Fitna[1], au pluriel fitan, est un mot arabe utilisé pour désigner différents schismes politico-religieux, guerres civiles, rivalités et divisions entre les musulmans. Outre son sens premier, ce mot peut également être traduit par « trouble, révolte, agitation, sédition[2] ».
On retient généralement six fitan majeures :
Le terme fitna provient originairement du lexique métallurgique[4], mais il est devenu plus commun dans les écrits apocalyptiques. On le trouve surtout dans les recueils de hadiths[5].
Il est habituellement utilisé pour se référer au schisme politico-religieux et à la guerre civile subséquente ayant suivi l'assassinat du calife Othman, en 656 et la bataille du Chameau appelée première fitna. La deuxième fitna désigne en général la guerre à l'intérieur du califat, lors du conflit entre les Omeyyades de 683 à 685. On parle aussi de fitna lors de la désintégration du califat de Cordoue en plusieurs fiefs indépendants, menant à l'époque des taifas.
Selon Gilles Kepel, « La fitna est traduite parfois par sédition, soit le fait que la communauté musulmane est fragmentée parce qu’elle a perdu le sens des proportions et de la réalité, de la maslaha, qu’elle est livrée aux démons de l’extrémisme et qu’elle va à sa perte. C’est le djihad qui revient comme un boomerang à l’intérieur et qui affaiblit la communauté. La fitna, c’est la hantise des oulémas depuis que l’islam existe[6]. »
« [Ce sera] un Jour où ils seront mis à l'épreuve (c'est-à-dire brûlés) dans le Feu ! » Sourate adh-Dhaariyat (51:13)[7].
Le sens du mot fitna, dans la définition normale ou islamique, est le même que la définition linguistique. C'est pourquoi, utilisé dans le Coran, ce mot veut dire « épreuve, test » : « Les gens pensent-ils qu'ils seront laissés seuls, à eux-mêmes, parce qu'ils disent : Nous croyons, et qu'ils ne seront pas éprouvés [yuftanun]? » sourate al-'Ankabut (29:2)[7].
On peut lire dans la sourate al-Anbiya : « Tous goûteront la mort, et Nous vous éprouverons les uns les autres avec le bien et avec le mal, et à Nous vous serez retournés. » (21:35)[7].
Fitna veut aussi dire, en second lieu, le fait d'être brûlé, et désigne ainsi le châtiment dans l'enfer, comme le montre la sourate Adh-Dhariyat : « Goûtez à votre épreuve (punition, le fait d'être brûlé) [fitnata-kum] ! C'est ce que vous cherchiez à hâter ! » (51:14)[7].
Enfin, fitna a d'autres définition dans le Coran, comme l'association dans l'adoration[7].
Il y a plusieurs sortes de fitna, mais les exégètes du Coran considèrent que les sens convergent vers deux principaux types[8]. Le premier est la fitna ash-Shubuhât (la fitna des choses qui ne sont pas claires, des doutes, des idées fausses). Ces doutes sont en opposition avec la bonne 'aqidah qui emmène à une altération dans la pensée et les conceptions religieuses[pas clair]. L'affliction du doute est le plus grand et le plus redouté type de fitna, car elle peut mener à l'incroyance et à l'associationnisme (shirk)[9].
Le second type est la fitna ash-Shahawât (la fitna de la luxure et des désirs malsains). Ce type de fitna est en opposition avec la volonté de chaque individu[pas clair] et mène à une mauvaise conduite. Malgré les grands dangers associés à ce type de fitna, elle est moins dangereuse que la fitna ash-Shubuhât[9].