Fernando Pessoa est porté le sur les fonts baptismaux par le général Chaby sous le patronage de son prétendu aïeul Fernando de Bulhões dont la fête coïncide avec le jour de sa naissance.
L'enfant, qui a grandi en face de l'opéra de Lisbonne, 4 place Saint-Charles dans le quartier du Chiado, perd à l'âge de cinq ans son père, emporté le dans sa quarante-quatrième année par la tuberculose. Ce père, Joaquim de Seabra Pessoa(pt), fils d'un général qui s'était illustré durant la guerre civile portugaise, travaillait comme fonctionnaire du secrétariat à la Justice et publiait régulièrement des critiques musicales dans le Diário de Notícias (il a en outre publié une brochure sur Le Hollandais volant). Le , c'est au tour de son frère né en juillet 1893, Jorge, de mourir. Le garçon, alors que la famille a dû en novembre emménager avec une grand-mère maternelle dans une maison plus modeste 104 rue Saint-Marcel, s'invente un double, le Chevalier de Pas[note 3], et dédie un premier poème annonciateur de prédilections futures À ma chère maman[cf 2].
Sa mère, Maria Magdalena Pinheiro Nogueira(pt), îlienne de Terceira, femme de culture quadrilingue et versificatrice à ses heures, dont le père, directeur général du ministère de la Reine, fréquentait entre autres personnalités le poète Tomás Ribeiro(pt), avait appris l'anglais auprès du précepteur des infants. Elle s'était remariée, par procuration, en décembre 1895 avec le consul du Portugal à Durban, le commandant João Miguel Rosa, qui lui avait été présenté à Lisbonne quatorze mois plus tôt, avant la nomination de celui-ci. Elle embarqua avec son fils le pour rejoindre son nouvel époux au Natal, colonie autonome d'Afrique du Sud, où l'éducation de l'enfant se poursuivit en anglais. Celui-ci franchit en deux ans les quatre années de l'enseignement primaire dispensé par les sœurs irlandaises et françaises de l'école catholique Saint-Joseph[note 4].
Introverti et modeste dans ses échanges, Fernando Pessoa se montre un frère amuseur en organisant des jeux de rôles ou en faisant le clown devant la galerie, attitude ambivalente qu'il conservera toute sa vie[1].
Devenu crack solitaire[Quoi ?][4] du lycée de Durban(en), inapte au sport[5] (il est premier en français en 1900), il est admis en juin 1901 au lycée du Cap de Bonne Espérance(en). C'est l'année où meurt sa seconde demi-sœur, Madalena Henriqueta, âgée de deux ans[note 5], et où il s'invente le personnage d'Alexander Search dans lequel il se glisse pour écrire des poèmes, en anglais, langue qui restera, sans exclusivité[cf 3], celle de son écriture jusqu'en 1921. Il y en aura cent dix-sept, le dernier datant de 1909[6]. Ses tentatives d'écrire des nouvelles, parfois sous le pseudonyme de David Merrick ou de Horace James Faber, sont des échecs.
Cependant, à la rentrée scolaire, il est avec sa famille sur le paquebot qui conduit via Alexandrie le corps de sa sœur jusqu'à une sépulture lisboète. En mai 1902, le voyage familial se prolonge aux Açores où habite la famille maternelle. Sa belle-famille, rentrant sans lui, le laisse visiter de son côté sa famille paternelle à Tavira en Algarve. C'est seul qu'il regagne Durban en septembre. Préparant seul son entrée à l'université, il suit parallèlement des cours du soir au Lycée de Commerce de Durban. En novembre 1903, il est lauréat d'anglais, sur huit cent quatre-vingt-dix-neuf candidats[7], à l'examen d'admission à l'Université du Cap de Bonne Espérance.
C'est toutefois de nouveau au lycée de Durban qu'il suit l'équivalent d'une khâgne. Ébloui par Shakespeare, il compose alors, en anglais, Le Marin[8], première et seule pièce achevée des cinq œuvres dramatiques qu'il produira[9]. Il est publié pour la première fois en juillet 1904 par Le Mercure du Natal(en) pour un poème[note 6] signé Charles Robert Anon, comme anonyme. Le journal du lycée de décembre 1904 révèle par un article intitulé Macaulay ses talents de critique[7]. Il achève ses études « undergraduate » en décembre 1904 en obtenant précocement le diplôme « Intermediate Examination in Arts ».
En 1905, à l'âge de dix-sept ans, il part pour Lisbonne, laissant sa mère à Durban, pour étudier la diplomatie au Cours Supérieur de Lettres, qui, en 1911, deviendra faculté(pt). Il vit auprès de deux tantes et de sa grand-mère paternelle, atteinte de démence à éclipses, Dionísia Perestrelo de Seabra. Une santé fragile qu'il tente de soigner par la psychothérapie et la gymnastique suédoise lui fait perdre une année universitaire et, l'année suivante, son cursus est compromis par une grève des étudiants, contre la dictature du premier ministre João Franco.
À la mort de sa grand-mère en août 1907, il se fait engager par l'agence américaine d'information commerciale Dun & Bradstreet. En septembre, il utilise l'héritage que sa grand-mère lui a laissé, pour ouvrir, 38 rue de la Conception de Gloire, un atelier de typographie et d'édition intitulé Ibis[note 7] et écrit sa première nouvelle aboutie, A Very Original Dinner, récit d'humour noir et de cannibalisme. En quelques mois, l'affaire tourne au désastre financier et en 1908, il se fait embaucher au journal Comércio comme « correspondant étranger. »
Il trouve également à travailler comme rédacteur de courrier commercial et traducteur indépendant pour différents transitaires du port. C'est de la traduction commerciale qu'il tirera jusqu’à la fin de sa vie son revenu de subsistance, revenu précaire qui l'aura fait passer par vingt maisons différentes, parfois deux ou trois simultanément.
C'est encore en 1908 qu'il inaugure une recherche intérieure, « une longue marche vers soi, vers la connaissance[10] » d'un soi qui se révèle multiple, sous la forme d'un journal intime transcrivant dans ce qui devait devenir un drame en cinq actes, Tragédie subjective[11], le monologue de Faust, monologue qui ne s’arrêtera qu'avec la mort de l'écrivain et dont seuls des fragments ont été publiés[10]. Cette quête intérieure répond à une errance physique, de chambre louée en chambre louée, de quartier en quartier, qui ne cessera qu'en 1921 et se ponctuera de crises cénestopathiques[12],[cf 4].
Conscient de son état[12], il lit en 1910 Max Nordau, qui décrit le fou comme un dégénéré enfermé dans une subjectivité artistique, lecture qui le persuade que son génie à objectiver la perception du monde l'écarte[13],[cf 5] de la folie[14]. Aussi[15], en 1911, commence-t-il la rédaction, en anglais, de poèmes sensationnistes. Dépassant l'interprétation symboliste[16] des correspondances de Baudelaire, le poète tend à travers celles-ci à restituer une perception non teintée de subjectivité d'un au-delà présent[17]. Il réalise ainsi le projet nietzschéen d'une tragédie délivrée du moi de l'artiste[18]. Il est conforté dans le sens mystique d'un tel dépassement par les expériences de dépersonnalisation décrites par Edgar Poe, écrivain qu'il a beaucoup lu depuis son arrivée à Lisbonne[19] et qu'il traduira[20] à l'instar d'un Mallarmé[21] qu'il a également étudié de façon approfondie[22]. Après le refus de Constable & Robinson de l'éditer, le [23], l'expérience sensationniste s'achèvera là[24] sous cette forme, laissant place entièrement au projet futuriste, avant d'être repris comme testament de l'artiste. Les cinquante-deux poèmes composant The Mad Fiddler ne seront publiés qu'après 1979[25], quatre autres volumes et une tragédie en anglais, que l'auteur jugeait imparfaits, restant inédits[26].
En 1912, il publie sa première critique en portugais[note 8] suivies de deux autres[note 9] dans la revue nostalgisteL'Aigle(pt), organe de la Renaissance Portugaise(pt). Introduit par le frère de son beau-père, le général retraité Henrique Rosa, il entre dans le groupe Orpheu[note 10], cercle littéraire qui se forme autour de celui-ci et qui se réunit au moderne café A Brasileira. Il propose régulièrement de publier leurs créations[27] à Alvaro Pinto, rédacteur de L'Aigle dans laquelle il prophétise la venue d'un « super Camões[28]». À la fin de l'année, il trouve un hébergement, qu'il conservera jusqu'à la guerre, chez sa marraine et tante maternelle, Ana Luísa Pinheiro Nogueira dite « Anica ».
C'est alors, en 1913, qu'il verse dans l'ésotérisme et qu'il entame en la « personne » lusophone de Bernardo Soares, la rédaction décousue du Livre de l'intranquillité qui s'étalera également jusqu'à la mort de l'écrivain[29]. La même revue, L'Aigle, innove en en publiant un extrait, Dans la forêt du songe, premier poème en prose portugaise, et entérine la mutation, fortement encouragée par l'amitié du poète, dramaturge et nouvelliste Mário de Sá-Carneiro, du critique en poète. Cependant une divergence grandit entre les écrivains avides d'ouverture que soutient Fernando Pessoa et la ligne nostalgiste de L'Aigle, dite « saudosismo » d'après son directeur, le poète Teixeira de Pascoaes[30]. En deux jours, du 11 au , Fernando Pessoa reprend le manuscrit de sa pièce Le Marin qu'il destinait au public anglais dans le but de surpasser en raffinements le prix Nobel de littératureMaurice Maeterlinck[31], ce à quoi il parvient excessivement[32].
En février 1914, Renascença (« Renaissance ») publie dans ce qui fut l'unique numéro de la revue[note 11] ses poèmes Impressions du crépuscule, l'un desquels, La cloche de mon village, rallie la jeune garde littéraire à la bannière d'une forme de post-symbolisme initiée par Camilo Pessanha, le paulisme(pt) ou succédentisme[33]. Dès lors, il se sentira, comme maints de ses prédécesseurs portugais, investi d'une mission de promouvoir une sorte de révolution culturelle pour sauver la nation de la stagnation[34]. En l'occurrence[34], il se fait une religion de l'intersectionnisme[cf 6] ou « sensationnisme à deux dimensions[35] », application à la littérature du simultanéisme[36] qu'avaient expérimentée Apollinaire[37] et Sá-Carneiro[38]. Le [39], lui apparait[39] au cours d'une transe « l'hétéronyme » Alberto Caeiro, syncope de Carneiro, qui, pendant plusieurs jours, lui dicte[40] en portugais les trente neuf poèmes en vers libres du Gardeur de troupeau. Suivront les deux disciples de cette allégorie du Poète[41], le PortuanRicardo Reis, figure intellectuelle[41] auteur des Odes, et le judéo-algarvoisAlvaro de Campos, Aubéron des Champs, écrivain du cœur[41] qui lui rédigera « sans pause ni rature[40] » les quelque mille vers de l'Ode maritime.
L'effervescence du moment est amplifiée par le retour consécutif à l'entrée en guerre de la France d'une jeunesse exilée, durant le régime de João Franco, à Paris où elle a vécu les expériences d'un surréalisme[note 12] naissant[42].
En septembre 1917[54], en pleine guerre, Alvaro de Campos, inspiré par le Manifeste du futurisme du nationaliste italien Marinetti, appelle, par un Ultimatum aux générations futuristes portugaises du XXe siècle[note 17] publié dans le premier et dernier numéro de la revue Portugal futuriste(pt), au renvoi de tous les « mandarins » européens et à l'avènement d'une civilisation technicienne de surhommes. Quelques mois après, en 1918, parce qu'ils contiennent des insultes[note 18] tant contre les Alliés que contre le Portugal qui attisent les divisions entre germanophiles et républicains[55], la police de Sidónio Pais, dans les suites de l'arrestation d'Afonso Costa et du coup d'état du [56] que pourtant Fernando Pessoa approuve, saisit les exemplaires restants et poursuit les auteurs[54] au prétexte qu'un des dix poèmes d'Almada Negreiros y figurant, Apologie du triangle féminin, est pornographique[57]. Inversement, Antinoüs, poésie où passion charnelle et spiritualité s'entremêlent, et 35 sonnets, plus élizabethains que Shakespeare lui-même[58] et tout empreints de métaphysique, valent à Fernando Pessoa une critique élogieuse venue de Londres[59].
En 1920, il s'installe à Campo de Ourique(pt), un quartier de Lisbonne, au 16 rue Coelho da Rocha, avec sa mère invalide devenue une seconde fois veuve et bientôt reléguée dans un hospice de Buraca, campagne du nord-ouest de Lisbonne. Il déserte désormais le café A Brasileira pour l'antique café Martinho da Arcada, place du Commerce. Une correspondance amoureuse et une relation intense avec une secrétaire de dix-neuf ans très entreprenante[60] rencontrée en janvier chez un de ses employeurs[note 19], Ofélia Queiroz, coïncide avec un état qui lui fait envisager son propre internement et se solde en octobre par la rupture.
La prestigieuse revue londonienne Athenaeum avait publié le de cette année Meantime[61],[cf 9], un des cinquante-deux poèmes de The Mad Fiddler qui avait été refusé en 1917, classant ainsi son auteur au Parnasse anglais. L'année suivante, il fonde avec deux amis la librairie Olisipo[note 20] qui opère également comme maison d’édition. Celle-ci publie English Poems en trois séries[62]. À partir de 1922, il donne de nombreux textes à la revue littéraire Contemporânea[note 21] dont Le banquier anarchiste, brûlot à l'humour provocateur[63] fustigeant tant l'ordre bourgeois que l'intellectualisme des révolutionnaires[64],[note 22]. Destinée à une traduction anglaise, ce fut la seule œuvre que l'auteur considéra comme achevée[65] quoique la naïveté de sa construction la fit dédaigner des spécialistes[66]. En octobre 1924, il fonde avec Ruy Vaz la revue de poésie Athena dans laquelle il continue de publier mais en portugais.
Le , il perd sa mère, dont il ne désespérera jamais retrouver par delà la mort l'affection[68] éteinte par la maladie, renonce à poursuivre sa revue Athena, et c'est sa première demi-sœur Henriqueta[note 23] et son beau-frère, le colonel Caetano Dias, qui viennent habiter avec lui. En 1926, alors qu'il envisage à son tour le suicide[69], un de ses demi-frères le fait venir à ses côtés à la direction de la Revue de Commerce et de Comptabilité.
À partir de 1927, il est, avec maints de ses jeunes admirateurs[note 24], un des collaborateurs de la nouvelle revue Presença(pt), laquelle revendique la ligne moderne de l'éphémère revue Orpheu. En 1928, il publie dans la brochure gouvernementale L'interrègne[note 25] une Justification de la dictature militaire au Portugal, appelant à la remise en ordre du pays et soutenant la répression militaire de février 1927. Il ne reniera jamais sa position sur la dictature militaire, même s'il exprimera à plusieurs reprises sa volonté de refondre cette brochure pour en faire un livre abouti sur la dictature, entre histoire et sociologie. Pessoa conçoit en effet l'armée comme une force rédemptrice d'un pays malade, dont l'identité s'est perdue à force d'imitation de contrées étrangères comme la France[70]. En revanche, il n'aura que des mots durs pour la dictature civile[62] : celle-ci ne sert que des intérêts particuliers, à rebours des militaires, dont la formation permettrait de neutraliser leurs ambitions. L'évolution de son opinion sur Salazar en témoigne[71]. Alvaro de Campos écrit son désenchantement ironique dans Bureau de tabac[cf 10] et lui-même entame à partir de son poème Mer portugaise publié en 1922 dans Contemporânea la rédaction de ce qui deviendra Message.
En septembre 1929, il renoue avec Ofélia, seule histoire d’amour qui lui soit connue, mais leur liaison ne connaîtra pas de suite après 1931. En septembre 1930, il rencontre, en tant que disciple gnostique de la société secrète dite de l'Ordre des Templiers[62],[note 27], le thélémiteAleister Crowley, qu'il avait impressionné au cours de leur correspondance par son érudition astrologique, alors que celui-ci est de passage en compagnie d'une « magicienne » de dix-neuf ans, Hanni Larissa Jaeger[note 28]. La farce du faux suicide de son hôte à la Boca do Inferno(pt) à Cascais[73], rivage prédestiné à l'ouest de Lisbonne, est tout à fait dans l'esprit mystificateur du poète et devait servir, en alertant toutes les polices d'Europe, au lancement d'une série[74] de romans policiers qui restera à l'état d'ébauche[75], les enquêtes du DocteurQuaresma, déchiffreur[74],[note 29] qui se seraient voulues une méthode d'investigation[76] de la criminalité de l'homme[77]. Fernando Pessoa fait l'objet d'un article paru à Paris[78].
En 1931, il écrit Autopsychographie[79],[cf 11], art poétique en trois quatrains. Il observe la mode du « freudisme » auquel il reproche de rabaisser l'homme au sexe[80] tout en prétendant dépasser la psychanalyse[81] et conçoit une nouvelle en forme d'étude psychiatrique, Marcos Alves[82]. Sa candidature au poste de bibliothécaire du musée de Cascais est rejetée en 1932. En 1933, paraissent les premières traductions de ses textes[83]. Dans un poème[84], il rationalise son sentiment d'une vie double, l'une rêvée et vraie, l'autre vécue et fausse : « Nous avons tous deux vies : la vraie, celle que nous rêvons dans l'enfance, que nous continuons de rêver adultes, sur fond de brouillard ; la fausse, celle que nous partageons avec les autres, la vie pratique, la vie utile, celle où l'on finit dans un cercueil. », écrit-il dans Fragments d'un voyage immobile[85][réf. souhaitée].
En 1934, il publie son premier recueil en portugais, Message. Ces quarante-cinq poèmes mystiques composent en trois parties une sorte d’épopée rosicrucienne[86] dont le messianismesébastianiste prophétise une humanité nouvelle et l'avénement du « Cinquième Empire de paix universelle[86] ». Présentés par ses soins au jury du prix Antero de Quental(pt) fondé l'année précédente par l'ex-éditeur de la revue Orpheu, António Ferro(pt) devenu chef de la propagande de l'Estado Novo, ils lui valent de remporter le second prix, sa création étant jugée trop éparse pour un premier prix.
À la suite d'un projet de loi d'interdire les sociétés secrètes, il publie dans la presse une défense de la franc-maçonnerie[87] et des pamphlets contre Salazar. L’année suivante, il refuse d’assister à la cérémonie de remise de son prix présidée par celui-ci. En octobre, en guise de protestation contre la censure, il décide de cesser de publier au Portugal[86].
Un mois et demi plus tard, le , jour de son admission à l’hôpital Saint-Louis des Français pour une cirrhose décompensée, il écrivait son dernier mot, I know not what tomorrow will bring[23],[note 30]
.
Il meurt le lendemain, le de cette maladie[88], pauvre et méconnu du grand public, mais estimé d'un petit cercle d'amis.
Ses œuvres complètes seront éditées de 1942 à 1946. Des recherches plus complexes ont permis de faire resurgir son théâtre en 1952 et des inédits en 1955 et 1956. L'inventaire dressé par la Bibliothèque nationale du Portugal à la suite de son achat, à l'hiver 1978-1979[25], des manuscrits aux héritiers a permis de composer un certain nombre de publications dont Le Livre de l'intranquillité en 1982 et Faust en 1988. Les articles publiés de son vivant ainsi que les manuscrits inédits font l'objet de reconstitutions qui paraissent sous formes d'essais ou de recueils.
Pessoa a créé une œuvre poétique multiple et complexe sous différents hétéronymes en sus de son propre nom. Chacun de ces hétéronymes étant identifié par un style et une production personnels[89].
L'auteur utilisera au cours de sa carrière de nombreux hétéronymes et pseudonymes :
Alberto Caeiro, qui incarne la nature et la sagesse païenne ;
Ricardo Reis, l'épicurisme à la manière d'Horace ;
Alvaro de Campos, le « modernisme » et la désillusion ;
Bernardo Soares, modeste employé de bureau à la vie insignifiante s'il n'était l'auteur du livre sans doute le plus célèbre de l'auteur, Le Livre de l'intranquillité ;
et au moins soixante-douze alias en incluant les simples pseudonymes et semi-hétéronymes[90],[91].
Bernardo Soares est considéré par lui comme son semi-hétéronyme, plus proche de l'auteur orthonyme. Il signe aussi quelques textes en prose sous son propre nom, comme Le Banquier anarchiste. L'hétéronymie deviendra sa façon d'être. De multiples autres hétéronymes auront des fonctions diverses, de l'astrologie à l'auteur de rébus.
Il reste que les grands hétéronymes littéraires auront une telle force, seront à l'origine d'une création littéraire si unique que l'auteur leur trouvera même à chacun une biographie justifiant leurs différences. Fernando Pessoa deviendra « le cas Pessoa » pour grand nombre d'intellectuels, de critiques, de littérateurs, de simples lecteurs.
« Nombreux sont ceux qui vivent en nous ; Si je pense, si je ressens, j’ignore Qui est celui qui pense, qui ressent. Je suis seulement le lieu Où l’on pense, où l’on ressent.. »
— Version du je est un autrerimbaldien de Ricardo Reis, double philosophe de Fernando Pessoa[92].
Dans son poème Song of Myself, le poète Walt Whitman avait exprimé une impression similaire : « I am large, I contain multitudes ».
Prolifique et protéiforme, Pessoa est un auteur majeur de la littérature de langue portugaise dont le succès mondial croissant depuis les années quatre-vingt a été consacré par la Pléiade. Son œuvre, dont de nombreux textes écrits directement en anglais, a été traduite dans un grand nombre de langues, des langues européennes au chinois. Des hommes de théâtre, des chorégraphes, des compositeurs se sont désormais emparés de cette œuvre très riche pour des spectacles. Le cinéma également a produit des films inspirés par ce poète.
Pessoa a la singularité d'être simultanément un écrivain anglophone. En volume, approximativement un dixième de sa production est anglaise[93], nonobstant l'apport qualitatif de cette production à la littérature. Élevé à Durban, capitale du Natalbritannique, brillantissime diplômé de l'université du Cap de Bonne-Espérance en Afrique du Sud, c'est en tant que dramaturge shakespearien qu'il y commence en 1904 le métier d'écrivain et en tant que poète anglais qu'il le poursuit jusqu'en 1921 dans sa Lisbonne natale. De son vivant, sa production en portugais a été principalement celle d'un critique et les poèmes portugais qu'il a alors donnés l'ont été bien souvent pour le service de cette critique.
Pessoa a aussi écrit, souvent à des dates inconnues, en français, langue de la relation privilégiée avec une mère[68] réinventée par-delà les conflits familiaux[94],[note 31]. Cinq dossiers de ses archives[95] regroupent ses poèmes français[96], sa prose française[97] et les traductions qu'il a faites de ses poèmes anglais[98]. De cette production, seuls trois poèmes ont été publiés : Trois chansons mortes[99], Aux volets clos de ton rêve épanoui, Le Sourire de tes yeux bleus. Les poèmes français de Pessoa, tel Je vous ai trouvé, ressemblent plus souvent à des chansons.
Le portugais deviendra, cependant, la langue de sa grande créativité, la perfection de son anglais donnant en revanche à celui-ci un air factice[58]. Il affirmera avec force « ma patrie est la langue portugaise » alors même qu'il ne cessera[23] de penser en anglais, passant naturellement d'une langue à l'autre au cours d'un même écrit[100].
De son vivant, Fernando Pessoa a régulièrement écrit dans des revues littéraires portugaises dont celles qu'il a créées. En outre, il a fait paraître en anglais deux ouvrages mais sa mort prématurée ne lui a laissé le temps de publier qu'un seul livre en portugais, qui eut toutefois un succès retentissant : le recueil de poèmes Message, en 1934.
À sa mort, on découvrit, enfouis dans une malle, 27 543 textes que l'on a exhumés peu à peu. Le Livre de l'intranquillité n'a été publié qu'en 1982 et son Faust en 1988. Tous ces manuscrits se trouvent depuis 1979 à la Bibliothèque nationale de Lisbonne.
Son apport à la langue portugaise a été comparé au cours de l'hommage national officiel rendu le jour anniversaire de sa naissance, en 1988, à celui de Luís de Camões.
Le nom ou l'image-symbole de Fernando Pessoa ont été donnés à de nombreuses institutions portugaises. Depuis 1996, il existe une université Fernando Pessoa à Porto.
Álvaro de Campos, Notes en mémoire de mon maître Caeiro, in Textos de Crítica e de Intervenção, Ática, Lisboa, 1980 (étude littéraire posthume rassemblant autour d'articles publiés du vivant de l'auteur sous ce titre des manuscrits portant sur le même sujet).
António Mora, Introduction à l'étude de la métaphysique, titre prévu par l'auteur[101] d'un essai dont divers manuscrits écrits sous divers hétéronymes à différentes époques font la substance, in Textos Filosóficos, vol. I & II, Ática, Lisbonne, 1968.
António Mora, La morale, titre prévu par l'auteur[102] d'un essai dont la substance (morale de la Force, morale de la Domination de soi, morale de l'Idéal, l'Humilité, l'Ascétisme)[103] a été retrouvé dans divers manuscrits, in Textos Filosóficos, vol. I, p. 226, Ática, Lisbonne, 1968.
António Mora, Le retour des dieux, inachevé, in G.R. Lind & J. do Prado Coelho, Páginas Íntimas e de Auto-Interpretação, Ática, Lisbonne, 1996 (apologie d'un retour à une religion polythéiste).
Bernardo Soares ou baron de Teive, L'éducation du stoïcien, Assirio & Alvim, Lisbonne, 1999 (essai sur le suicide).
Chronique de la vie qui passe in M.I. Rocheta & M.P. Morão, Ultimatum e Páginas de Sociologia Política, Ática, Lisbonne, 1980 (recueil des articles parus dans cette rubrique du O Journal(pt) en 1915).
Erostratus in Páginas de Estética e de Teoria Literárias, Ática, Lisbonne, 1966 (essai sur la création littéraire).
Lisbonne: ce que le touriste doit voir, Livros Horizonte, Lisbonne, 1992.
Le Paganisme supérieur, titre prévu par l'auteur[104] d'un recueil d'articles ésotériques et métaphysiques parus dans diverses publications posthumes.
Théorie de la République aristocratique, titre prévu par l'auteur[105] d'un essai dont des articles parus de son vivant dans des journaux et des manuscrits de nature sociologique et politique parus dans diverses collections posthumes font la substance.
De la dictature à la république, inachevé, in M.I. Rocheta & M.P. Mourão, Da República (1910 - 1935), Ática, Lisbonne, 1979 (histoire politique du Portugal moderne).
Le Sens du sidonisme, inachevé, in M.I. Rocheta & M.P. Mourão, Da República (1910 - 1935), Ática, Lisbonne, 1979.
Le préjugé des révolutionnaires, inachevé, in M.I. Rocheta & M.P. Mourão, Ultimatum e Páginas de Sociologia Política, Ática, Lisbonne, 1980.
Cinq dialogues sur la tyrannie, inachevé, in M.I. Rocheta & M.P. Morão, Ultimatum e Páginas de Sociologia Política, Ática, Lisbonne, 1980 (défense de la liberté individuelle et dénonciation de la dictature).
Commerce et civilisation, traduit du portugais par Simone Biberfeld et Parcidio Gonçalves, Éditions de la Différence, Paris, 2012
Autres poèmes et fragments, titre prévu par l'auteur[104] de poèmes parus en éditions posthumes
Fragments in T. Sobral Cunha, Pessoa por conhecer - Textos para um novo mapa, Estampa, Lisbonne, 1990.
Poèmes inconnus in T. Sobral Cunha, Poemas Completos de Alberto Caeiro, Presença, Lisbonne, 1994 (Certains étaient parus dans Athena, Presença(pt) ou l'édition de 1946).
Ode triomphale, Orpheu(pt) no 1, Lisbonne, 1er trimestre 1915.
Ode maritime, Orpheu(pt) no 2, Lisbonne, 2e trimestre 1915. Réédition (France) : Ode maritime et autres poèmes, traduit du portugais par Dominique Touti et Michel Chandeigne, présenté par Claude Michel Cluny, éd. bilingue, Éditions de la Différence, coll. « Orphée », Paris, 1990.
Poésies d'Álvaro de Campos, Ática, Lisbonne, 1944.
Chronique de la vie qui passe (œuvres en prose en dehors du Livre de l'intranquillité)
Ode maritime et autres poèmes (1915, publié dans le deuxième numéro de la revue Orpheu) ; édition récente : traduit du portugais et accompagné de dessins par Thomas Pesle, 48 p., Éditions Unes, 2016 • (ISBN978-2-87704-164-5)
Le Gardeur de troupeaux et les autres poèmes d'Alberto Caeiro avec Poésies d'Alvaro de Campos (1914)
Bureau de tabac, traduit par Adolfo Casais Monteiro et Pierre Hourcade, ed. bilingue, éditions Inquérito Limitada, 1952.
Ode Maritime, préface et traduction d'Armand Guibert, Éditions Seghers
Bureau de tabac et autres poèmes, préface et traduction d'Armand Guibert, éditions Caractères, 1955.
Le Gardeur de troupeaux et les autres poèmes d'Alberto Caeiro, traduit par Armand Guibert, Éditions Gallimard, collection blanche, 1960, 224 p.
Visage avec masques, poèmes des principaux hétéronymes, traduits et présentés par Armand Guibert, Alfred Eibel éditeur, Lausanne,1978, (ISBN2-8274-0035-9), 228 p.
Antinoüs, préfacé et traduit par Armand Guibert, Éditions Fata Morgana, collection Dioscures, 1979, 64 p.
Bureau de tabac, traduit par Rémy Hourcade, 1985, Éditions Unes.
L'Ode triomphale & douze poèmes de la fin d'Alvaro de Campos, traduits par Rémy Hourcade et Emmanuel Hocquard, éditions Royaumont, 1986, non paginé.
Cent cinquante-quatre quatrains, traduit et préfacé par Henry Deluy, 1986, Éditions Unes.
Le Livre de l'inquiétude, traduit et préfacé par Inês Oseki-Dépré, 1987, Éditions Unes.
Le Gardeur de troupeaux et autres poèmes, présentés et traduits par Armand Guibert, Paris, Gallimard, coll. « Poésie » 1987, (ISBN978-2-0703-240-64), 288 p.
Alvaros de Campos, choix de poèmes traduits par Rémy Hourcade et Emmanuel Hocquard, éditions Royaumont, 1988, 64 p.
Quatrains complets, traduit et préfacé par Henry Deluy, 1988, Éditions Unes.
Fernando Pessoa, Le Livre de l'intranquillité, 1ère édition (en 2 volumes), 1988 ; 2ème édition (en 1 volume) corrigée et augmentée, 1999 ; 3ème édition corrigée et augmentée, 2011 ; nouvelle édition revue sous le titre Livre(s) de l'inquiétude, 2018. Éditions Christian Bourgois.
L'Heure du diable (édition bilingue), préface de José Augusto Seabra, postface de Teresa Rita Lopes, traduit par Maria Druais et Bernard Sesé, Paris, José Corti, coll. « Ibériques », 1989.
Bureau de tabac, préface de Adolfo Casais Monteiro (1952) et postface de Pierre Hourcade (1975), traduit par Rémy Hourcade, 1993 - édition définitive, Éditions Unes.
Histoires d'un raisonneur, traduit de l’anglais par Christine Laferrière et du portugais par Michelle Giudicelli, Paris, Éditions Christian Bourgois, 2014.
Ode maritime, traduit par Thomas Pesle, 2016, Nice, Éditions Unes.
Fernando Pessoa (trad. Michel Chandeigne et Joanna Cameira Gomes, préf. Maria José de Lancastre et Joanna Cameira Gomes), Lisbonne revisitée Anthologie, Paris, Chandeigne, coll. « Bibliothèque Lusitane », (ISBN978-2-36732-170-7)[114],[115].
Poèmes jamais assemblés d’Alberto Caeiro, traduit du portugais par Jean-Louis Giovannoni, Isabelle Hourcade, Rémy Hourcade et Fabienne Vallin, Nice, Éditions Unes, 2020.
Opium à bord, traduit du portugais, par Jean-Louis Giovannoni, Isabelle Hourcade, Rémy Hourcade et Fabienne Vallin, Nice, Éditions Unes, 2021.
Ultimatum, traduit du portugais, par Jean-Louis Giovannoni, Isabelle Hourcade, Rémy Hourcade et Fabienne Vallin, Nice, Éditions Unes, 2023.
Le passage des heures, traduit du portugais, par Jean-Louis Giovannoni, Isabelle Hourcade, Rémy Hourcade et Fabienne Vallin, Nice, Éditions Unes, 2024.
Fernando Pessoa, José Blanco, Pessoa en personne, Paris, La Différence, 1986, rééd. coll. "Minos", 2003.
Correspondance avec Ofélia Queiroz, Cartas de Amor, Ática, Lisbonne, 1978.
Correspondance avec Armando Cortes-Rodrigues(de), Cartas de Fernando Pessoa a Armando Côrtes-Rodrigues, Confluência, Lisbonne, 1944.
Correspondance avec João Gaspar Simões(pt), Cartas de Fernando Pessoa a João Gaspar Simões, Europa-América, Lisbonne, 1957.
Correspondance diverse in Escritos Íntimos, Cartas e Páginas Autobiográficas, Europa-América, Mem Martins(pt) (Portugal), 1986 & in Pessoa Inédito, Livros Horizonte, Lisbonne, 1993.
Les Secrets de la Bouche de l'Enfer, dossier basé sur la correspondance entre Pessoa et Aleister Crowley, Editions ODS, 2015. (ISBN979-1091506335). (ASINB016YR81KI).
Fernando Pessoa, Pourquoi rêver les rêves des autres ? Lettres de mon ailleurs, (par Lorenzo Flabbi), Paris, Éditions L'orma, 2020 (ISBN9788831312134)
↑Son nom de famille, qui signifie « personne » et qui vient du mot latin signifiant « masque de théâtre », était orthographié Pessôa sur son acte de naissance. L'accent circonflexe fut supprimé par lui-même le 4 septembre 1916 après une réforme de l'orthographe portugaise. Cet acte hautement symbolique voulait marquer une renaissance personnelle à la modernité et un engagement pour la modernisation soutenue par la nouvelle république du Portugal. Persona en latin, person en français (cf. J.-P. Gibert, Usages de l'Église gallicane concernant les censures et l'irrégularité, p. 695, Jean Mariette, Paris, 1724.), pessoa en portugais, parson en anglais et en breton, désigne le titulaire d'un personnat, bénéfice ecclésiastique attribué au chef de paroisse (cf. Dictionnaire de l'Académie française de 1694). Habituellement, le person était également recteur. Dans les paroisses où siégeait un évêque, un abbé ou un de ses représentants, la cure revenait à ce dernier et le person, déchargé du titre de curé, se contentait d'un bénéfice mineur, amputé d'une part du personnat. Dans ce cas, il était un membre du chapitre ne dépendant pas temporellement de l'évêque ou de l'abbé à la différence des autres chanoines qui tiraient leur prébende de celui-ci.
↑Chansons et traductions de ses propres œuvres, accessoirement correspondance, réflexions personnelles et notes de travail.
↑Au-delà de la métonymie entre « pas » et « non » (et « nom » puis « personne »...), il s'agit peut-être d'une réminiscence de l'histoire d'un croisé de la famille de Pas.
↑Sise à l'angle de West street et de Grey street, renommées depuis 2008 respectivement avenue du Docteur Pixley KaSeme et avenue Yusuf Daddoo. L'église paroissiale a été démolie avec son séminaire et reconstruite dans le quartier excentré de Greyville en 1903, puis, en 1976, reléguée dans le quartier septentrional de Morningside, 212 Florida road.
↑Outre Madalena Henriqueta, née à Durban le 22 octobre 1898, mourra prématurément une autre demi-sœur, Maria Clara, née en août 1904, morte à deux ans.
↑"Hillier did first usurp the realms of rhyme...". Quatre autres, sous le même pseudonyme, suivront de février à juin 1905, Joseph Chamberlain, To England I, To England II et Liberty
↑L'ibis est l'oiseau de Thot, dieu des scribes. L'espèce hagedash était aussi un souvenir de l'enfance au Natal.
↑Une nouvelle poésie portugaise considérée du point de vue sociologique.
↑Rechute. et Une nouvelle poésie portugaise considérée sous son aspect psychologique.
↑Une autre revue rendra hommage à cette tentative éditoriale de 1914 en adoptant le nom de La nouvelle Renaissance(pt)
↑Outre l'influence déterminante sur le Lisbonne littéraire et Pessoa en particulier du Mercure de France, P.M. Pinho Martins (opus cité, p. 45) note la riche correspondance d'Almada Negreiros, très proche collaborateur de Fernando Pessoa, échangée avec Sonia et Robert Delaunay et surtout la présence du couple de surréalistes au Portugal durant la guerre, en 1915, c'est-à-dire durant le temps que Fernando Pessoa avait pris la direction de la revue Orpheu(pt).
↑Orphelin se dit Órfão en portugais. Fernando Pessoa, orphelin à cinq ans, appelait sa bien-aimée Ophelina.
↑Il a écrit dans une lettre citée dans Le Capital(pt) du 9 juillet 1915 que le tramway qui faillit tuer en plein coup d'État (14 mai) Afonso Costa et la démocratie marquait l'avénement du futurisme à « l'heure si délicieusement mécanique où la Divine Providence elle-même se sert des tramways pour ses grands enseignements ». Fernando Pessoa échappera aux poursuites en invoquant un état d'ébriété.
↑Les titres un peu ronflants donnés à chacun donnaient une façade de sérieux à une revue qui se voulait canular. Par exemple, l'« éditeur » était mineur.
↑Après avoir annoncé par courrier son suicide et rédigé un faire-part à la seule femme qu'il avait connue, le jour fixé, il enfila un smoking, reçu à l'heure convenue José Araújo et donna à celui-ci le bref spectacle des contorsions de son corps causées par l'absorption du contenu de trois flacons de strychnine (cf. entre autres A. Rodrigues, Jorge Barradas, ch. V, Casa da Moeda, Lisbonne, 1995).
↑Mer portugaise qui sera repris dans Message, Le fiston à sa maman, Lisbon revisited, le poème anglais Spell (mars 1923)...
↑Fernando Pessoa, contempteur tant de l'autoritaire João Franco accusé d'avoir brimé les étudiants et favorisé le régicide que du démocrateAfonso Costa, se définit lui-même comme un libéral conservateur, monarchiste par principe, républicain par pragmatisme, radicalement opposé au conservatisme réactionnaire qui triompha au Portugal (Cf. F. Pessoa, fiche autobiographique, opus cité infra).
↑Henriqueta Madalena, née le 27 novembre 1896. Ses deux demi-frères ont également survécu, Luís Miguel, né en janvier 1900, et João Maria, né à Lisbonne en janvier 1902 alors que la famille voyageait en métropole.
↑Publiée par le Centre d'Action Nationale (Núcleo de Acção Nacional).
↑Primeiro estranha-se, depois entranha-se. Le marché fut aussitôt réfermé par le gouvernement portugais.
↑D'après la fiche signée de sa main qu'il a laissée peu avant sa mort (ref. supra), il avait franchi à la fin de sa brève vie les trois premiers des douze grades de l'ordre et était donc qualifié de « magicien ».
↑Toute l'attirance exercée sur Fenando Pessoa par la maîtresse d'alors du maître transparait dans un poème daté du 10 septembre 1930. C'est peut-être la raison de l'interruption de sa correspondance amoureuse avec Ophélie.
↑Le Dr. Dr. Quaresma. Quatre ébauches ont été retrouvées dans les manuscrits de Pessoa, Le cas Vargas, Une lettre magique, Le Vol de la ferme viticole, Le cas de la fenêtre étroite.
↑Je n'ai pas la connaissance de ce que demain apportera, expression d'un rapport au monde, d'une quête initiatique de la connaissance d'une altérité occulte, d'un au-delà océanique qui aura empli de paroles toute sa vie.
↑La belle famille a fait disparaître la correspondance adressée à sa mère habitant Durban alors qu'il s'était lui-même installé à Lisbonne.
↑Moi, le Docteur, L'âne et les deux rives, La grêle, Le secret de Rome, Si vis bellum para pacem
↑« Quadras » est un jeu de mots entre « pâté de sable » enfantins du poète et « paté » au sens d'étalement de l'encre par une plume maladroite et une allusion aux misérables pâtés de maisons de l'habitat populaire.
↑« Le sensationnisme ne s'appuie sur aucune base (…). Le sensationnisme est ainsi car, pour le sensationniste, chaque idée, chaque sensation à exprimer doit l'être d'une manière différente de celle qui en exprime une autre. » (F. Pessoa, Páginas Intimas e de Auto-Interpretação, p. 159, Ática, Lisbonne, 1966)
↑« O terres du Portugal O terres où je naquis Pour autant que je vous chéris Inde a ma préférence. »
↑Exemple de poèmes en portugais datant de cette époque, Quand il passe.
↑Une de mes complications mentales (...) est la peur de la folie, laquelle, en soi, est déjà de la folie. (...) Des impulsions, tantôt criminelles, tantôt démentes, qui arrivent, au milieu de ma souffrance crucifiante, à une tendance horrible à l'action, une terrible muscularité, je veux dire ressentie dans les muscles, – ce sont des choses fréquentes en moi, et leur horreur et leur intensité – maintenant plus grandes que jamais en nombre comme en intensité─ sont indescriptibles (1908, ref. citée)
↑« Je ne nie pas, toutefois ─ je favorise même ─, l'explication psychiatrique (...) Il ne m'est pas difficile d'admettre que je sois fou, mais j'exige que l'on comprenne que je ne suis pas différemment fou de Shakespeare, quelle que soit la valeur relative des produits du côté sain de notre folie » (ref. citée).
↑C. E. Geerdts, Letter to Dr. Faustino Antunes du 4 octobre 1907 in R. Zenith, Escritos Autobiográficos, Automáticos e de Reflexão Pessoal, pp. 394–398, Assírio & Alvim, Lisbonne, 2003.
↑ a et bF.Pessoa, Escritos autobiográficos, automáticos e de reflexão pessoal, p.91, Assírio & Alvim, Lisboa, 2003.
↑Textos de Intervenção Social e Cultural, a ficção dos heterónimos, introduções, organização e notas de António Quadros, p. 181-182, Europa-América, Mem Martins (Portugal), 1986.
↑P.M. Pinho Martins, L'avant garde dans Orpheu entre ardeur et désistement, mémoire sous la direction de C. Dumas, p. 96, Université de la Sorbonne Nouvelle, Paris, 2007 L'avant garde dans Orpheu.
↑P.M. Pinho Martins, L'avant garde dans Orpheu entre ardeur et désistement, mémoire sous la direction de C. Dumas, p. 97, Université de la Sorbonne Nouvelle, Paris, 2007 L'avant garde dans Orpheu.
↑A. Pereira-Ruivo, La genèse du sensationnisme - Lettre de Sá Carneiro e Pessoa. in Boîte aux Lettres n°11, p. 83, Presses Sorbonne Nouvelle, Paris, 2004 (ISBN2-87854-297-5).
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↑F. Nietzsche, La Naissance de la tragédie, p. 54, Christian Bourgois 10/18, Paris, 1991.
↑M.T. Correia, Mallarmé e Fernando Pessoa perante O Corvo de Edgar Allan Poe in Ocidente vol. 65 n°303, p. 12, Lisbonne, juillet 1963.
↑Note 31-95 de l'inventaire des archives anglaises Pessoa in A. Terlinden, Fernando Pessoa: the bilingual portuguese poet, p. 200, Publications de l'Université Saint-Louis - Bruxelles, Bruxelles, 1990 (ISBN2-8028-0075-2).
↑A. Pereira-Ruivo, La genèse du sensationnisme - Lettre de Sá Carneiro e Pessoa. in Boîte aux Lettres n°11, p. 67, Presses Sorbonne Nouvelle, Paris, 2004 (ISBN2-87854-297-5).
↑A. Pereira-Ruivo, La genèse du sensationnisme - Lettre de Sá Carneiro e Pessoa. in Boîte aux Lettres n°11, p. 69, Presses Sorbonne Nouvelle, Paris, 2004 (ISBN2-87854-297-5).
↑F. Busnel, Le Magazine littéraire, Paris, mars 2000.
↑A. Pereira-Ruivo, La genèse du sensationnisme - Lettre de Sá Carneiro e Pessoa. in Boîte aux Lettres n°11, p. 68-69, Presses Sorbonne Nouvelle, Paris, 2004 (ISBN2-87854-297-5).
↑ a et bP.M. Pinho Martins, L'avant garde dans Orpheu entre ardeur et désistement, mémoire sous la direction de C. Dumas, p. 45, Université de la Sorbonne Nouvelle, Paris, 2007 L'avant garde dans Orpheu.
↑P.M. Pinho Martins, L'avant garde dans Orpheu entre ardeur et désistement, mémoire sous la direction de C. Dumas, p. 45-46, Université de la Sorbonne Nouvelle, Paris, 2007 L'avant garde dans Orpheu.
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Catalogue exposition Univers Pessoa, Europalia Portugal 91, Bruxelles 1991 (commissaire exposition et du catalogue : Pierre Léglise-Costa)
Ana Maria Binet, L'Ésotérisme dans l'œuvre de Fernando Pessoa, thèse pour le Doctorat d'Études ibériques et ibéro-américaines, Université Michel de Montaigne-Bordeaux III, 1996, 745 p.
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José Augusto Seabra, Fernando Pessoa. Pour une poétique de l’ésotérisme, préface de Alain Martinet, Éditions À l’Orient, coll. « De l’Orient à l’Orient », 2004, 160 p.
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Oscar Ferreira, « Un défenseur ésotérique de la dictature militaire : Fernando Pessoa », Revue Française d'Histoire des Idées Politiques, 2024/1 (N° 59), p. 113-168
Damien Mollaret, Le Détour par l’autre. Plurilinguisme et pseudonymie (Pessoa, Nabokov, Borges, Gary), Paris, Éditions Classiques Garnier, coll. « Perspectives comparatistes », 2022, 817 p.