Le Dialogue est l'œuvre principale de Catherine de Sienne. Dans ce livre, dicté par Catherine de Sienne en extase, elle dicte les conversations qu'elle aurait avec Dieu. La richesse théologique de ces écrits du XIVe siècle et la doctrine qu'ils décrivent sont reconnus par l'Église catholique, au point de faire de Catherine de Sienne l'une des rares femmes à être proclamée docteur de l'Église.
Le contexte de rédaction de l'ouvrage est marqué par de profonds bouleversements politiques en Italie et en Europe, notamment sur la place de la papauté dans ses relations avec l'État. Les crises qui se succèdent conduisent à l'exil du pape de Rome vers Avignon. Différentes villes sont opposées aux papes, et Catherine de Sienne interviendra en tant qu'ambassadrice dans les conflits qui opposent la ville de Florence avec le Pape. C'est dans ce contexte, qui précède le grand schisme d'Occident, que Catherine de Sienne écrit son ouvrage majeur.
Même si la place des femmes au Moyen Âge est importante dans le domaine religieux, l'influence de Catherine de Sienne, notamment avec son ouvrage Le Dialogue est très importante, dans la mesure où elle n'est pas théologienne, n'a pas fait d'études et ne sait pas écrire.
L'idée selon laquelle le traité aurait été écrit en 5 jours est largement remis en cause par la critique historique, en effet on peut observer dans le Dialogue des extraits de lettres antérieures de Catherine de Sienne[C 2]. Ces extraits de lettres conduisent à remettre en cause la version officielle. L'ouvrage aurait été redécoupé, sans doute par les dominicains après la mort de Catherine de Sienne[C 2]. Même si un redécoupage postérieur a eu lieu, celui-ci n'a pas détruit la cohérence du Dialogue[C 2]. Le plus ancien manuscrit du Dialogue semble celui qui est le plus cohérent et qui serait le plus proche, dans la mesure où l'ordre de l'ouvrage évolue dans les versions suivantes[1],[C 3].
Néanmoins, les réserves vis-à-vis du récit, évoquées dans le préambule du Dialogue, ne remettent pas totalement en cause la version de la dictée de l'ouvrage par Catherine de Sienne aux secrétaires, comme l'affirme le préambule. En effet le style de l'oralité et la multiplication des images conduisent à une certaine incohérence dans l'ouvrage, les images se corrigeant les unes aux autres, contribuant à donner une importance primordiale au récit de Catherine dans son ouvrage[C 4].
Les images ont aussi une grande importance dans une perspective théologique : en effet la difficulté de parler de Dieu, notamment dans les cas d'extases, conduit beaucoup de mystiques à affirmer l'impossibilité de parler et de pouvoir décrire de manière rationnelle ce que l'on exprime. L'image est alors le moyen d'exprimer ce que l'on pense, elle permet la communication visible de l'invisible[C 5]. La répétition d'images dans le Dialogue, contribue donc à renforcer la thèse de l'extase et de la diction dans le récit originel[C 6].
L'ouvrage Le Dialogue est très proche du style de l'oralité, confortant l'idée que le livre a été dicté par les secrétaires de Catherine de Sienne[C 4].
On retrouve à de nombreuses reprises des foisonnements d'images qui se corrigent les unes les autres et qui visent à dévoiler Dieu de manière imagée[C 7]. Les images permettent d'exprimer de manière visible des réalités invisibles[C 5].
On peut néanmoins observer des extraits de lettres antérieures de Catherine de Sienne dans l'ouvrage, rendant impossible la rédaction en 5 jours, comme la décrivent les premières introductions de l'ouvrage[C 2].
Les deux principaux intervenants de l'ouvrage du Dialogue sont Catherine de Sienne et Dieu[C 8]. Conformément au récit qui en est fait, le Dialogue est décrit comme un dialogue entre Catherine de Sienne et Dieu qui répond à ses questions. Ce dialogue entre Dieu et Catherine donne son nom au livre.
Catherine pose au cours de ce livre quatre demandes auxquelles elle reçoit une réponse[C 9].
Chapitre I. (2) Comment accroître le désir de cette âme, quand Dieu lui découvre la détresse du monde
Chapitre II. (3) Comment les œuvres finies sont insuffisantes pour expier et pour mériter, sans le sentiment intérieur et continuel de la charité
Chapitre III. (4) Comment le désir, et la contrition du cœur, satisfont à la faute et à la peine en soi et dans les autres ; et comment quelquefois ils satisferont à la faute et non à la peine.
Chapitre IV (5) Comment il est agréable à Dieu le désir de vouloir souffrir pour lui.
Chapitre V (6) Comment toute vertu et tout défaut s'exerce à l'égard du prochain.
Chapitre VI (7) Comment les vertus s'exercent par le moyen du prochain, et pourquoi les vertus se trouvent si différentes dans les créatures.
Chapitre VII (8) Comment les vertus s'éprouvent et se fortifient par leurs contraires.
Chapitre VIII (9) Comment l'on ne doit pas affectionner principalement les pénitences extérieures, mais la vertu, et comment la discrétion est vivifiée par l'humilité et rend à chacun ce qui lui est dû
Chapitre IX (10) Allégorie qui montre comment l'humilité et la discrétion sont unies ensemble, et comment l'âme doit se conformer à cette allégorie.
Chapitre X (11) Comment la pénitence et les autres exercices corporels doivent servir de moyens pour parvenir à la vertu, mais ne doivent pas être aimés principalement. De la lumière de la discrétion dans l'emploi de divers autres moyens.
Chapitre XI (12) Rappel de quelques choses déjà dites, et comment Dieu promet la consolation à ses serviteurs et la réforme de l'Église, par le moyen de grandes souffrances.
Chapitre XII (13) Comment cette âme par la réponse divine sent, tout à la fois, croître et diminuer sa souffrance, et comment elle prie Dieu pour la Sainte Église et pour son peuple.
Chapitre XIII (14)Comment Dieu se plaint du peuple chrétien et en particulier de ses ministres. Quelques réflexions sur le sacrement du corps du Christ et sur le bienfait de l'incarnation.
Chapitre XIV (15) Comment la faute est plus gravement punie depuis la passion du Christ qu'elle ne l'était auparavant, et comment Dieu promet de faire miséricorde au monde et à l'Église, moyennant la prière et la souffrance de ses serviteurs.
Chapitre XV (16) Comment cette âme, connaissant la divine bonté, ne se contentait pas de prier seulement pour les chrétiens, mais priait de façon générale pour le monde entier.
IIe Réponse
Miséricorde au Monde
1° Le don du verbe incarné
Chapitre I (17) Comment Dieu se plaint de ses créatures raisonnables, principalement de l'amour-propre qui règne en elles, en exhortant cette âme à la prière et aux larmes.
Chapitre II (18) Comment nul ne peut échapper aux mains de Dieu, parce qu'il atteint tous les hommes ou par sa miséricorde ou par sa justice.
Chapitre III (19) Comment cette âme, de plus en plus embrasée d'amour, désirait la sueur de sang. Se réprimandant elle-même, elle faisait à Dieu une prière particulière pour son père spirituel.
Chapitre IV (20) Comment, sans les tribulations supportées avec patience, il est impossible de plaire à Dieu, et pourquoi Dieu l'exhorte ainsi que son Père, à les endurer avec une vraie patience.
Chapitre V (21) Comment la route qui menait au ciel ayant été rompue par la désobéissance d'Adam, Dieu fit de son Fils un pont par lequel on puisse passer.
Chapitre VI (22) Comment Dieu invite l'âme à contempler la grandeur de ce pont et comment il s'étend de la terre au ciel.
Chapitre VII (23) Comment nous sommes tous les ouvriers de Dieu dans la vigne de la Sainte Église ; et comment chacun possède une vigne à soi qui est lui-même, et comment tous doivent être unis à la vraie vigne du Fils de Dieu.
Chapitre VIII (24) De quelle manière Dieu façonne les rameaux unis au cep, et comment la vigne de chacun est si étroitement unie à celle du prochain, que l'on ne peut cultiver ou ravager l'une sans l'autre.
Chapitre IX (25) Comment l'âme prie Dieu de lui montrer ceux qui passent sur le pont, et ceux qui n'y passent pas.
Chapitre X (26) Comment ce pont béni a trois degrés qui représentent les trois états de l'âme. Comment ce pont, tout en s'élevant en haut, n'est pas séparé de la terre. Comment doit s'entendre cette parole du Christ: Quand j'aurai été élevé en haut, j'attirerai tout à moi.
Chapitre XI (27) Comment ce pont est construit en pierres, qui signifient les vertus: sur le pont se trouve une hôtellerie, où l'on donne la nourriture aux voyageurs. Qui passe sur le pont va à la vie, qui s'engage dessous va à la perdition et à la mort.
Chapitre XII (28) Comment ce n'est pas sans peine que l'on suit l'une ou l'autre de ces deux voies, celle du pont ou celle du fleuve ; et du bonheur que l'âme éprouve à passer par le pont.
Chapitre XIII (29) Comment ce pont, en s'élevant jusqu'au ciel, le jour de l'Ascension, n'a pas cependant quitté la terre.
Chapitre XIV (30) Comment cette âme, en admiration de la miséricorde de Dieu, raconte plusieurs grâces et bienfaits accordés à la race humaine.
2° Le don de la conformité au Christ
Chapitre I (31) De l'indignité de ceux qui passent par le fleuve en dessous du pont ; et comment l'âme qui suit cette voie, Dieu l'appelle arbre de mort, qui plonge ses racines en quatre vices capitaux.
Chapitre II (32) Comment les fruits de cet arbre sont aussi variés que le sont les péchés: et tout d'abord le péché de la chair.
Chapitre III (33) De l'avarice et des maux qui en dérivent.
Chapitre IV (34) De quelques autres constitués en puissance, et de leur fruit qui est l'injustice.
Chapitre V (35) Comment par ces fautes et par d'autres, l'on se laisse aller à de faux jugements, et de l'indignité dans laquelle on tombe.
Chapitre VI (36) Où l'on explique la parabole du Christ: "J'enverrai l'Esprit-Saint qui convaincra le monde d'injustice et de faux jugement" (Jn 16,8), et comment l'une de ces réprimandes est continuelle.
Chapitre VII (37) De la seconde accusation, où l'homme est convaincu d'injustice et de faux jugement, en général et en particulier.
Chapitre VIII (38) Des quatre principaux tourments des damnés d'où viennent tous les autres, et en particulier de la laideur du démon.
Chapitre IX (39) De la troisième condamnation qui sera portée au jour du jugement.
Chapitre X (40) Comment les damnés ne peuvent désirer aucun bien.
Chapitre XI (41) De la gloire des bienheureux.
Chapitre XII (42) Comment, après le jugement général, croîtra la peine des damnés.
Chapitre XIII (43) De l'utilité des tentations et comment toute âme, à ses derniers instants, voit la place de gloire ou de châtiment qui lui est destinée.
Chapitre XIV (44) Comment le démon attire les âmes par l'apparence du bien. - Comment celles qui passent par le fleuve, et non par le pont, sont trompées, et en voulant fuir les peines, y tombent. Vision d'un arbre qu'eut une fois cette âme.
Chapitre XV (45) Quels sont ceux à qui ces épines ne font aucun mal, bien que personne ne puisse traverser la vie sans y trouver des peines?
Chapitre XVI (46) Des maux qui proviennent de l'aveuglement de l'intelligence, et comment le bien, qui n'est pas fait en état de grâce, ne sert de rien pour la vie éternelle.
Chapitre XVII (47) Comment l'on ne peut observer les commandements, si l'on n'observe les conseils. Et comment, dans quelqu'état que l'âme choisisse, si sa volonté est bonne et sainte, elle est toujours agréable à Dieu.
Chapitre XVIII (48) Comment les mondains ne se peuvent rassasier ; et du châtiment de la volonté perverse en cette vie.
Chapitre XIX (49) Comment la crainte servile est insuffisante pour acquérir la vie éternelle: Comment on arrive par cette crainte à l'amour de la vertu.
Chapitre XX (50) Comment cette âme éprouve une grande amertume devant l'aveuglement de ceux qui se noient dans le fleuve.
Chapitre XXI (51) Comment les trois gradins figurés dans le pont, c'est-à-dire dans le Fils de Dieu, signifient les trois puissances de l'âme.
Chapitre XXII (52) Comment si les trois puissances de l'âme ne sont pas unies ensemble, il est impossible d'avoir la persévérance sans laquelle on ne saurait arriver à la fin.
Chapitre XXIII (53) Explication de ces paroles du Christ: Qui a soif vienne à Moi (Jn 7,37).
Chapitre XXIV (54) Quel moyen doit prendre généralement toute créature raisonnable pour pouvoir sortir des flots du monde, et passer par le pont.
Chapitre XXV (55) Récapitulation de quelques choses déjà dites.
Chapitre XXVI (56) Comment pour montrer que les trois degrés du pont signifient les trois états de l'âme, Dieu dit à cette âme de s'élever au-dessus d'elle-même pour contempler la vérité.
Chapitre XXVII (57) Comment l'âme, en regardant dans le divin miroir, voyait les différentes manières de monter des créatures.
Chapitre XXVIII (58) Comment la crainte servile ne suffit pas pour arriver à la vie éternelle, et comment la loi de crainte et la loi d'amour sont unies ensemble.
Chapitre XXIX (59) Comment, par la crainte servile figurée par le premier gradin du pont, l'on s'élève au second.
Chapitre XXX (60) De l'imperfection de ceux qui aiment et servent Dieu pour leur propre utilité et leur consolation.
Chapitre XXXI (61) Comment Dieu se manifeste lui-même à l'âme qu'il aime.
Chapitre XXXII (62) Pourquoi le Christ ne dit pas: Je manifesterai le Père, mais moi-même.
Chapitre XXXIII (63) De quelle manière l'âme gravit le second gradin du Pont après avoir franchi le premier.
Chapitre XXXIV (64) Comment, lorsqu'on aime Dieu imparfaitement, l'on aime aussi le prochain imparfaitement, et des signes de cet amour imparfait.
Chapitre XXXV (65) Du moyen que doit employer l'âme pour parvenir à l'amour pur et libre.
Chapitre XXXVI (66) Où à propos du sacrement du corps du Christ, l'on enseigne pleinement comment l'on passe de la prière vocale à l'oraison mentale, par le récit d'une vision qu'eut une fois cette âme.
Chapitre XXXVII (67) De l'erreur des mondains qui aiment le service de Dieu pour leur propre consolation.
Chapitre XXXVIII (68) De l’erreur des serviteurs de Dieu, qui aiment encore de cet amour imparfait.
Chapitre XXXIX (69) De ceux qui pour ne pas se priver des consolations, négligent de subvenir aux nécessités de leur prochain.
Chapitre XL (70) De l’erreur de ceux qui ont mis toute leur affection dans les consolations et visions spirituelles.
Chapitre XLI (71) Comment ceux qui s’attachent aux consolations et visions spirituelles, peuvent être trompées par le démon transformé en ange de lumière. Des signes auxquels on reconnaît qu’une vision est de Dieu ou du démon.
Chapitre XLII (72) Comment l’âme qui se connaît vraiment elle-même, évite sagement toutes ces tromperies.
Chapitre XLIII (73) De quelle manière l’âme quitte l’amour imparfait et arrive à l’amour parfait.
Chapitre XLIV (74) Des signes auxquels on connaît que l'âme est parvenue à l'amour parfait.
Chapitre XLV (75) Comment les imparfaits veulent suivre seulement le Père, alors que les parfaits suivent le Fils. D'une vision qu'eut cette âme, où elle vit différents baptêmes.
Chapitre XLVI (76) Comment l’âme, arrivée au troisième degré, parvient à la bouche à la bouche.
Chapitre XLVII (77) Des œuvres de l'âme parvenue au troisième degré.
Chapitre XLVIII (78) Du quatrième état qui n'est pas séparé du troisième, et de l'opération de l'âme, parvenue à cet état. Comment l’âme éprouve le sentiment continu de son union avec Dieu.
Chapitre XLIX (79) Comment Dieu ne se sépare jamais des parfaits, en leur retirant soit la grâce, soit le sentiment de sa présence, mais il interrompt parfois l'union.
Chapitre L (80) Comment les mondains rendent gloire à Dieu, qu'ils le veuillent ou non.
Chapitre LI (81) Comment les démons eux-mêmes rendent gloire et honneur à Dieu.
Chapitre LII (82) Comment l'âme, après avoir quitté cette Vie, voit pleinement la gloire du nom de Dieu on toute créature ; et comment elle n'a plus la peine du désir mais seulement le désir.
Chapitre LIII (83) Comment saint Paul, après avoir été ravi dans la gloire des bienheureux, désirait d'être délivré de son corps. Et ainsi font ceux qui sont parvenus à ce troisième et à ce quatrième état.
Chapitre LIV (84) Comment l'âme, parvenue à l'état d'union, éprouve un désir infini de laisser sa dépouille terrestre, pour s'unir à Dieu.
Chapitre LV (85) Comment ceux qui sont parvenus à cet état d'union sont illuminés dans leur intelligence, par une lumière surnaturelle infuse, par une grâce spéciale de Dieu. Et comment il est plus avantageux pour le salut de l'âme de suivre les conseils d'un esprit humble possédant une conscience sainte que ceux d'un savant orgueilleux.
Chapitre LVI (86) Récapitulation de quelques vérités. Et comment Dieu invite cette âme à prier pour toute créature et pour la sainte Église.
Chapitre LVII (87) Comment cette âme demande à Dieu de vouloir bien lui faire goûter les fruits des larmes.
3e Le don des larmes
Chapitre I (88) Comment il y a cinq sortes de larmes.
Chapitre II (89) De la différence des larmes par rapport aux différents états d’âme.
Chapitre III (90) Récapitulation du chapitre précédent. Comment le démon a peur de ceux qui sont arrivés aux cinquièmes larmes ; et comment les attaques du démon sont la voie qui conduit à cet état.
Chapitre IV (91) Comment ceux qui désirent les larmes des yeux et ne les peuvent obtenir, ont les larmes de feu ; et pourquoi Dieu retire les larmes corporelles.
Chapitre V (92) Comment de ces cinq sortes de larmes, quatre sont d'une infinie variété. Et que Dieu veut être Servi comme Être infini.
Chapitre VI (93) Du fruit des larmes des mondains.
Chapitre VII (94) Comment les mondains qui pleurent sont battus par quatre vents différents.
Chapitre VIII (95) Des fruits des secondes et des troisièmes larmes.
Chapitre IX (96) Du fruit des quatrièmes larmes : les larmes unitives.
Chapitre X (97) Comment cette âme dévote remercie Dieu de lui avoir expliqué les états des larmes, et lui adresse trois demandes.
Appendice
éclaircissements sur le don de discernement
Chapitre I (98) Comment la lumière de la raison est nécessaire à toute âme qui veut servir Dieu en vérité : Et tout d'abord. de la lumière générale.
Chapitre II (99) De ceux qui s'appliquent plus à mortifier le corps qu'à tuer la volonté propre. Qu'il y a une lumière plus parfaite que la lumière générale, et qui est la seconde lumière.
Chapitre III (100) De la troisième et très parfaite lumière et des œuvres accomplies par l'âme quand elle est parvenue à cette lumière. D'une vision que cette âme dévote eut une fois, et dans laquelle fut pleinement expliquée la manière d'atteindre à la parfaite pureté. Comment il ne faut pas juger.
Chapitre IV (101) Comment ceux qui sont éclairés par cette troisième lumière très, parfaite, reçoivent, en cette vie, un gage de vie éternelle.
Chapitre V (102) Comment l'on doit reprendre le prochain, sans tomber en de faux jugements.
Chapitre VI (103) Comment si, en priant pour une personne, Dieu fait voir à l'âme qui prie que cette personne est dans les ténèbres, l'on n'en doit pas juger qu'elle est en péché mortel.
Chapitre VII (104) Comment la pénitence ne doit pas être considérée comme le fondement ni comme le principal effet de la perfection, qui est l'amour de la vertu.
Chapitre VIII (105) Résumé de ce qui précède, avec une addition sur la correction du prochain.
Chapitre IX (106) Des signes auxquels on connaît que les visites et les visions spirituelles sont de Dieu ou du démon.
Chapitre X (107) Comment Dieu exauce les saints désirs de ses serviteurs. Combien lui sont agréables ceux qui le prient, et frappent avec persévérance à la porte de sa Vérité.
Chapitre XI (108) Comment cette âme s'humilie en rendant grâces à Dieu. Elle prie ensuite pour le monde entier, et spécialement pour le corps mystique de la sainte Église, pour ses fils spirituels et pour les deux pères de son âme. Enfin elle demande à connaître les fautes des ministres de la sainte Église.
Chapitre XII (1O9) Comment Dieu excite le zèle de cette âme pour la prière en répondant à quelques-unes de ses demandes.
IIIe Réponse
Miséricorde à la Sainte Église - La réforme des pasteurs !
Chapitre I (11O) De la dignité des prêtres, et du sacrement du corps du Christ. De ceux qui se communient dignement, et de ceux qui le font indignement.
Chapitre II (111) Comme toutes les impressions des sens corporels sont trompées dans ce Sacrement, mais non les sens de l'âme. C'est avec ces sens intérieures, qu'il faut voir, goûter et toucher. D'une belle vision qu'eut cette âme, à ce sujet.
Chapitre III (112) De l'excellence de l'âme qui reçoit ce sacrement en état de grâce.
Chapitre IV (113) Comment ce qui a été dit touchant l'excellence du sacrement vous fait mieux connaître la dignité des Prêtres ; et comment Dieu exige d'eux une pureté plus grande que des autres créatures.
Chapitre V (114) Comment l'on ne doit pas vendre ni acheter les sacrements. Comment ceux qui les reçoivent doivent subvenir aux besoins temporels des Ministres ; et comment ceux-ci doivent faire trois parts des offrandes qui leur sont faites.
Chapitre VI (115) De la dignité des prêtres. Comment la vertu des sacrements n'est pas amoindrie par les fautes de ceux qui les administrent ou qui les reçoivent. Et comment Dieu ne veut pas que les Séculiers s'arrogent le droit de les corriger.
Chapitre VII (116) Comment Dieu regarde comme dirigées contre lui-même les persécutions que l'on fait subir à l'Église et à ses ministres. Et comment cette faute est plus grave qu'aucune autre.
Chapitre VIII (117) Où l'on parle de ceux qui, de différentes manières, persécutent l'Église et les ministres.
Chapitre IX (118) Résumé de ce qui a été dit sur l'Église et sur les ministres.
Chapitre X (119) De l'excellence des vertus, et des œuvres saintes des ministres vertueux et saints. Comment ils ont la propriété du soleil, et comment ils corrigent ceux qui leur sont soumis.
Chapitre XI (120) Résumé du chapitre précédent, et du respect que l'on doit aux prêtres, qu'ils soient bons ou mauvais.
Chapitre XII (121) Des péchés et de la vie coupable des mauvais prêtres.
Chapitre XIII (122) Comment ces ministres d’iniquité font régner l'injustice, particulièrement en ne corrigeant pas leurs sujets.
Chapitre XIV (123) De maints autres vices de ces mauvais prêtres ; en particulier de la fréquentation des cabarets, du jeu, et du concubinage.
Chapitre XV (124) Comment ces ministres se rendent coupables d'un très grand péché. Et d'une belle vision qu'eut cette âme à ce sujet.
Chapitre XVI (125) Comment ces fautes des ministres sont cause qu'ils ne corrigent pas leurs sujets. Des vices des Religieux. Des maux nombreux qui découlent de cette absence de correction.
Chapitre XVII (126) Comment, dans les mauvais ministres, règne le péché de luxure.
Chapitre XVIII (127) Comment ces ministres sont dominés par l'avarice. Ils prêtent à usure, mais surtout ils vendent et achètent les bénéfices et les Prélatures. Des maux que cette cupidité a causés à la sainte Église.
Chapitre XIX (128) Comment ces ministres sont dominés par l'orgueil qui leur tait perdre le sens de la vérité ; et comment, dans cet aveuglement, ils en arrivent à simuler la consécration sans consacrer réellement.
Chapitre XX (129) De beaucoup d'autres péchés qui se commettent par orgueil et par amour-propre.
Chapitre XXI (130) De beaucoup d'autres péchés que commettent les mauvais pasteurs.
Chapitre XXII (131) De la différence de la mort des justes d'avec celle des pécheurs. Et premièrement de la mort des justes.
Chapitre XXIII (132) De la mort des pécheurs et de leurs peines en ce dernier instant.
Chapitre XXIV (133) Résumé de ce qui précède ; et comment Dieu dé rend aux séculiers de porter la main sur ses prêtres. Comment aussi il invite cette âme à pleurer sur ces prêtres prévaricateurs.
Chapitre XXV (134) Comment cette âme dévote en louant et remerciant Dieu, prie pour la sainte Église.
IVe Réponse
La providence de la Miséricorde
Chapitre I (135) Commencement du Traité de la Providence de Dieu. Et d'abord, de la Providence en général, dans la création de l'homme à l'image et ressemblance de Dieu, dans l'incarnation de son Fils qui est venu nous ouvrir la porte du paradis fermé par le péché d'Adam - et dans le sacrement de l'autel où il se donne à nous en nourriture.
Chapitre II (136) Comment l’espérance est un don de la Providence divine et comment plus on espère parfaitement, plus parfaitement aussi l'on goûte la providence de Dieu.
Chapitre III (137) Comment Dieu a pourvu, dans l'ancien testament, aux besoins de l'homme, par la loi et par les prophètes. Puis, par l'envol de son Verbe, enfin par les apôtres, par les martyrs et les autres saints. Comment rien n'arrive aux créatures qui ne sou l'effet de la providence de Dieu.
Chapitre IV (138) Comment tout ce que Dieu permet n'arrive que pour notre bien et pour notre salut, et combien aveugles et abusés ceux qui pensent le contraire.
Chapitre V (139) Comment Dieu pourvut, en une circonstance particulière, au salut d'une âme.
Chapitre VI (140) Où Dieu explique sa providence à l'égard des hommes et se plaint de leurs infidélités. Exposé d'une figure de l'ancien testament, qui enferme une précieuse doctrine.
Chapitre VII (141) Comment la Providence divine nous menace des tribulations pour notre salut. Du malheur de ceux qui mettent leur confiance en eux-mêmes, et de l'excellence de ceux qui espèrent dans la providence.
Chapitre VIII (142) Comment Dieu exerce sa providence sur l'âme, en lui donnant son sacrement. Comment il pourvoit aux désirs de ses serviteurs affamés du sacrement du corps du Christ. Comment il pourvut maintes fois, par une intervention merveilleuse, au besoin d'une âme qui désirait ardemment l'Eucharistie.
Chapitre IX (143) De la providence de Dieu à l’égard de ceux qui sont en péché mortel.
Chapitre X (144) De la providence de Dieu à l’égard de ceux qui sont encore dans l'amour imparfait.
Chapitre XI (145) De la providence de Dieu vis-à-vis de ceux qui sont dans la charité parfaite.
Chapitre XII (146) Résumé de ce qui précède. - Explication des paroles du Christ à saint Pierre : « Jette tes filets à droite de la barque. »
Chapitre XIII (147) Comment il en est qui sont plus habiles à jeter le filet et qui prennent plus de poissons. De l'excellence de ces parfaits.
Chapitre XIV (148) De la providence de Dieu en général vis-à-vis de ses créatures, en cette vie et dans l'autre.
Chapitre XV (149) De la providence de Dieu à l'égard de ses serviteurs pauvres: comment il leur procure les choses temporelles.
Chapitre XVI (15O) Des maux qui découlent de la possession ou du désir déréglé des richesses temporelles.
Chapitre XVII (151) Excellence de la pauvreté spirituelle. Comment le Christ a enseigné cette pauvreté, non seulement par ses paroles, mais par son exemple. De la providence de Dieu envers ceux qui embrassent cette pauvreté.
Chapitre XVIII (152) Résumé de ce qui a été dit sur la divine providence.
Chapitre XIX (153) Comment cette âme, après avoir loué et remercié Dieu, le prie de lui parler sur la vertu d'obéissance.
De l'obéissance
Chapitre I (154) Où l'on trouve l'obéissance? - Ce qui la fait perdre. - A quel signe l'homme peut connatre qu'il la possède ou non? -Quelle est la compagne de l'obéissance? - Qui la nourrit?
Chapitre II (155) Comment l'obéissance est une clef qui ouvre le ciel. De la nécessité de porter toujours cette clef attachée à la ceinture. Ses qualités.
Chapitre III (156) Où l'on parle à la fois de la misère des désobéissants et de l'excellence des obéissants.
Chapitre IV (157) De ceux qui aiment tant cette vertu, qu'ils ne se contentent pas de l'obéissance commune aux commandements, mais veulent pratiquer l'obéissance particulière.
Chapitre V (158) Comment on parvient de l'obéissance commune à l'obéissance particulière. De l'excellence des Ordres religieux.
Chapitre VI (159) De l'excellence des religieux fidèles à l'obéissance, et de la misère des religieux désobéissants.
Chapitre VII (160) Comment les vrais obéissants reçoivent cent pour un, et la vie éternelle ! Ce qu'il faut entendre par cet un et par ce cent.
Chapitre VIII (161) De la perversité, des misères et des peines du désobéissant ; et des fruits amers que produit la désobéissance.
Chapitre IX (162) De l'imperfection de ceux qui vivent avec tiédeur dans la religion, tout en se gardant du péché mortel. Remède pour sortir de cette tiédeur.
Chapitre X (163) De l'excellence de l'obéissance et des biens qu'elle procure à qui la pratique en toute vérité.
Chapitre XI (164) Distinction de deux obéissances : celle des religieux et celle que l'on rend à une personne en dehors de la religion.
Chapitre XII (165) Comment Dieu ne mesure pas sa récompense à l'importance ni à la durée des œuvres des obéissants, mais à la grandeur de la charité et à la promptitude de l'obéissance. Miracles que Dieu a opérés par cette vertu. De la discrétion, dans l'acte d'obéissance. Des œuvres et de la récompense des vrais obéissants.
Conclusion
Chapitre I (166) Résumé de tout le livre.
Chapitre II (167) Comment cette âme très dévote, en remerciant et en louant Dieu prie pour le monde entier et pour la sainte Église. Elle termine cet ouvrage en recommandant la vertu de foi.
La deuxième partie du Dialogue traite de la miséricorde de Dieu. La miséricorde vient de la dignité de l'homme qui est « créé à l'image de Dieu », mais et qui vit en l'âme de chaque homme. Développant l'enseignement de Catherine de Sienne sur la connaissance de soi-même et de la connaissance de Dieu, le Dialogue invite à voir la présence de Dieu en l'âme et la raison de cette présence. Cette ouverture sur Dieu conduit à redonner à l'homme une dignité supérieure : « Ouvre l'œil de ton intelligence et regarde en moi, et tu verras la dignité et la beauté de l'âme que j'ai créée à mon image »[C 11].
La dignité de l'homme vient du fait que l'homme est créé à l'image de Dieu, et la raison de cette ressemblance est l'amour de Dieu pour l'homme, affirme le Dialogue. Néanmoins, l'âme reste libre et « par son libre arbitre peut faire le bien ou le mal selon sa volonté »[C 12]. Néanmoins même si le mal existe et si une personne peut parfois choisir le mal, cela ne conduit pas à détruire le bien ou la dignité de la personne.
Catherine demande alors de pouvoir souffrir et de faire pénitence pour la faute des autres. Cette demande est acceptée, et montre l'importance de la prière et de la pénitence pour les autres dans la théologie de Catherine de Sienne.
Dieu affirme vouloir faire miséricorde à tous : « Ma fille, vois et sache que nul ne peut m'être enlevé, parce que, tous y sont ou par justice ou par miséricorde, comme il est dit, parce qu'ils sont à moi et créés par moi, et je les aime ineffablement. Et je leur ferai miséricorde malgré leur iniquité, par le moyen de mes serviteurs, et j'accomplirai ta pétition comme tu me l'as demandé avec tant d'amour et de douleur »[C 13].
Catherine développe à travers une métaphore le rôle du Christ comme un pont entre Dieu et l'homme. Elle développe cette image après avoir parlé du péché originel et du péché d'Adam. Dans le dialogue, le péché d'Adam est considéré comme étant le fruit de l'impatience et de l'orgueil d'Adam.
Ce péché aurait pour conséquence de séparer l'homme de la vie éternelle, en ouvrant à des conséquences désastreuses pour l'homme, conduisant à la séparation entre l'homme et Dieu, opposition comparée à un fleuve où l'on se noie. Le Christ est alors représenté de manière imagée comme le pont qui permet de surmonter ce fleuve qui sépare de Dieu : « Dès qu'Adam eut péché, accourut un fleuve tempétueux qui toujours frappe de ses eaux, apportant fatigues et tourments avec lui, et tourments venant du démon et du monde. Tous vous vous noyiez, car nul, avec toutes ses justices, ne pouvait rejoindre la vie éternelle. C'est pourquoi voulant remédier à tous vos maux, je vous ai donné le pont, mon Fils, afin que, passant le fleuve, vous ne vous noyiez, et ce fleuve est la mer tempétueuse de cette vie ténébreuse »[C 13].
La vie du Christ et sa Passion sont analysés comme le lien entre la justice divine et la miséricorde : les conséquences du péché originel conduisent à l'impossibilité d'accéder à la vie éternelle, et le Christ, en se sacrifiant sur la Croix, contribue à rendre la justice en s'offrant pour les autres : « Si je vois bien, suprême et éternelle Vérité, je suis le voleur et toi, tu es pendu à ma place, parce que je vois le Verbe, ton Fils, cloué et rivé sur la croix, de lui tu m'as fait un pont »[C 5].
Si le Christ représente le pont qui conduit à Dieu, néanmoins cela nécessite la liberté des personnes, qui doivent choisir de prendre ce chemin, en suivant les enseignements du Christ par les vraies vertus et la volonté libre. Cette conception rejoint la pensée de Thomas d'Aquin sur le libre arbitre et la providence divine[C 13].
La première édition du Dialogue est réalisée en 1472 à Bologne, alors que l'imprimerie n'est présente en Italie que depuis 5 ans. Le Dialogue apparaît comme l'un des premiers livres publiés et imprimés en Italie, au côté des grands livres de l'Antiquité classique[C 14].