Cet article couvre l'histoire du territoire du Niger depuis le néolithique, pour la zone géographique incluse en 1960 dans ce qui a été appelé le Niger. Le Niger hérite de l'histoire de plusieurs grands empires et royaumes africains, qui étaient établis partiellement ou complètement sur l'étendue de son territoire actuel.
De nombreux fossiles de dinosaures (iguanodons) du Crétacé inférieur ont été trouvés à Tazolé, au Sud-Est de l'Aïr.
En paléoanthropologie, dans la région, les découvertes récentes de restes de deux hominidé, Abel (1995, vieux de 3 millions d'années environ) et Toumaï (2001, daté d'environ sept millions d'années), dans le désert du Djourab (Tchad). L'établissement d'espèces éteintes (Sahelanthropus tchadensis, Australopithecus bahrelghazali) a imposé des révisions de l'histoire évolutive de la lignée humaine.
On a mis au jour dans le massif de l'Aïr des vestiges de céramiques du VIIIe millénaire av. J.-C. avant notre ère, contemporains de l'invention de la poterie dans d'autres régions du monde. Entre 4000 et 3000 av. J.-C., lors de la dernière période pluviale du Sahara, se situe un hypothétique âge du bétail (de) ou culture ténéréenne, dont témoignent les peintures et gravures rupestres du Ténéré : site archéologique de l'Adrar Bous et de Gobero, Kiffiens, gravures rupestres du Tassili. L'Arbre du Ténéré, acacia solitaire, renversé en 1973, a longtemps été le dernier vestige de la flore de cette époque.
Entre 3000 et 2000 av. J.-C., la désertification du Sahara, commencée à cette époque, repousse ensuite vers le sud les populations d'agriculteurs et les céramistes, laissant la place à des communautés d'éleveurs de bovins qui gravent sur les rochers de nombreuses représentations de leurs troupeaux. Des gravures de cette époque témoignent également de la présence à cette latitude d'éléphants, d'hippopotames et d'une faune de savane abondante et variée.
Le désert du Ténéré est riche en témoignages de la présence humaine au Néolithique par un abondant matériel de pierre (pointes de flèches, meules, etc.), jusqu'à la désertification de la région au Ier siècle avant notre ère.
Les nombreuses ethnies et langues des populations actuelles résultent des migrations, conflits et brassages, durant quelques millénaires. Cette histoire, encore présente dans les mémoires, n'est pas établie.
Le commerce transsaharien est sans doute aussi ancien que l'introduction au Sahara du dromadaire (domestiqué en Arabie), permettant de voyager en caravane sur de longues distances. L'islamisation utilise ces mêmes voies aux (VIIe – XVe siècle, Islam au Niger, dès Oqba Ibn Nafi al-Fihri -622-683)), et une partie de l'exploration européenne de l'Afrique, pour l'intérieur des terres, au XIXe siècle passe par les mêmes techniques chamelières.
L'établissement de structures étatiques (royaume, sultanat, empire), du moins dans la région, semble découler en grande partie de ce commerce.
Ce fut d'abord l'Empire songhaï, qui naquit et s'étendit dans la région du fleuve Niger (bassin du Niger), vers l'actuelle frontière nigéro-malienne. La ville de Gao est décrite depuis le VIIIe siècle par les chroniques arabes comme un centre d'échanges entre l'empire du Ghana et l'Égypte. Il connaît son apogée entre le XVe siècle et le XVIe siècle, sous Sonni Ali Ber qui étend ses frontières jusqu'à Oualata. Il succombe en 1591, sous les coups d'une expédition marocaine.
Une querelle oppose au XVIe siècle les habitants de Gao et ceux de Kano pour savoir laquelle des deux villes est la plus peuplée. On apprend ainsi qu'elles atteignent toutes deux les 100 000 habitants (Ki-Zerbo, 1965). C'est le royaume du Kanem-Bornou, un des plus vastes d'Afrique qui, sous le règne d'Iriss Alaoma à la fin du XVIe siècle, englobe tout le Kanem, monte jusqu'au Kaouar et à l'Aïr et s'étend à l'est jusqu'au Ouaddaï (Tchad). Après avoir contenu les ambitions Songhaïs au XIVe siècle, puis résisté au XIXe siècle aux attaques des Peuls établis dans le Nord de l'actuel Nigeria, il tombe en 1893, après près de dix siècles d'existence, sous les coups de Rabah qui rêve alors de se tailler un domaine entre le Soudan et le Tchad.
Les territoires constituant le Niger actuel établissent des relations transsahariennes vers l'Algérie, le Maroc, par la vallée du Niger et Tombouctou (empires du Mali et du Songhaï), vers la Tunisie (Ifriqiya), à travers le Sahara central, et vers la Libye et l'Égypte par le Fezzan et le Tchad (États haoussas). Cette diversité explique la permanence des deux grands pôles de développement culturel et économique du pays : la vallée du Niger (Niamey) et le bassin du Tchad (Zinder). Chacun de ces royaumes constitue alors un centre commercial et intellectuel très prospère, ouvert, dès le XIIIe siècle, à l'islam et à l'écriture arabe. Les Songhaï exercent une forte influence sur la vallée du fleuve durant la dernière partie du Moyen Âge, tandis que l'empire de Kanem-Bornou domine la frontière orientale.
Le commerce régional porte sur l'échange sel-mil entre le Sahara central riche en gisements de sel et la savane productrice de mil, et sur la noix de cola produite dans les zones forestières. Ses voies de communication sont très tôt pénétrées par les missionnaires musulmans, puis contrôlées par les nomades islamisés (Touaregs, Toubous).
À partir du XIe siècle, les Touaregs arrivent par vagues dans l'Aïr, se répandent dans l'Azawagh et commencent à lancer des raids sur les sédentaires du sud.
Au début du XIXe siècle, les États haoussas islamisés, grands centres commerçants, dominent le Niger central méridional alors que les descendants des Songhaïs réfugiés après l'effondrement de l'empire, avec leurs alliés les Zarma, installés entre le fleuve Niger et les dallols Bosso et Maouri se déchirent entre de nombreuses petites principautés et chefferies. Tous des nouveaux envahisseurs qui veulent le contrôle des territoires, des multiples guerres opposent Zarmas et Peuls ou Touaregs. Il en résulte l'inexistence d'une grande ville ou centre économique dans la région. Du côté Haoussa, les régions du Niger correspondantes sont les frontières méridionales des grandes cités-États que sont par exemple Kano, Zaria ou Katsina.
Ces dernières villes sont progressivement conquises par Ousman dan Fodio (1754-1817) lors de guerre sainte (djihad, majoritairement appuyé par les Peuls. Toutes les cités-États tombent les unes après les autres et seul résiste le sultanat du Damagaram ou sultanat de Zinder perdu dans le Nord sec et limitrophe du Kanem Bornu alors au faîte de sa puissance. Avec l'appui de nombreux réfugiés issus des familles royales des cités conquises, ce sultanat va se maintenir. Plus à l'ouest, ce qui n'était qu'un camp de réfugiés dans les bosquets du Goulbi'n'Maradi (vallée sèche du Maradi) va recevoir une partie de la famille royale du sultanat de Katsina et va tenir malgré quelques occupations du Sokoto contre le nouvel empire théocratique. Encore plus à l'ouest le royaume Maouri du Kebbi sera aussi maintenu, tout en reconnaissant la suzeraineté de l'empire, pourtant à la frontière du Sokoto et très proche de sa nouvelle capitale. La frontière entre Niger et Nigeria est celle qui séparait ces divers royaumes et l'empire du Sokoto.
Estimée à 1 million vers 1500, à 1,7 million vers 1900, forte de 3 millions d’habitants en 1960[1], la population du Niger est estimée à 20 millions d'habitants en 2018.
Les différentes ethnies sont[2] :
Les premiers Européens à entrer dans cette région sont les explorateurs britanniques Mungo Park (sur le fleuve Niger, 1806), Hugh Clapperton et Dixon Denham (traversée du Sahara de Tripoli à la vile de Koukaoua, capitale du royaume du Bornou, à l'ouest du lac Tchad, par le Kaouar, 1824) et l'explorateur allemand Heinrich Barth (qui traverse les régions de l'actuel Niger pour se rendre à Kano et Tombouctou, de 1850 à 1854). Ces expéditions, toutes organisées et financées par la Grande-Bretagne, visent, tout au moins officiellement, à combattre la traite négrière, et à ouvrir ces régions au commerce européen, sans objectif immédiat de conquête.
Vers 1890, les Français entrent dans la région, atteignent le lac Tchad et luttent contre le sultan Rabah dont l'influence s'étend sur le Bornou. Ils mettent longtemps à réduire la résistance des Touaregs de l'Aïr. En 1900, les Français font du Niger un territoire militaire administré à partir de l'ancien sultanat de Zinder. En 1901, Niamey reçoit le convoi d'Eugène Lenfant. Le Niger devient une colonie française en 1922, la colonie autonome du Niger. Jules Brévié en est le premier gouverneur[3].
En 1927, le Niger devient une colonie administrée à partir de Niamey pour rééquilibrer les pouvoirs économiques et politiques locaux, diminuer le poids de la communauté haoussa de Zinder ainsi que l'influence du nord du Nigeria, une région riche et peuplée. En 1946, il devient territoire d'outre-mer, avec un élu le représentant au sein de l'Assemblée nationale française. Le Parti progressiste nigérien (PPN), créé en mai 1946 et affilié au Rassemblement démocratique africain, est la première formation politique officialisée sur ce territoire. D'autres formations apparaissent dans la foulée, dont l'Union démocratique nigérienne (UDN) en 1954 et du Bloc nigérien d'action (BNA) en 1955. Puis ce territoire est doté d'un exécutif local, un conseil de gouvernement élu en 1956, conséquence de la loi-cadre Defferre. Les élections du 31 mars 1957 sont remportées par le Sawaba (fusion de l'UDN. et du BNA) avec comme leader, Djibo Bakary, favorable à l'indépendance[3].
La région est frappée par la famine en 1931, provoquant la mort de 20 % à 25 % de la population[4].
Le 18 décembre 1958, le Niger devient une république autonome au sein de la Communauté française, malgré une campagne pour le « non » au référendum menée par le leader du Sawaba Djibo Bakary[5], opposé au chef du gouvernement Hamani Diori, le « oui » l'emporte à l’issue d'un scrutin truqué[6].
Le , le Niger accède à l'indépendance et Hamani Diori (1916-1989) est élu président par l'Assemblée nationale. L'opposition avec Djibo Bakary devient de plus en plus forte. Ce dernier est contraint à l'exil à la veille de l'indépendance, bien que bénéficiant du soutien du camp progressiste ouest-africain (Kwame Nkrumah, Ahmed Sékou Touré)[5].
Le président Hamani Diori est l'un des premiers dirigeants à lancer l'idée d'un sommet francophone ou d'une organisation internationale permanente des « parlant français ». Le premier pas vers une telle organisation est la création, à la conférence de Niamey, en 1970, de l'Agence de coopération culturelle et technique[7].
En avril 1965, le président nigérien échappe à une tentative d'assassinat. Il est réélu la même année, soutenu par le Parti progressiste nigérien (PPN) qu'il a fondé à partir de la section nigérienne du Rassemblement démocratique africain (RDA).
Le pays prend une importance nouvelle avec l'exploitation de ses ressources minières en uranium à partir de 1968. L'exportation vers la France de l'uranium nigérien s'inscrit depuis 1971, dans le cadre des «débouchés privilégiés» négociés entre les deux Etats, s'inscrivant dans l'accord de « coopération économique » signé en 1961, au moment de l'indépendance[8].
En novembre 1999, Mamadou Tandja (1938-2020), ex-militaire et leader du Mouvement national pour la société de développement (MNSD-Nassara), l'ex-parti unique, est élu à la tête du pays pour un mandat de cinq ans avec 60 % des suffrages exprimés, contre le leader du PNDS-Tarraya Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme Mahamadou Issoufou. Sa politique sera basée sur le « programme spécial du président de la République, » un programme qui repose essentiellement sur une politique d'autosuffisance alimentaire et vivement contesté par l'opposition menée par le leader du PNDS. Depuis l´an 2002 le franc CFA est fixé non plus au franc français disparu mais à l’euro et sa valeur est donc fixée non plus par la Banque de France mais la Banque centrale européenne.
La sixième république débute le 18 août 2009.
Le président Tandja souhaite briguer un troisième mandat mais se heurte à la constitution de la Ve République qui limite le mandat présidentiel à 5 ans renouvelable une seule fois. Il dissout l'Assemblée Nationale ainsi que la Cour constitutionnelle afin de pouvoir organiser un référendum sur une nouvelle constitution. Malgré le boycott du référendum par l'opposition le référendum est maintenu et le "oui" l'emporte. C'est ainsi que débute la VIe République. Face aux critiques internes et internationales, il est renversé par un coup d'État militaire le : Conseil suprême pour la restauration de la démocratie présidé par Salou Djibo (1965-).
Le 31 octobre 2010, par l'adoption d'une nouvelle constitution, la VIIe République est proclamée. L'armée promet de rendre le pouvoir aux civils en 2011. Une élection présidentielle a lieu effectivement en janvier 2011 et voit s'affronter 10 candidats. Mahamadou Issoufou (1952-), investi par le PNDS, arrive en première position lors du premier tour. Avec 36,06 % des suffrages exprimés, il est opposé au second tour, le 12 mars 2011, à Seyni Oumarou du MNSD. Avec le soutien du MODEN-FA (Mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine) de Hama Amadou (qui deviendra président de l'Assemblée nationale), il s'impose au second tour avec 57,95 % des voix[9]. Il est investi le et nomme Brigi Rafini Premier ministre.
Le 6 juin 2015, plus de 20 000 personnes manifestent à Niamey à l'appel d'une quarantaine d'associations de la société civile[10]. Elles revendiquent que davantage de moyens soient alloués à l'armée pour combattre Boko Haram et s'alarment d'une possible dérive autoritaire du régime de Mahamadou Issoufou[10],[11]. En août 2015, de grandes manifestations ont également lieu à Niamey contre la politique Mahamadou Issoufou, à l'appel de l'Alliance pour la république, la démocratie et la réconciliation (ARDR), une coalition de 15 partis d'opposition[12]. Mahamadou Issoufou est réélu le 20 mars 2016 pour un second mandat à la présidence de la république. Il est investi à ce poste le 2 avril 2016. Il est réélu à 92,51 % des voix, l'opposition ayant boycotté l'élection[13].
Mais la situation sécuritaire continue à se dégrader dans les territoires limites avec le Mali, le Burkina Faso et le Nigeria. C'est une zone d'instabilité pour l'Afrique de l'Ouest[14], d'autant que la croissance démographique y est forte[15]. En juillet 2019, 18 soldats nigériens trouvent la mort dans un assaut mené par les hommes d'Abou Walid al-Sahraoui, un djihadiste sahraoui, ayant fait allégeance à l'État islamique. Le 10 décembre 2019, au moins 71 militaires sont tués et un « nombre important d'assaillants neutralisés » dans l'attaque du poste militaire d'Inates situé en zone frontalière avec le Mali. Les assaillants sont des djihadistes en provenance du nord du Mali. La localité d'Inates se situe non loin des villages maliens d'Akabar et de Tabankort qui servent de carrefour aux narcotrafiquants et aux terroristes. La présence militaire nigérienne gênerait ces trafiquants dans leurs acheminements vers la frontière algérienne[16].
En , l’annonce, par le président ivoirien, et le président français Emmanuel Macron, de la fin du franc CFA pour les huit pays de la CEDEAO dont le Niger, au profit de l'Eco est diversement qualifiée. Décision historique pour certains, d'autres la qualifient d’« arnaque » et de « poudre aux yeux ». Une parité fixe est maintenue pour la future monnaie avec l’euro[17].
Lors du premier tour de l'élection présidentielle le 27 décembre 2020, Mohamed Bazoum obtient 39,33 % des voix, suivi par l'ancien président Mahamane Ousmane qui recueille 16,99 % des votes[18]. Le second tour se tient le 21 février 2021 et est remporté par Mohamed Bazoum avec 55,75 % des suffrages[19].
Une tentative de coup d'état a lieu dans la nuit du 30 au 31 mars 2021, à quelques jours de l'investiture de Mohamed Bazoum, président élu[20].
Le 2 avril 2021, Mohamed Bazoum (1960-) prête serment est entre en fonction[21].
Le , le Président Mohamed Bazoum, nouvellement en fonction, nomme Ouhoumoudou Mahamadou comme Premier ministre du Niger[22].
Le , l'Assemblée nationale adopte un nouvel hymne pour remplacer La Nigérienne, qui était utilisé depuis l'indépendance et dont les paroles étaient critiquées. Ce nouvel hymnne se nomme Pour l'honneur de la patrie[23].
Le , un coup d'État est organisé par une partie de l'armée. Le président Bazoum est destitué et les institutions politiques sont suspendues. Le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie prend le pouvoir[24]. Abdourahamane Tiani (1964-) dirige le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (2023).
Liste des Premiers ministres du Niger