelée Blue Line), puis d’avancer vers la vallée du Rhône et de prendre contact avec le 2e corps d'armée français.
Le , les Alliés mènent une attaque de diversion à La Ciotat pour attirer les forces allemandes à l'écart des principales zones de débarquement[16]. Pendant l'opération, deux navires de guerre allemands attaquent la flottille alliée, mais ils sont tous deux coulés[16]. Au nord de La Ciotat, l'aviation américaine largue 300 parachutistes factices pour renforcer la tentative de diversion[16].
L'assaut aérien comportait un parachutage d'hommes et de matériel entre Le Muy et La Motte avec 9 000 parachutistes de la 2e brigade indépendante parachutiste britannique et de plusieurs régiments aéroportés américains largués par plus de 400 avions et des planeurs américains pour les véhicules. Ils étaient acheminés depuis l'Italie. L'objectif était de s’emparer du Muy et des hauteurs de Grimaud afin d’empêcher l’afflux de renforts ennemis depuis l’ouest.
C'est Force Rugby, la 1st Airborne Task Force du général Robert T. Frederick, qui la charge. Cette force se composait, entre autres, des unités suivantes :
À l'aube du , les Alliés déploient la Task Force 88 au large de la Provence. Cette force tactique a pour mission d'assurer la couverture aérienne du débarquement dans un premier temps, puis d'aider les troupes débarquées dans leur progression dans un deuxième temps.
Le 16 août, à J + 1, débarque Force Garbo commandée par le général américain Alexander Patch, et composée de la VIIe armée américaine commandée par lui-même et de la 1re armée française commandée par le général de Lattre de Tassigny, elle-même composée des unités suivantes :
Les trois quarts de Force Garbo étaient sous commandement français avec pour moitié des troupes des colonies (moitié de soldats d'origine européenne et moitié de soldats africains et nord-africains).
L'objectif était de faire une poussée vers Toulon.
Dans les jours suivants, l'armée B est complétée par les unités suivantes :
L'armée B est par la suite organisée en deux corps d'armée :
Si un objectif du débarquement en Provence était de créer un nouveau front en France, ce plan incluait aussi de détruire la XIXe armée allemande, qui avait pour tâche de défendre le Sud-Est de la France[17]. Les 3e et 45e divisions américaines avaient pour objectif de pousser vers la vallée du Rhône, alors que l'armée française de la Libération avait la charge de libérer les ports de Toulon et Marseille. Pour réaliser le second objectif — la destruction des forces allemandes — une force blindée est mise sur pied lors des préparatifs du débarquement, la Task Force Butler, dont la mission est de progresser vers le nord, depuis Draguignan, via Riez, puis Digne et Sisteron, et d'obliquer vers le Rhône à Aspres-sur-Buëch, et ainsi de couper la retraite des forces allemandes, lors de la bataille de Montélimar.
La nouvelle du succès rapide de cette attaque, avec une avancée profonde en vingt-quatre heures, a déclenché une insurrection populaire dans Paris.[réf. souhaitée]
En deux semaines la Provence aura été libérée. Digne et Sisteron sont atteintes le , Gap le . Grenoble est prise le 22 août (soit 83 jours avant la date prévue[réf. nécessaire]), Toulon le 23 août, Montélimar le 28 août, Marseille le 29 août et Lyon le . Les forces alliées, remontant la vallée du Rhône, rejoindront le 12 septembre, à Nod-sur-Seine vers Montbard, au cœur de la Bourgogne, celles du front de l'ouest.
Dans les Alpes-Maritimes, Nice est libérée le , mais Saorge n'est reprise que le 4 avril 1945.
La progression principale se fait vers le nord, laissant sur son flanc un front au niveau des cols alpins, qui ne constituent pas un objectif immédiat pour les états-majors alliés. Des unités allemandes venues d'Italie et chassées de Provence s'y réfugient, notamment dans les différents ouvrages et forts qui constituaient la ligne Maginot alpine[18]. Mais les FFI contrôlaient les Alpes.
Les derniers combats pour libérer la région ont lieu fin avril 1945. Les forts de la vallée de l'Ubaye, les ouvrages Maginot de Saint-Ours et Roche-la-Croix, ne sont repris aux Allemands qu'entre les 23 et par les forces françaises aidées de l'armée américaine[19], soit huit mois après le débarquement sur les côtes du Var, alors que les derniers combats ont lieu en Allemagne.
Dès les premiers jours, un camp de transit est projeté et sa construction mise en œuvre au nord de Marseille, le camp de Calas, pour organiser la redirection des troupes vers les Vosges et l'Alsace, l'Asie ou le retour vers les États-Unis pour les troupes relevées totalisant plus de 80 points sur leur "carte de crédit". La première inspection du lieu se fait le et les premiers travaux commencent immédiatement. On estime que plus de 2 millions de GI ont transité par le camp, avec 5 000 mouvements par jour[20] jusqu'au , date de sa fermeture, avec une population de l'ordre de 100 000 occupants.
Ce camp accueille aussi dans sa partie sud les prisonniers au fur et à mesure de leur arrivée.
Les GI morts au combat sont regroupés à la nécropole nationale de Luynes, non loin de ce camp, d'où ils seront redirigés vers celui de Colleville-sur-Mer en Normandie ou réclamés par leurs familles aux États-Unis (60 %).
Au total, plus de 94 000 soldats et 11 000 véhicules ont été débarqués le premier jour.
Du 15 au (prise de Marseille), les pertes de cette Armée B s’élèvent à 933 tués, 19 disparus et 3 732 blessés, les jours les plus terribles étant les 23 et . Environ 35 000 Allemands ont été capturés[21].
Les soldats alliés tombés au cours de la campagne de Provence sont enterrés dans différents cimetières :
Les corps des soldats allemands tués durant l'opération Anvil/Dragoon ainsi que durant les années d'Occupation du Sud de la France sont regroupés au cimetière militaire allemand de Dagneux dans l'Ain.
La nécropole nationale de Boulouris est inaugurée le par le général Charles de Gaulle, alors président de la République. Elle regroupe les corps de 464 combattants de la 1re armée française[22]. De Gaulle inaugure également le mémorial du débarquement en Provence sur les hauteurs nord de Toulon, sur le mont Faron[23].
Les cérémonies du 50e anniversaire du débarquement réunissent le 33 navires de guerre et 40 avions français, américains et britanniques, en présence du président François Mitterrand, des chefs d'État de 14 pays africains, et de représentants de tous les pays dont les soldats ont participé aux opérations militaires[24].
Les cérémonies du 60e anniversaire du débarquement le eurent lieu successivement au Muy, au cimetière militaire américain de Draguignan, à Saint-Raphaël, à Cavalaire-sur-Mer et dans la rade de Toulon à bord du porte-avions Charles de Gaulle. Le président Jacques Chirac, en présence de seize chefs d'État et de gouvernement africains, a rendu hommage au « sacrifice immense » des « forces de la liberté » qui ont participé il y a soixante ans au débarquement de Provence. Quelque 200 000 personnes ont assisté des côtes toulonnaises à cette cérémonie, selon la préfecture du Var. Le président de la République a remis des décorations à vingt-et-un vétérans, essentiellement africains, et la croix de la Légion d'honneur « à la ville d'Alger en tant que capitale de la France combattante », pour son rôle d'hôte du Comité français de la Libération nationale.
Plusieurs commémorations ont lieu du 14 au à l'occasion du 70e anniversaire. 27 pays sont officiellement représentés sous la présidence de François Hollande[25]
Les cérémonies du 75e anniversaire du débarquement le ont lieu à Saint-Raphaël, à la nécropole nationale de Boulouris, en présence du président Emmanuel Macron, de l'ancien président Nicolas Sarkozy, ainsi que des présidents guinéen, Alpha Condé, et ivoirien, Alassane Ouattara[26].
Dans son discours, Emmanuel Macron rend notamment hommage aux combattants venus d'Afrique (Pieds-noirs, Maghrébins et Africains subsahariens) ayant participé au débarquement[27] :
« Mais la très grande majorité, des soldats de la plus grande force de l'armée française de la libération, venait d'Afrique. Français d'Afrique du nord, pieds noirs, tirailleurs algériens, marocains, tunisiens, zouaves, spahis, goumiers, tirailleurs que l'on appelait sénégalais, mais qui venaient en fait de toute l'Afrique subsaharienne, et parmi eux des Guinéens, des Ivoiriens, cher Alpha, cher Alassane [présidents guinéen et ivoirien, Alpha Condé et Alassane Ouattara]. Tous se sont unis contre l'ennemi nazi au service du drapeau et de la liberté. Tous ont fait preuve d'un courage immense et d'une bravoure hors pair. Ils ont payé un lourd tribut à la victoire qu'ils ont largement contribué à forger. Ils sont des milliers à s'être sacrifiés pour défendre une terre lointaine, une terre souvent inconnue, une terre jusqu'alors jamais foulée, une terre à laquelle ils ont à jamais mêlé leur sang. Ils ont fait l'honneur et la grandeur de la France et pourtant qui d'entre nous se souvient aujourd'hui de leurs noms, de leurs visages ? [...] Honorés à juste titre par leurs camarades de l'époque, ces combattants africains, pendant nombre de décennies, n'ont pas eu la gloire et l'estime que leur bravoure justifiait. La France a une part d'Afrique en elle et sur ce sol de Provence, cette part fut celle du sang versé. Nous devons en être fiers et ne jamais l'oublier : les noms, les visages, les vies de ces héros d'Afrique doivent faire partie de nos vies de citoyens libres parce que sans eux nous ne le serions pas. »
Le débarquement de Provence, a été rendu possible par des actes héroïques de la résistance. René Borghini, Esther Poggio, Joseph Lajouxou ont été agents de liaisons et furent arrêtés à Monaco en . En 2021, le président du Conseil national a tenu à rendre hommage au résistant patriote, René Borghini, par le biais d'un buste commémoratif[28].
Le débarquement de Provence est une des mini-campagnes solo du jeu vidéo Battlefield V, le joueur y incarne Deme Cisse[29], un tirailleur sénégalais qui combat les troupes allemandes aux côtés d'un autre tirailleur vétéran : Idrissa. La campagne met en avant le mauvais traitement des tirailleurs par les troupes françaises au début de l'offensive et la volonté de ceux-ci de prouver leur valeur comme soldats. Elle se termine par la mention du blanchiment des troupes coloniales effectué après la libération de Paris. Après la scène finale, le jeu fait mention sous forme d'une série de petits textes sur fond noir que les actes héroïques des tirailleurs lors de la campagne de Provence ont été oubliés de la mémoire collective, occultés par le débarquement de Normandie. Ces actes n'ont été reconnus que très récemment[30], notamment par François Hollande et Nicolas Sarkozy.
Le débarquement inspire à l'écrivain français puis sénégalais Léopold Sédar Senghor le poème « Pour un FFI noir blessé », publié dans le recueil Hosties noires[31].
(en) Operation Anvil/Dragoon sur u-s-history.com.