Une gorge, canyon (/ka.njɔn/) ou (rarement) cañon (/ka.ɲɔ̃/), est un passage encaissé entre deux reliefs résultant de l'érosion hydraulique sur tout type de roche mais préférentiellement sur les sédimentaires. Une gorge peut être confondue avec une clue ou un défilé.
Une gorge est le résultat de longues périodes d'érosion fluviale dans des régions sédimentaires où alternent strates dures et strates tendres[1].
À l'origine du processus de formation, le réseau hydrographique coulait lentement sur des apports argilo-calcaires étalés sur de vastes plaines. À la suite de mouvements tectoniques, le niveau de base s'étant modifié (les plaines s'étant soulevées ou bien le niveau de base s'étant abaissé), les cours d'eau se sont encaissés, leur vitesse s'étant accélérée sous l'effet d'une pente plus forte et leur débit, ayant pu être accru, du fait de précipitations plus abondantes[1]. Le processus d'érosion a été parfois favorisé par la présence de cavités souterraines situées sur le parcours des rivières. Des traces de ce long travail s'inscrivent dans le paysage sous la forme d'arches de pierre reliant les deux versants de la gorge (comme le célèbre pont d'Arc des gorges de l'Ardèche).
Lorsque le cours d'eau atteint son profil d'équilibre, il cesse de creuser. La vallée, qu'il a contribué à créer, reste étroite en raison de la résistance des roches des versants qui présentent des pentes inégales (les calcaires forment des corniches, les marnes des replats)[1].
Les gorges les plus importantes ont été creusées, dans des terres soumises à un climat aride ou semi-aride, grâce à l'action de cours d'eau alimentés par de fortes précipitations pluvieuses ou neigeuses tombant dans leur partie amont sise dans des régions plus humides. Leur localisation dans des espaces peu arrosés réduit également la puissance des phénomènes érosifs permettant aux parois de garder leur verticalité ainsi que des formes anguleuses et spectaculaires. Le creusement d'une gorge dépend en partie de la vitesse du courant du cours d'eau; le travail d'érosion est donc plus rapide dans la partie supérieure de ce dernier, là où la pente est la plus forte[2].
Certaines gorges portent abusivement le nom de « défilé » alors qu'elle n'en revêtent pas les caractéristiques. Un défilé est un « passage naturel, étroit et encaissé, qu'on ne peut traverser qu'en file »[3]. Ce terme est issu du mot latin filum (fil), qui a donné filare en bas latin puis défilé en français (utilisation attestée en 1643).