Elle participe, avec les productions de Jan Tschichold, à la modernité contemporaine du Bauhaus. S'opposant à une tradition typographique de la continuité, ces travaux se distinguaient par l'affirmation de nouveaux modèles d'écriture, notamment basés sur des formes géométriques, comme l'atteste le dessin de la lettre « O » dans le Futura.[réf. souhaitée]
Le Futura, conçu entre et , est donc novateur pour son époque, car empreint des idéaux modernistes du Bauhaus, même si son créateur n'en fut pas membre. Le caractère va rencontrer un succès fulgurant et sera distribué dans le monde entier. Cependant les nazis vont rapidement imposer leur conception de la typographie. Désormais, tout doit être écrit en gothique allemand (Fraktur), police avec laquelle a été imprimé Mein Kampf. Le Futura sera interdit des documents officiels, et son auteur sera chassé de son poste de directeur de l'école d'imprimerie de Munich[1].
Il faudra attendre , pour que les nazis renoncent à l'emploi obligatoire des écritures gothiques. Ce revirement est beaucoup plus pragmatique qu'idéologique. L'emploi des typographies gothiques dans les pays occupés rendait la propagande nazie illisible.
Bien que son dessin soit basé sur des formes géométriques, la philosophie qui a guidé Paul Renner n'émane pas complètement d'une vision moderniste visant une simplification par l'abstraction géométrique du dessin des lettres, et son auteur n'a jamais appelé à une rupture radicale avec le passé.
Le Futura est inspiré des capitales romaines de la colonne Trajane et le dessin de ses bas-de-casses propose de multiples variations de lettres, renvoyant à la tradition manuscrite où la graphie des lettres peut également varier[2].