Organisation | NASA |
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Programme | Mission Flagship |
Domaine | Étude de la lune de Saturne Encelade. |
Type de mission | Orbiteur/Atterrisseur |
Statut | À l'étude |
Lancement | vers 2038 |
Lanceur | SLS bloc 2 + étage Castor 30B |
Durée |
Durée totale : 15 à 18 ans Mission scientifique : 8 ans |
Masse au lancement |
~ 6,6 t 2,69 t à la surface d'Encelade |
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Masse instruments | 142 kg |
Propulsion | chimique |
Masse ergols | ~ 3,9 t |
Δv | 2400 m/s |
Contrôle d'attitude | Stabilisé 3 axes |
Source d'énergie | 2 générateurs thermoélectriques à radioisotope |
Puissance électrique | 800 watts (début de vie) |
Enceladus Orbilander est une mission spatiale d'exploration robotique du système solaire proposée par la communauté scientifique américaine en 2022. Si elle était adoptée par l'agence spatiale américaine, la NASA, elle serait lancée à la fin de la décennie 2030. Ce projet à très gros budget (projet Flagship évalué à environ 2,6 milliards de dollars américains) a pour objectif l'étude d'Encelade, un des satellites naturels de Saturne, qui recèle un océan souterrain susceptible d'abriter des formes de vie. La sonde spatiale doit dans une première phase se placer en orbite autour de la lune pour l'étudier et prélever à des fins d'analyse des échantillons des jets qui sont périodiquement éjectés par Encelade. Dans une deuxième phase, la sonde doit se poser à la surface d'Encelade et effectuer des analyses d'échantillons de son sol. Pour ce faire, Enceladus Orbilander emporte un système de prélèvement d'échantillons, une suite instrumentale pour détecter des formes de vie et des instruments permettant de recueillir des données à distance (caméras, altimètre, spectromètre).
Encelade est un satellite de la planète géante Saturne de 500 kilomètres de diamètre. La sonde spatiale Voyager 2 est la première mission à la survoler. Les photos prises montrent une surface particulièrement lisse dans certaines régions et son albédo (pouvoir réfléchissant) est le plus élevé des corps présents dans le Système solaire. La sonde spatiale Cassini-Huygens, développée conjointement par la NASA et l'Agence spatiale européenne, se place en orbite autour de Saturne en 2004. Dès 2005, plusieurs observations successives font d'Encelade l'objet le plus intéressant du système saturnien avec Titan. La mesure du champ magnétique de Saturne à proximité de la lune met en évidence que celui-ci est déformé par la présence d'une atmosphère. Des survols rapprochés montrent que des geysers, jaillissant en permanence de la région du pôle sud, éjectent à une vitesse de 400 mètres par seconde un mélange de glace d'eau et de composés chimiques simples. Les geysers suggèrent l'existence de poches d'eau liquide plus ou moins importantes sous la surface, mais il faudra une dizaine d'années d'investigations pour déterminer avec certitude qu'Encelade abrite, sous sa croûte de glace, un océan liquide, malgré une température au sol de −200 °C. Une partie des matériaux éjectés retombe à la surface ; le reste est à l'origine de la formation de l'anneau E. L'analyse des composants de cet anneau, effectuée par la suite à l'aide des instruments de la sonde spatiale, démontre qu'ils contiennent de la silice, qui ne peut se former que lorsque de l'eau portée à une température supérieure à 90 °C interagit avec de la roche. Une telle configuration laisse à penser que la source d'eau liquide est en contact avec un noyau rocheux, d'où jaillissent des sources hydrothermales[1],[2].
Les photos de la surface du pôle sud prises à très faible distance montrent une surface particulièrement jeune, jonchée de blocs de glace de la taille d'une maison, parcourue de fractures faisant penser à une activité tectonique et surmontée d'un nuage de vapeur d'eau. Certaines crevasses profondes, baptisées rayures de tigre, sont les points d'émergence des geysers. Des survols successifs ont confirmé que la surface du pôle sud d'Encelade subissait des mouvements tectoniques. Le moteur de cette activité pourrait être la force de marée produite par Saturne, à l'image du rôle de Jupiter dans le volcanisme de Io. Cette force agit non seulement sur la couche de glace superficielle, mais également sur le noyau rocheux, comme en témoigne la présence de silice et d'hydrogène issus de sources hydrothermales. La présence d'un océan souterrain est confirmée en 2015 par des mesures du champ de gravité et des mouvements de libration de la lune sur son orbite. Les données recueillies permettent d'estimer qu'un océan profond de dix kilomètres[Note 1] s'étend au niveau du pôle sud, enfoui sous une couche de glace de 30 à 40 kilomètres d'épaisseur. De manière étonnante à une si grande distance du Soleil, Encelade réunit des conditions a priori favorables à l'apparition d'une forme de vie : chaleur, eau sous forme liquide en abondance et composés organiques. Mais Cassini ne dispose pas d'instrument pour permettre de mener des investigations dans ce domaine[1],[2]. Une étude de 2018 portant sur les données fournies par les instruments Cosmic Dust Analyzer et Ion and Neutral Mass Spectrometer a cependant permis d'établir la présence de macromolécules organiques d'une masse de quelques centaines d'unités de masse atomique unifiée dans les geysers d'Encelade[3].
Une mission d'étude approfondie d'Encelade est une mission coûteuse à cause de son éloignement du Soleil. Le rapport décennal du Conseil national de la recherche des États-Unis publié en 2022 et définissant les priorités dans le domaine des sciences planétaires pour la décennie 2022-2032 (Origins, Worlds, and Life: A Decadal Strategy for Planetary Science and Astrobiology), publié en , propose le développement de deux missions de type Flagship. La première est Uranus Orbiter and Probe, qui doit être lancée vers 2031 ; la seconde mission, dont le lancement est prévu à la fin de la décennie 2030, est Enceladus Orbilander. Le rapport souligne l'importance de cette mission qui pourrait répondre à une des questions les plus cruciales de la planétologie : est-ce que la vie existe ailleurs que sur Terre. Les caractéristiques d'Encelade permettent d'étudier de manière directe l'habitabilité d'un océan souterrain et de déterminer s'il accueille de la vie. La vitesse de survol de la sonde Cassini n'a pas permis de déterminer avec certitude la nature des molécules présentes dans les geysers éjectés par la lune. Le coût de la mission est évalué à 2,56 milliards (US$ 2025). La priorité donnée par le rapport à cette mission n'engage pas la NASA, mais l'agence spatiale s'efforce généralement de suivre les recommandations des rapports décennaux dans la mesure où elle dispose de moyens financiers suffisants[4].
Les principaux objectifs de la mission sont de détecter la présence de forme de vie et de déterminer si des conditions favorables à la vie sont présentes. Pour répondre à la question de la présence de la vie, l'objectif est de rechercher les multiples caractéristiques de celles-ci à l'aide de mesures qui doivent pouvoir être répétées. Les instruments doivent permettre d'identifier trois types de biosignatures)[5] :
Pour réduire les incertitudes sur l'origine biotique ou abiotique des molécules détectées, deux autres mesures présentant plus de risques mais pouvant fournir des résultats déterminants sont prévues[5] :
Différentes mesures géophysiques et géochimiques sont effectuées pour déterminer si Encelade est en mesure d'accueillir la vie. Elles permettent d'une part de quantifier la biomasse qu'Encelade est capable de supporter et d'autre part elles permettent de déterminer si les matériaux des geysers peuvent être modifiés durant leur ascension et leur éjection permettant d'inférer les conditions régnant dans le sous-sol à partir des mesures effectuées dans l'espace[5] :
Pour remplir les objectifs scientifiques, le site d'atterrissage doit être situé dans une région où les retombées des geysers sont importantes (> 0,01 mm par an). Le régolithe sur le site doit par ailleurs être suffisamment solide pour supporter le poids de la sonde spatiale. On pourra identifier un tel site par la présence de blocs d'un mètre de diamètre à proximité (la sonde spatiale Cassini a observé des régions d'Encelade présentant cette caractéristique). Pour répondre aux contraintes de protection planétaire dans un scénario dégradé, la température à la surface devra être inférieure à 85 kelvins. Pour établir des communications directes avec la Terre l'atterrissage dans une vallée doit être évité. Pour éviter que la sonde spatiale ne se renverse, la pente du terrain devra être inférieure à 10°. Les mesures effectuées par la sonde spatiale Cassini suggèrent que de nombreuses régions d'Encelade satisfont l'ensemble de ces critères[6].
Plusieurs architectures techniques ont été étudiées (grand orbiteur et petit atterrisseur, petit orbiteur et grand atterrisseur, absence d'atterrisseur) : la solution retenue est celle d'un engin spatial unique jouant les deux rôles successivement. La mission est conçue avec une injection directe vers Encelade sans recours à l'assistance gravitationnelle des planètes internes mais cela suppose le recours à un lanceur SLS bloc 2 avec un troisième étage de type Castor 30B. L'autre option consiste à utiliser une fusée Falcon Heavy non réutilisable mais elle nécessite le survol de Vénus (avec un allongement de la durée du transit vers Encelade) et une modification du système de régulation thermique. La sonde spatiale doit fonctionner dans un environnement très froid car éloigné du Soleil (10 Unités Astronomiques) qui ne produit que 15 Watts/m². Par contre l'environnement radiatif est peu agressif. Du fait de la présence potentielle de forme de vie sur la lune Encelade, l'engin spatial est conçu pour respecter le niveau de protection planétaire le plus élevé (IV ==> probabilité de contamination de l'environnement < 10-4). La sonde spatiale repose généralement sur des technologies éprouvées qui ne nécessitent pas de longues phases de mise au point. Les seules exceptions concernent le système de recueil d'échantillons et une partie de l'instrument chargé d'analyser ceux-ci (nanopores)[7].
Enceladus Orbilander est une sonde spatiale de grande taille avec une masse au lancement de 6610 kilogrammes avec une masse à vide de 2690 kilogrammes. La sonde spatiale emporte 2416 kilogrammes d'hydrazine, 1489 kilogrammes de peroxyde d'azote, et 15 kilogrammes de gaz utilisé pour pressuriser les ergols. La structure centrale est constituée par un cylindre contenant les réservoirs d'ergols. Sur cette structure sont fixées des structures secondaires : train d'atterrissage, propulsion principale, RTG, antennes principales. Le train d'atterrissage, qui comporte quatre pieds, permet un atterrissage sur la lune à une vitesse verticale de 2 m/s et horizontale de 0,5 m/s. La sonde spatiale est stabilisée trois axes et utilise des roues de réaction pour maintenir son orientation. La propulsion est chimique (deux moteurs-fusées HiPAT (445 Newtons de poussée, impulsion spécifique de 326 secondes) brulant une combinaison de deux types d'ergols hypergoliques) et permet un changement de vitesse total supérieur à 2400 m/s. Elle est utilisée pour les manœuvres de correction de trajectoire, d'insertion en orbite et d'atterrissage. La propulsion secondaire (désaturation des roues de réaction, petites corrections de trajectoire) repose sur 8 petits moteurs-fusées d'une poussée de 22 Newtons et 16 propulseurs de 4,4 Newtons. L'éloignement du Soleil ne permet pas le recours à des panneaux solaires et l'énergie est fournie par deux générateurs thermoélectriques à radioisotope de nouvelle génération (NGRTG dans sa variante 16-GPHS), en cours de développement en 2022, qui produisent 800 Watts en début de vie. L'énergie est stockée dans des batteries lithium-ion d'une capacité totale de 46 A-h en début de vie. Les communications sont réalisées en bande Ka pour l'envoi des données scientifiques et en bande X pour les autres données. Pour la réception et l'émission, Enceladus Orbilander dispose d'une antenne parabolique grand gain de 2,1 mètres de diamètre et d'une antenne moyen gain. Ces antennes sont co-alignées et orientables avec deux degrés de liberté pour pouvoir être tournées vers la Terre lorsque la sonde spatiale se trouve à la surface d'Encelade. La sonde spatiale dispose également de trois antennes faible gain et de trois antennes cornet. Les données scientifiques sont stockées dans une mémoire de masse d'une capacité de 128 gigabits. Compte tenu du débit disponible en bande Ka, le système permettra d'envoyer sur Terre 1,1 térabit de données durant la mission primaire[8].
La sonde spatiale emporte environ 142 kilogrammes d'instrumentation scientifique. Celle-ci comprend[9] :
Le rapport préconise un lancement de Enceladus Orbilander en octobre 2038 avec une fenêtre de lancement de secours en novembre 2039. La chronologie proposée de la mission est la suivante[10] :