Nom de naissance | Hippolyte Julien Joseph Lucas |
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Naissance |
Rennes, France |
Décès |
Paris, France |
Activité principale |
Langue d’écriture | Français |
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Hippolyte Julien Joseph Lucas (, Rennes[1] - , Paris), est un écrivain français. Il est le fils de Joseph Lucas, avoué à la cour d’appel et de Jeanne Gay.
Victor Hugo disait à son sujet : « Vous êtes un poète, vous êtes un artiste, vous êtes un écrivain ». D'après Jules Simon, c'était un « prince de la critique », et selon Auguste Brizeux, « un frère en poésie ». Ce Breton du XIXe siècle, tour à tour, poète, romancier, feuilletoniste, critique, historien, auteur dramatique, traducteur et bibliothécaire, bien oublié aujourd'hui, correspondait avec Hugo, Lamartine, Sainte-Beuve, Dumas, Gautier, Vigny, Nerval. Selon Charles Le Goffic, « Il fut presque célèbre sous la monarchie de Juillet et l'Empire ». Il était parait-il affublé d'un nez « immoral» ; Charles le Goffic force le trait, « Hyacinthe (comédien) et lui possédaient les deux plus beaux nez de Paris ; s'étant assis un jour en face l'un de l'autre, à la même table, ils durent reculer leurs chaises pour éviter un désobligeant télescopage ». Mlle Mars, célèbre comédienne, protégée de Napoléon, évoque elle aussi le « nasifère » dans une lettre. C'était bien sûr exagéré et son nez ne dépassait pas les dimensions permises.
Hippolyte Lucas est né en 1807, à Rennes, Bretagne. Son père était avoué à la Cour d'appel de Rennes. L'enfance d'Hippolyte Lucas fut joyeuse, il fit des études brillantes, commença son droit et vint à Paris, en 1826, pour le terminer. Après ses examens, Hippolyte Lucas retourna à Rennes et se fit recevoir avocat, mais la poésie était née dans son cœur. En 1829, Hippolyte Lucas revint à Paris, où il fréquenta les théâtres « avec une constance héroïque », selon Louis Huart, qui ajoute, « le futur avocat, selon l'usage presque invariable de messieurs les étudiants, n'étudia rien du tout ». Lucas débuta dans la presse, au Globe tout d'abord puis il collabora au Bon Sens, au National, au Charivari et au Siècle. Le poète élégiaque fit avec Boulay-Paty un drame inspiré de Byron, mais il fut refusé comme injouable par l'Odéon; "« composé avant Hernani, cette œuvre nous montre ses auteurs comme précurseurs du Romantisme. Le Carnet historique et littéraire du comte Fleury ». « La vérité est qu'Hippolyte Lucas n'a jamais été romantique », d'après Louis Tiercelin. En réalité le caractère de Lucas, son éducation chrétienne, son progressisme, ses goûts classiques, ses douces élégies en demi-teintes et en nuances, ne le prédisposait pas aux grandes envolées lyriques mais il fréquenta davantage les Romantiques que les Parnassiens, conseillant à Tiercelin de s'éloigner de ces derniers.
La révolution éclata. En , se sont déroulés trois jours de révoltes, les Trois glorieuses où des républicains se levèrent contre Charles X qui sera finalement remplacé par Louis-Philippe. Le Globe devint l'organe du saint-simonisme ; Hippolyte Lucas le quitta et revint à Rennes.
À Rennes, dans le Parc du Thabor, à côté de l'église Notre-Dame, existe une colonne de Juillet, dressée à l'initiative d'Hippolyte Lucas en hommage à deux jeunes Bretons morts pendant cette révolution, Papu et Vaneau.
Hippolyte Lucas prend une part active au mouvement littéraire. Il coopère, dans les années 1832-1833, à la Revue de Bretagne, signant la première préface. Chateaubriand, Lamennais, Lamartine, Musset, Fontan, Souvestre, Hello, Brizeux, Boulay-Paty, Édouard Turquety y contribuèrent. Ce fut dans cette revue qu'Hippolyte Lucas popularisa son nom par des portraits et de gracieuses esquisses de mœurs, reproduites par un assez grand nombre de journaux.
En 1834 il revint à Paris et publia le Cœur et le Monde qui connut un grand succès, où l'on retrouve quelques-unes des nouvelles insérées dans la Revue de Bretagne, « La pensée n'est jamais bien forte disait un critique du Messager, il règne par tous ces vers une certaine monotonie de sentiments doux et purs, mais l'oreille est toujours délicieusement satisfaite. », cité par Charles Robin.
Le jeune fondateur de la Revue de Bretagne vit s'ouvrir les colonnes de plusieurs journaux. Au Bon-Sens. Hippolyte Lucas se lia avec le socialiste Louis Blanc.
En 1836, Hippolyte Lucas publia Caractères et portraits de Femmes ; on le compara à La Bruyère.
À l'époque il écrivait dans Le Charivari (journal satirique), le Bon Sens et le Siècle. Il fit paraitre de nombreux romans. Pour Alice Clark-Wehinger ce fut en 1840, l'un des meilleurs critiques.
En 1842, il aborda le théâtre et connut de nombreux succès dans ses comédies, drames, vaudevilles et opéra-bouffes, associé aux compositeurs Adolphe Adam, Félicien David, Vogel… Il puisa aussi dans le théâtre anglais et espagnol. Shakespeare, Moore, Lope de Vega, Calderon et Alarcon lui inspirent plusieurs pièces.
Comme historien il publia Histoire philosophique et littéraire du théâtre français en 1843 et Histoire des guerres civiles en 1847.
La candidature d'Hippolyte Lucas à la direction de la Comédie-Française fut mise en avant et appuyée par la presse. Lucas contribua puissamment à la fondation de la Société des gens de lettres et fit partie du premier comité. Il fut Bibliothécaire de l'Arsenal en 1860. Il meurt en 1878.
Son fils Léo Lucas entretint sa mémoire et a offert en 1911 les manuscrits de son père à la Bibliothèque de Rennes Métropole (Les Champs Libres), avant de léguer sa bibliothèque et un ensemble de coupures de presse, à sa mort, en 1924. Ce fonds est constitué des manuscrits littéraires d'Hippolyte Lucas, ainsi que d'autres documents écrits et iconographiques, dont treize volumes reliés de la correspondance qu'Hippolyte Lucas entretenait avec des artistes et des musiciens, des textes et partitions d'opéras, d'opéras-comiques et de comédies et des photographies d'auteurs dramatiques, d'acteurs, d'actrices et de danseuses de la période 1852-1875.
L'homme à tête plate de Daumier, conservé à l'assemblée nationale, est une caricature d'Hippolyte Lucas. Lucas a collaboré comme critique au Charivari de même qu'Honoré Daumier. Il est représenté le visage enfoncé dans un grand col, portant une énorme moustache et affublé d'un nez disproportionné ainsi que d'yeux globuleux.
Lucas eut aussi l'honneur d'être raillé par le poète et Parnassien Théodore de Banville dans Odéon, des Odes Funambulesques :
« Le mur lui-même semble enrhumé du cerveau.
Bocage a passé là. L'Odéon, noir caveau,
Dans ses vastes dodécaèdres
Voit verdoyer la mousse. Aux fentes des pignons
Pourrissent les lichens et les grands champignons
Bien plus robustes que des cèdres.
Tout est désert. Mais non, suspendu, sans clocher,
Le grand nez de Lucas fend l'air comme un clocher.
Trop passionné pour Racine. »
Nadar croque Lucas dans Lles binettes contemporaines de Commerson. Charles Le Goffic en fait un portrait teinté d'humour.
Répondant à Maxime Du Camp qui le presse d'aller à Paris, Flaubert répond : « arriver, à quoi ?, à la position de MM Murger, Feuillet, Monselet, etc etc, Arsène Houssaye, Taxile Delord, Hippolyte Lucas et 72 autres avec ? merci »