Naissance |
Marseille, France |
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Décès |
Genève, Suisse |
Activité principale | Compositeur |
Style | Néo-classicisme |
Activités annexes | Chef d’orchestre, critique musical |
Collaborations | Groupe des Six |
Formation | Conservatoire de musique et de déclamation |
Maîtres | Xavier Leroux, André Gedalge, Charles-Marie Widor et Paul Dukas |
Enseignement | Conservatoire national de musique |
Distinctions honorifiques | Grand officier de la Légion d'honneur (1965), commandeur de l'ordre du Nichan Iftikhar |
Darius Milhaud, né le à Marseille[1] et mort à Genève le , est un compositeur français de musique classique.
Darius Milhaud est issu de l’une des plus vieilles familles juives de Provence, originaire du Comtat Venaissin. Cette région du Vaucluse abrite depuis des siècles de nombreuses familles juives surnommées les « Juifs du pape ». Parmi les membres de cette famille, on compte Joseph Milhaud, fondateur en 1840 de la synagogue d’Aix-en-Provence, ainsi que José de Bérys, Francine Bloch (qui demande au musicien, en 1961, de devenir le premier président de la Société des amis de la Phonothèque nationale de France et établit sa phonographie), Marcel Dassault et Pierre Vidal-Naquet.
Darius Milhaud est l’unique fils d’un banquier d'Aix et d’une mère née à Marseille. Son grand-père est négociant en amandes. Ses parents sont musiciens amateurs. Son père fonde la Société Musicale d’Aix-en-Provence, et sa mère connaît bien les chants religieux. Darius montre des dons précoces, tout d’abord pour le violon et la composition. À 17 ans, en 1909, il va à Paris pour étudier au Conservatoire de musique et de déclamation, jusqu’en 1915. Ses professeurs sont Xavier Leroux en harmonie, André Gedalge pour le contrepoint, Charles-Marie Widor pour la composition et surtout Paul Dukas pour l'orchestration.
Ces années sont l’occasion de multiples rencontres sur le plan musical et littéraire : il se lie d’amitié avec les musiciens Georges Auric et Arthur Honegger, et avec le poète Léo Latil, tué en 1915 lors de la Première Guerre mondiale. Il fait également la connaissance de Francis Jammes et de Paul Claudel en 1912, auteurs dont il met les textes en musique. Sa rencontre avec André Gide exerce aussi une influence importante.
Atteint de rhumatismes, Darius Milhaud est réformé. Il compose dans ces années des musiques de scène, notamment sur la trilogie Orestie d’Eschyle, traduite par Claudel. Il recourt alors à la polytonalité, ce qui reste comme l’une des caractéristiques principales de sa musique. Cette amitié entre les deux hommes évolue dans le sens d’une collaboration : Claudel, nommé ministre plénipotentiaire à Rio de Janeiro, propose à Milhaud de devenir son secrétaire. Milhaud accepte. Il s’enthousiasme alors pour les musiques sud-américaines, qu’il insère dans les ballets L'Homme et son désir (1918-1921) et Le Bœuf sur le toit (1919-1920), ainsi que dans la suite de danses Saudades do Brasil (1920-1921).
De retour à Paris, il est associé par le critique Henri Collet au groupe des Six, (dans le sillage d'Érik Satie) constitué de Georges Auric, Louis Durey, Arthur Honegger, Francis Poulenc et Germaine Tailleferre. Le mentor de toute cette équipe est l'écrivain et poète Jean Cocteau. Fort de cette association, avec laquelle il écrit notamment la musique des Mariés de la Tour Eiffel (1921), unique œuvre collective du groupe des Six, sur un argument de Cocteau, Milhaud est également reconnu dans le milieu parisien pour ses œuvres de jeunesse imprégnées d’influences sud-américaines.
Il officie en tant que chef d’orchestre, critique musical, ou même conférencier, et voyage abondamment, notamment à Londres en 1920, et aux États-Unis en 1922, où il découvre les rythmes du jazz qui vont profondément l’influencer pour son ballet La Création du monde (1923)[2]. Il continue à écrire plusieurs opéras sur des livrets de ses amis : Le Pauvre Matelot en 1926 sur un texte de Cocteau, et Christophe Colomb en 1930 sur un texte de Claudel. Il s’intéresse également au cinéma et compose pour le cinéma. Toutefois, ses compositions rencontrent un succès mitigé, et son opéra Maximilien (1932) est accueilli fraîchement à l’Opéra Garnier.
Parallèlement, sa vie sentimentale est comblée par son mariage (le ) avec Madeleine Milhaud, une cousine actrice, qui lui donna en 1930 un fils, Daniel, qui devint artiste-peintre et sculpteur (décédé à Pietrasanta en ).
En 1936, il est membre de la rédaction du journal communiste Ce soir, pour lequel il s'occupe de la musique[3]
Sa production reste très abondante jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale, date à laquelle il doit fuir la France occupée, cumulant l'« inscription sur deux listes de proscription : comme juif et comme compositeur d'art dégénéré ». En 1940, il part pour les États-Unis, où le chef d'orchestre Pierre Monteux l'aide à trouver un poste de professeur de composition au Mills College d’Oakland (Californie). Milhaud y a notamment comme élèves le pianiste de jazz Dave Brubeck, le compositeur de variétés Burt Bacharach, et les fondateurs du minimalisme américain, Steve Reich et Philip Glass.
Après la guerre, il retourne en France en 1947 et se voit offrir un poste de professeur de composition au Conservatoire national de musique à Paris, en alternance avec Jean Rivier, qui compte parmi ses élèves de futurs talents tels Georges Delerue. Il alterne alors son activité de professeur entre Paris et les États-Unis, continuant d’enseigner à Oakland jusqu'en 1971, ainsi qu'à l’Académie musicale d’été d’Aspen (Colorado), et dans divers établissements américains. Malgré une santé de plus en plus fragile (des rhumatismes le font beaucoup souffrir), le compositeur reste donc un infatigable voyageur, même si son activité créatrice est ralentie.
Sa carrière est couronnée en 1971 par un fauteuil à l’Académie des Beaux-Arts. Il s’éteint le à Genève, à l’âge de 81 ans. Selon ses souhaits, il est enterré au cimetière Saint-Pierre à Aix-en-Provence, sous une modeste pierre du carré juif. Sa femme, Madeleine Milhaud, lui survit plus de trente ans. Elle est décédée le , dans sa 106e année, et est enterrée aux côtés de son mari, à Aix-en-Provence.
Il avait été membre du Comité de direction de l'Association du Foyer de l’Abbaye de Royaumont.
Darius Milhaud s’est intéressé à tous les genres musicaux : opéra, musique de chambre, musique symphonique, concertos, ballets, musique vocale. Il est l’un des compositeurs les plus prolifiques non seulement du XXe siècle, mais aussi de toute l’histoire de la musique. Son style emprunte beaucoup aux musiques folkloriques et au jazz qu’il affectionne particulièrement pour ses rythmes syncopés. Milhaud explore toutes les possibilités de l’écriture : fin contrapuntiste, il utilise fréquemment la polyrythmie et la polytonalité, qui rendent son œuvre extrêmement riche et diverse.
Les opéras sont au nombre de seize, dont trois opéras minute (environ 15 minutes chacun) :
Deux opéras d'une durée courte (~ 30 minutes)
Autres opéras :
Au nombre de 14, dont :
Milhaud attend 1939 pour entamer l’écriture de symphonies. Elles seront au nombre de douze entre 1939 et 1960. Il écrit également des suites de danses, et une variété de concertos, pour piano, violon, violoncelle, alto, etc.
La production de musique de chambre de Milhaud est tout aussi prolifique : pas moins de dix-huit quatuors à cordes, des quintettes et des suites pour vents, des sonates, des duos, et bien d’autres pièces encore figurent au catalogue de l’artiste.
Milhaud a grandement contribué à élargir le répertoire vocal, autant pour voix solo que pour chœur. Les textes mis en musique sont extrêmement divers, provenant aussi bien d’écrivains comme André Gide que du Pape Jean XXIII, dont l'encyclique « Pacem in Terris » de 1963 sera mise en musique par le compositeur. C’est en effet dans la musique vocale que la religion prend une place importante chez Milhaud. C’est là qu’il renoue avec la religion qui est la sienne, le judaïsme. La toute dernière œuvre de Milhaud, qu’il compose l’année de sa mort, est en effet une cantate « Ani Maamin », fondée sur un texte d’Élie Wiesel, déporté à l’âge de quinze ans à Auschwitz. Les questions religieuses deviennent alors existentielles, et confinent à la philosophie.
Darius Milhaud n'a — apparemment — jamais joué d'orgue, mais trouvait l'instrument en soi intéressant, pas seulement pour la multiplicité de ses plans sonores mais surtout pour la grande variété de ses timbres/sonorités.