KV-1 | |
KV-1 modèle 1939 à l'usine Kirov, décembre 1940. | |
Caractéristiques de service | |
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Type | Char lourd |
Service | 1939-1945 |
Utilisateurs | Union soviétique Reich allemand (prise de guerre) Finlande (prise de guerre) |
Conflits | Guerre d'Hiver Grande Guerre patriotique |
Unités produites | 3 230 |
Caractéristiques générales | |
Équipage | 5 (chef de char, tireur, chargeur, opérateur radio et pilote) |
Longueur | 6,67 m |
Largeur | 3,32 m |
Hauteur | 2,71 m |
Garde au sol | 45 cm |
Masse au combat | 43 à 47,5 tonnes |
Blindage (épaisseur/inclinaison) | |
Frontal (caisse) | • 75 mm (1939) • 75–100 mm (1941) |
Latéral (caisse) | 75 mm |
Dessus (caisse) | 30–40 mm |
Plancher (caisse) | 30–40 mm |
Armement | |
Armement principal | • Canon de 76,2 mm L-11 (1939) • Canon de 76,2 mm F-32 (1940) |
Armement secondaire | 4 mitrailleuses DT de 7,62 mm (3024 coups) |
Mobilité | |
Moteur | • V-2K (600 ch) (441,1 kW) • M-17T (500 ch) (367,7 kW) |
Suspension | barres de torsion |
Vitesse sur route | 34 km/h |
Vitesse tout terrain | 16 km/h |
Puissance massique | 10,5 à 13,9 ch/tonne |
Réservoir | 615 L (975 L avec des barils supplémentaires) |
Autonomie | 150 à 350 km |
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Le KV-1[1] (KV pour Kliment Vorochilov), également désigné KW-1 par les Allemands (Kliment Woroschilow) ou encore russe : КВ-1 (Климе́нт Вороши́лов), est un char lourd soviétique de la Seconde Guerre mondiale de la série des chars KV.
La guerre d'Hiver contre la Finlande qui humilie les Soviétiques montre les sérieuses carences de l'Armée Rouge, et en particulier de son arme blindée. Dès lors, ceux-ci virent l'utilité de se doter de véhicules lourds et bien armés afin de pouvoir évoluer en « toute sécurité ». Deux véhicules vont être mis à l'étude, le T-100 (en) par N. Barykov du bureau OKMO (en) à Leningrad et le SMK dirigé par Joseph Kotine du bureau Kirovski également à Leningrad. Pourtant, Joseph Kotine, jeune ingénieur encore mal connu doutant de plus en plus de la pertinence d'utiliser des véhicules multitourelles, va mettre à l'étude un char monotourelle reprenant nombre de composants du SMK[2],[3]. Le véhicule sera néanmoins doté de deux canons coaxiaux, un canon de 76 mm et un de 45 mm, afin de ne pas heurter la susceptibilité du GKO.
Le projet semblant prometteur, le ministre de la guerre autorise son développement en parallèle du SMK, le , sous la désignation KV (Kliment Vorochilov, ministre de la guerre de l’époque) et le 1er septembre, le prototype est en test, armé de deux canons coaxiaux, un de 76,2 mm et un de 45 mm. Il séjourne à Moscou dénommé KV U-0, du 5 septembre au pour des tests gouvernementaux l'opposant au SMK et au T-100.
La guerre d'Hiver contre la Finlande ayant éclaté, les essais opérationnels furent menés directement sur le front, le SMK, le KV U-0 et le T-100, furent intégrés dans le 91e bataillon blindé de la 20e brigade de chars lourds. Le KV, qu’on avait modifié pour le remplacement du canon de 45 mm par deux mitrailleuses, une coaxiale et une à l’arrière de la tourelle, s’y révéla nettement supérieur et le 19 décembre, il était accepté dans l’Armée rouge. Un plan de production de 50 puis 200 exemplaires fut lancé, pendant qu’on éliminait les défauts de jeunesse, au niveau de la transmission et des trains de roulement, révélés par un galop d’essai de 2 648 km en mai.
À la fin de l'année on substitua au canon L-11 un F-32 du même calibre mais bénéficiant d’une plus grande vitesse à la bouche, et au moteur V-2 un V-2k de 600 chevaux, donnant naissance au modèle 1940. En même temps, une version, dite à grande tourelle, armée d’un obusier de 152 mm raccourci, appelé M-10T, fut étudiée puis mise en production comme KV-2. Peu de temps après le début de l’invasion allemande, on ajouta des plaques de blindage supplémentaires boulonnées sur le blindage existant donnant ainsi, le KV-1e (e, pour « ekranami » écran en français).
En juillet, apparut le modèle 1941, avec son canon ZIS-5 encore plus long, monté dans une nouvelle tourelle soudée mieux blindée. À l’automne, la perte de Kharkov contraignit à adopter le moteur à essence M17T sur une centaine d'exemplaires.
Le KV-1 a été produit en grande série, de à , avec un total de 2 769 exemplaires. Son efficacité a contribué à de nombreuses victoires contre le Troisième Reich. Plusieurs améliorations lui seront apportés pour le rendre plus rapide et augmenter son blindage. Par la suite, plusieurs autres chars plus avancés feront leur apparition (les KV-1s) jusqu’à la série des IS (Iosif Staline), JS pour les occidentaux (J pour Josef). On retrouve encore aujourd'hui des KV-1 dans les lits des rivières. Au printemps 2003, un de ces chars a été retrouvé dans la Neva près de Saint-Pétersbourg.
En 1941, une rumeur affirmait que les Allemands étaient sur le point d'engager des véhicules très lourdement protégés faisant plus de 100 tonnes et par conséquent, bien mieux armés. Idée est alors émise de reprendre la base du KV-1 et d'y ajouter des plaques de blindage additionnelles. Le KV-1 voit ainsi son blindage frontal passer de 75 à 120 mm pour la tourelle et la protection latérale est poussée à 100 mm. L'engin est nommé KV-1E, E pour ehkranami (écran en français). Revers de cet ajout de surblindage, la fiabilité déjà défaillante est soumise à rude épreuve : la transmission se rompt régulièrement et le moteur surchauffe dangereusement. Pour finir, l'autonomie de l'engin en est réduite d'autant. Surtout que lors de l'offensive allemande Barbarossa (), le char le plus lourd aligné par l'armée du Reich est le Panzer IV, qui ne pèse qu'une vingtaine de tonnes.
En 1942, le développement s’axa sur un modèle déblindé, plus léger, car l’augmentation du blindage avait sérieusement diminué la mobilité. Ce modèle fut nommé KV-1s (s pour « skorostnoy », rapide). Il reçut une nouvelle transmission, des chenilles élargies à 608 mm, un blindage revenu à 75 mm et une nouvelle tourelle avec un tourelleau pour le chef de char pouvant embarquer soit le ZIS-5 soit le F-34. Sa production fut lancée le . Un premier essai avec un canon de 85 mm fut tenté avec l'Objet 220 pesant 63 tonnes, suivi de l'Objet 223 de 75 tonnes avec un 107 mm F-42. Un modèle lance-flamme suivit : le KV-8, où le 76,2 mm cédait la place à un 45 mm 20K, qui eut sa variante « rapide », le KV-8s et donna lieu à une production en série.
En 1943, l’idée de réarmer le KV avec un canon de 85 mm se concrétisa enfin, rendue urgente par l’apparition des chars Tigre allemands beaucoup plus difficiles à détruire. L'objet 237, armé avec un S-18, puis des KV réarmés avec des S-31 et des D-5T furent testés, et finalement à la fin de l’année apparut le KV-85 aussi appelé IS-85. Il fut produit parallèlement au KV-1s.
Une autre piste fut explorée, avec une variante sans tourelle, un canon d'assaut automoteur, armée d'un obusier ML-20 de 152 mm capable de perforer 110 mm de blindage à 2 000 mètres. Ce véhicule rapidement mis au point fut accepté au service sous l'appellation de SU-152 le . L’été suivant, engagé à Koursk, il y fut surnommé убийца животных, littéralement tueur de bêtes, les chars allemands portant des noms de fauves (Panther, Tiger...). Cependant le châssis de l'IS (Iosiph Stalin) présentait un potentiel supérieur et l’apparition en 1944 de l’IS-2, armé d'un 122 mm, marqua la fin du développement du char KV.
Dès les premiers engagements du conflit germano-soviétique, les unités blindées de l'Armée rouge mettent en ligne ce char d'assaut contre les divisions blindées allemandes ; en effet, dès le , des contre-offensives soviétiques sont lancées contre les pointes blindées allemandes, parvenant à les retenir, mettant en échec le plan initial de la Wehrmacht ; le KV-1 joue un rôle décisif lors de ces contre-offensives[4].
Les Soviétiques parviennent ainsi à éloigner les unes des autres les pointes blindées allemandes et les unités d'infanterie. Très peu de blindés allemands parviennent à tenir tête au KV-1 : seuls le StuG III, et ultérieurement des véhicules armés d'un canon long à l'instar du StuG III ausf. F et du Panzer IV ausf. F2 et leurs versions ultérieures sont en mesure de détruire un KV-1 à distance de sécurité, c'est-à-dire sans riposte efficace du fait de la mauvaise qualité des optiques de visée du char soviétique.
Lors de l'opération Barbarossa, des KV-1 ont été capturés par l'Allemagne. Ces chars ont été utilisés sous l'appellation de Beutepanzer (char de butin). Les KV-1 capturés ont été immédiatement utilisés par les unités allemandes, et aussi longtemps que les munitions et les pièces de rechange ont été disponibles. Pour éviter toute confusion, ils ont été remis à neuf et repeints, avant d'être renvoyés au combat au sein de la Wehrmacht, jusqu'au milieu de l'année 1942.
À cause de leur poids et des divers défauts techniques du moteur et de la transmission, ils étaient cependant très difficiles à récupérer et à ramener derrière les lignes.
Un KV-1 capturé a été doté d'une nouvelle tourelle (coupole pour le chef de char et optiques allemandes) pour accueillir le canon antichar Kwk 40 et fut désigné Panzerkampfwagen KV-1A 753(r). Il avait aussi été doté d'une plaque de blindage frontal supplémentaire de 25 mm et sa tourelle modifiée avait un blindage épais de 105 mm et un mantelet épais de 50 mm
Au moins 50 KV-1 capturés auraient été utilisés par les Allemands lors de la bataille de Koursk, selon les fichiers de la Wehrmacht. Leur nombre réel était probablement plus élevé, car de nombreux fichiers ont été perdus ou sont incomplets. L'armée finlandaise a aussi capturé un KV-1.
Enfin, la surprise créée par le KV-1 en 1941 incite les responsables allemands à concevoir des blindés en mesure de le contrer efficacement, ce à quoi ils ne réussiront pas[5].