Joseph-Auguste-Melchior Duc (né le à Châtillon - mort le à Aoste), connu sous le nom de Monseigneur Duc, est un ecclésiastique valdôtain, évêque d'Aoste de 1872 à 1907, un historien et un alpiniste.
IL est nommé évêque d'Aoste le et consacré le . En 1907 L'année où il fête le 35e anniversaire de son épiscopat, à la suite de la nomination d'un nouveau trésorier du diocèse après la mort de son prédécesseur, Maurice Gerbore en 1906, on découvre un déficit important dans le comptes lié à des malversations. Monseigneur Duc demande immédiatement l'intervention du Saint-Office pour faire la lumière sur l'incident mais il est dépassé par une campagne de presse anticléricale nationale contre les excès du clergé et la vague de dénonciation du scandale dit des « soutanes sales » et de la « bande noire » menées dans la presse locale par « Le Mont Blanc » auquel s'oppose cependant le journal catholique « Le Duché d'Aoste ». À la suite de la mise en cause d'autres chanoines dont son propre neveu André Dominique Noussan, Monseigneur Duc durement touché préfère se démettre le et se retirer à Martigny en août1908, et il ne revient à Aoste qu'en 1916[note 1]. Le , le PapePie X le nomme archevêque in partibus de Trajanopolis(de).
Monseigneur Duc a présidé l'Académie Saint-Anselme de 1878 à 1908. L'ouvrage La langue française en Vallée d'Aoste, réponse au Chevalier Vegezzi-Ruscala député de Lucques au Parlement Italien, s'occupe de l'histoire linguistique locale. Joseph-Auguste Duc était également un historien et il aimait pratiquer la chasse. Il fut l'un des fondateurs du Petit Séminaire à Aoste dit « Petit Séminaire Saint-Anselme ». Comme historien il a produit une monumentale Histoire de l'Église d'Aoste en 10 volumes, qui détaille de manière encore inégalée histoire de diocèse, du Moyen Age jusqu'au XVIIIe siècle. Le premier volume a été publié en 1901 et les suivants écrits en Suisse jusqu'en 1915. Il meurt à Aoste le [1], évêque Émérite du diocèse.
↑Lettre de Mgr Duc au Pape du 9 novembre 1907: Très Saint-Père humblement prosterné aux pieds de Votre Sainteté, je viens vous demander avec instance une grâce insigne celle de me décharger du poids de la charge pastorale. Bien des raisons me conseillent cet acte suprême. D'abord ma santé laisse beaucoup à désirer. Âgé de 73 ans, ayant 35 ans d'épiscopat, je suis épuisé de forces physiques et morales. Des maux de tête, de pénibles insomnies m'affligent constamment. La mémoire me fait défaut et m'expose à négliger mes devoirs. Surchargé d'affaires, président de plusieurs établissements de bienfaisance, peu secondé par les ecclésiastiques qui m'entourent, je suis devenu incapable de gouverner le diocèse. Ma parenté - je suis né dans le diocèse - me cause aussi de cruelles épines. Mon beau-frère et un neveu coupables de malversations, comme percepteurs des deniers publics, ont été jetés en prison et sont morts. Un autre neveu a été poursuivi et écroué dans un pays étranger. Un neveu que j' ai comblé de bienfaits, s'est fait protestant avec sa famille en haine du prêtre et publie un journal infâme, qui fait beaucoup de mal. Un autre neveu, chanoine de la Cathédrale, a été tout dernièrement incarcéré et se trouve sous procès, accusé faussement, je crois, de soustraction de sommes d'argent et de titres au porteur appartenant à divers corps ecclésiastiques. Ce n'est pas tout, la semaine passée un bénéficier de ma Cathédrale et professeur au Collège municipal a été écroué coupable d'un vol de 60.000 francs au préjudice du chapitre et de la fabrique. Un autre prêtre a été aussi arrêté, comme complice. D'autre part le clergé a perdu la confiance en moi, surtout depuis que l'Économe du Séminaire est mort, en novembre dernier, laissant dans la caisse diocésaine un déficit de 130.000 Lires environ. Mon clergé en grand nombre, sans partager toutes les doctrines de quelques modernistes, se laisse cependant conduire par eux dans l'opposition qui m'est faite et moi je suis trop bon. Votre Sainteté voit, le diocèse d'Aoste se trouve dans de graves conditions, une main plus forte et intelligente que la mienne peut seule y apporter remède. Votre Sainteté a pris de sages dispositions au sujet de l'Union Populaire et de la réorganisation des études au Séminaire etc. Je ne suis pas à même de les mettre en exécution; les forces m'ont abandonné, je ne suis plus à la hauteur de la situation, je n'ai pas d'auxiliaires de bonne volonté. Permettez moi, Très Saint Père, que je démissionne, pour penser à la mort et à la sévère reddition des comptes que le Seigneur exigera de moi. Je ne demande aucune subvention à Votre Sainteté, j'ai quelques petits épargnes, je me contenterai de peu; je me retirerai chez un de mes neveux curé de campagne ou au Petit Séminaire que j'ai fait bâtir à Aoste. Le bien du diocèse réclame au plus tôt un autre pasteur qui sache réparer mes fautes. Plein de confiance en la bonté de votre noble cœur, j'implore à vos pieds la bénédiction apostolique.
↑Sommet de la côte de l'Arolette du groupe Gelé-Morion de la chaîne Gelé-Collon, il est visible sur la droite orographique du Buthier de Valpelline, dans le haut Valpelline près du bourg de Bionaz, sur les Alpes pennines.
Claude-Ange-Joseph Calabrese, Monseigneur Joseph-Auguste Duc, dans Augusta Praetoria : revue valdôtaine de pensée et d'action régionalistes, n. 5, Aoste : Banque Laurent Réan et Ivrée : F. Viassone, 1923.
Aimé-Pierre Frutaz, Mons. Joseph-Auguste Duc, évêque d'Aoste de 1872 à 1907, dans Académie Saint-Anselme. Société académique, religieuse et scientifique du Duché d'Aoste, n. 50, 1982, p. 13-20.
Joseph-Marie Henry, Histoire populaire religieuse et civile de la Vallée d'Aoste, réédition Imprimerie Marguerettaz, Aoste, 1967, « Monseigneur Duc » p. 500-502.