En , cette revendication figure toujours à l'ordre du jour de la réunion créant le Conseil supérieur des affaires islamiques en France, le Majlis, à l'initiative d'Hamza Boubakeur, recteur de la mosquée de Paris[1]. Elle est entendue par Valéry Giscard d'Estaing, président de la République, et le sujet est abordé lors d'une réunion à l'Élysée en , mais reste lettre morte. Selon les journalistes Francis Zamponi et François Reynaert[1], cette inaction s'explique par l'approche de l'élection présidentielle de à laquelle Giscard d'Estaing se représentera.
L'élection de François Mitterrand à la présidence en ne favorise pas la création de cette émission, la gauche s'attachant alors plus fortement à la laïcité qu'aux revendications religieuses, selon Zamponi et Reynart[1]. Mitterrand est toutefois officieusement sensibilisé au problème par Jacques Berque, islamologue au Collège de France et ami de Jean-Pierre Chevènement, lequel est alors ministre de la Recherche de Mitterrand[1]. Le principe de la création d'une émission musulmane est admis lors d'une conversation entre Mitterrand et Berque au cours d'un voyage en avion entre les Landes et Paris[7]. Berque réunit un conseil de sages musulmans de diverses nationalités, ainsi qu'un représentant de la mosquée de Paris, afin de montrer qu'il est possible de rassembler les musulmans au-delà des rivalités nationales[1].
En , le ministère de l'Intérieur écarte l'association « Connaître l'islam », pour la remplacer par l'association « Vivre l'islam »[10] qu'il vient de créer[11],[12],[13],[14], ce qui fait naître une polémique[15].
La durée de l'émission était initialement de 15 minutes. En , dans un rapport sur le racisme en France remis au secrétaire d'État chargé des Droits de l'homme, le député Michel Hannoun constate que « l'islam, deuxième religion de France, est celle qui dispose actuellement à l'antenne du temps le plus court ». Il formule donc la proposition no 52 : « Donner à l'islam la place qui lui revient dans les émissions religieuses audio-visuelles »[22], reprenant les thèses de Bruno Étienne[23] et celles publiées en par l'association Islam et Occident[24],[25].
La durée de l'émission passe à 30 minutes en [26],[27], sur les 3 h 30 min d'émissions religieuses du dimanche matin.
En , selon le prêtre et chercheur en sciences religieuses Michel Reeber[24], cette durée est toujours « trop courte par rapport à ce que pourrait revendiquer la communauté musulmane, second culte pratiqué en France », et en , selon la maîtresse de conférence en droit public Anne-Marie Oliva[28], ce temps d'antenne ne correspond toujours pas à la « représentativité des religions » et « apparaît très inégalitaire » car, comme le relève aussi en La Revue des médias de l'INA[29], la durée accordée à l'islam est encore égale ou inférieure à celle accordée au judaïsme et au protestantisme, alors que l'islam compte davantage de fidèles.
↑Lila Bencharif, « L'émergence d'un islam public à Saint-Étienne : La question des lieux de culte », Revue de géographie de Lyon, vol. 71, no 3 « Recomposition du système d'acteurs en région stéphanoise », , p. 223–231 (DOI10.3406/geoca.1996.6226).
↑Gilles Kepel, Les banlieues de l'Islam : Naissance d'une religion en France, Paris, Seuil, coll. « L'Épreuve des faits », , 423 p. (ISBN2-02-009804-0), p. 142.
↑Michel Hannoun, L'Homme est l'espérance de l'Homme (rapport sur le racisme et les discriminations en France au Secrétaire d'État auprès du Premier ministre chargé des Droits de l'Homme), Paris, la Documentation française, coll. « Collection des rapports officiels », , 218 p. (ISBN2-11-001896-8), p. 141 et 174.
↑« La France n'est pas raciste, mais... », L'Express, no 1898, , p. 33.
↑Francis Lamand, commission socio-culturelle de l'association Islam et Occident, L'islam en France : Les musulmans dans la communauté nationale, Paris, Albin Michel, coll. « Présence de l'Islam », , 159 p. (ISBN2-226-02612-6), p. 105 : « Il n'est pas normal [que l'émission musulmane] soit beaucoup plus brève que celle des autres confessions, alors que les musulmans constituent en France la communauté religieuse la plus nombreuse après celle des catholiques ».
↑Anne-Sophie Lamine, « Médias musulmans : le dynamisme de la nouvelle génération », La Revue des médias, INA, (lire en ligne).
↑Anne-Marie Oliva, « Émissions religieuses et service public audiovisuel », Droit et Cultures, no 51, , p. 103–112 (lire en ligne) : « On peut s'interroger également sur le temps d'antenne attribué à chaque culte. Celui-ci apparaît très inégalitaire — 1 h 30 min pour les catholiques, 3⁄4 d'heure pour les israélites, 1⁄2 heure pour l'islam et le même temps pour la religion protestante, 1⁄4 d'heure pour les bouddhistes) — sans correspondre à la représentativité des religions (par exemple, la deuxième religion en France est l'Islam). »
↑Clément Malherbe, « Comment les religions ont trouvé leur place à la radio et la télévision », La Revue des médias, INA, (lire en ligne) : « Bien qu'elle soit la deuxième communauté la plus représentée en France, la religion musulmane ne concentre que 14 % du temps d'antenne des Chemins de la foi, tout comme les protestants et les juifs (30 minutes en moyenne par semaine). »
↑Melissa Chemam, « Les émissions religieuses, quelle audience ? », Le Monde des religions, no 24, , p. 77.
Rochdy Alili et Sylvie Taussig (propos recueillis par), « Affairisme et népotisme : L'émission religieuse du culte musulman à la télévision », Cités, Presses universitaires de France, no hors-série « L'Islam en France », , p. 359–364 (ISBN978-2-13-053723-6) ; rééd. dans Yves Charles Zarka (dir.), Sylvie Taussig (dir.) et Cynthia Fleury (dir.), L'Islam en France, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Quadrige / Essais, débats », , 732 p. (ISBN978-2-13-055727-2).
Rochdy Alili, « Musulmans cathodiques », Hommes et Migrations, no 1220 « Islam d'en France », , p. 96–100 (DOI10.3406/homig.1999.3359).