Les travaux de Lamprecht sont consacrés à l'histoire de l'Allemagne d'une part et à l'histoire socio-économique de l'Europe d'autre part, avec un intérêt particulier pour la période médiévale. Son approche interdisciplinaire de l'histoire et ses observations sur le rôle historique des facteurs sociaux, environnementaux et même psychologiques, déchaîna la controverse dans le monde universitaire germanophone : son ambitieuse Deutsche Geschichte (1891-1909), une histoire synchronique de l'Allemagne embrassant tous les aspects du passé, souleva une Methodenstreit (conflit méthodologique) pendant des années. Lamprecht fut surtout critiqué par les historiens du droit et les constitutionnalistes qui, comme Friedrich Meinecke et Georg von Below, critiquaient son « manque de rigueur » et sa négligence quant au contexte politique et aux idéologies. De fait, Lamprecht et ses étudiants restèrent tenus à l'écart des académies et des honneurs, l'histoire sociale et interdisciplinaire demeurant un tabou en Allemagne jusqu'aux années 1960.
Selon Ernst Breisach,
« Lamprecht lui-même voyait dans les résistances psychologiques les principales forces à l'œuvre dans l'Histoire. Mais elle provenaient de la psyché propre à chaque nation et non des syncrétismes individuels[2]. »
Les idées et méthodes de Lamprecht reçurent un accueil autrement chaleureux en France[3] et aux États-Unis. Dès 1904, il était invité à donner une série de conférences à l’Université Columbia, qui les fit traduire et publier en 1905 sous le titre What is History?
« Lamprecht ne parvint pas à convaincre les autres historiens, mais une variante de son idée de Volksseele (âme du peuple) s'immisça dans l'historiographie française avec le concept de mentalité et de sensibilité sous la plume de Febvre[4]. »
Son système de développement historique par phases fut utilisé par le philosophe anglo-indien Aurobindo Ghose qui en fit la base de sa description de sa psychologie du développement social[5].
Études sur l'état économique de la France pendant la première partie du Moyen-Âge, Paris 1889
Deutsches Wirtschaftsleben im Mittelalter (« La vie économique de l'Allemagne au Moyen Âge »), 3 vol., Leipzig 1885-1886 (rééd. Aalen 1969)
Deutsche Geschichte (« Histoire de l'Allemagne »), 12 vol. + 2 inachevés, Berlin 1891-1909
Die kulturhistorische Methode (« L'approche historico-culturelle »), Berlin 1900
Karl Lamprecht (trad. E. A. Andrews, William Edward Dodd(de)), What is history? Five lectures on the modern science of history, New York, Macmillan Co., (OCLC1169422)
↑Cf. Matthias Middell, « Méthodes de l'historiographie culturelle : Karl Lamprecht », Revue germanique internationale, no 10, (lire en ligne, consulté le ) : « L’estime dont jouissait Lamprecht à l’étranger, notamment auprès de collègues belges comme Henri Pirenne ou d’historiens comme Gabriel Monod, dépassait de loin la réputation de ses confrères en Allemagne. »
C. Devulder, « Histoire allemande et totalité : Leopold von Ranke, Johann Gustav Droysen, Karl Lamprecht », Revue de Synthèse, vol. 108, no 2, , p. 177-197
Gerald Diesener, Lamprecht, Karl. German cultural and social historian, in: Kelly Boyd (Ed.): Encyclopedia of Historians and Historical Writing, vol. I, London/Chicago 1999, p. 680-681.
Georg G. Iggers, The Historian Banished. Karl Lamprecht in Imperial Germany, in: Central European History 27 (1994), p. 87-92.
Matthias Middell(de): Weltgeschichtsschreibung im Zeitalter der Verfachlichung und Professionalisierung. Das Leipziger Institut für Kultur- und Universalgeschichte 1890–1990. 3 Bände. Akademische Verlagsanstalt, Leipzig 2005.
Erich Rothacker : Über die Möglichkeit und den Ertrag einer genetischen Geschichtschreibung im Sinne Karl Lamprechts. Voigtländer, Leipzig 1912.
Hans Schleier : Karl Lamprecht. Alternative zu Ranke. Schriften zur Geschichtstheorie. Reclam, Leipzig 1988.
Hasso Spode(de): Lamprecht, Karl Nathanael. Deutsche Geschichte. In: Georg W. Oesterdiekhoff (Hrsg.): Lexikon der soziologischen Werke. Westdeutscher Verlag, Wiesbaden 2001 (ISBN3-531-13255-5), S. 372 f.