La Ligue des chefs de section (ou Ligue des chefs de section et des soldats combattants ou encore Ligue des chefs de section Binet-Valmer) était un mouvement français d'anciens combattants nationalistes de l'entre-deux-guerres, actif surtout dans les années 1920, notamment entre 1919 et 1925.
Le mouvement est créé en 1919 par l'écrivain et journaliste franco-suisse maurassienJean Gustave Binet, dit Binet-Valmer, avec l'appui de journaux comme Le Journal auquel il collabore, La Liberté, L'Action française[1]. Il trouve l'appui de personnalités qu'il a côtoyées avant-guerre à Paris au cercle Hoche, dont il est l'un des secrétaires[2]. Les réunions du comité directeur se déroulent dans les locaux du cercle[3].
La ligue naît donc au lendemain de l'armistice du 11 novembre 1918, dans le contexte de la démobilisation des millions de soldats français qui se prolonge de longs mois, dans une période marquée par leur retour parfois difficile à la vie civile, par leur mécontentement et par des inquiétudes provoquées notamment par les révolutions russes de 1917[4].
Les premiers appels de Binet-Valmer en s'adressent aux chefs de section, aux sous-officiers et officiers démobilisés pour qu'ils aident les « braves gens dont ils étaient les chefs et les amis », les soldats encore sous les drapeaux en passe d'être démobilisés, avec la crainte que « ceux-là, grâce auxquels l'ordre social a été maintenu, ne deviennent des éléments de trouble » dans la mesure où ils « ont de la vigueur, s'irritent (…), songent à vaincre cette société qui ne leur fait pas, assez rapidement à leur gré, la place que mérite leur long sacrifice »[5]. La ligue entend donc rassembler des chefs, officiers subalternes et sous-officiers qui ont combattu au front, et des simples soldats, que les chefs doivent encadrer, ce qui la distingue des grandes associations d'anciens combattants qui ne font pas cette distinction. D'où son nom complet adopté en : Ligue des chefs de section et des soldats combattants[6]. Binet-Valmer obtient du ministre de la guerre que les officiers d'active puissent adhérer à la ligue, qui veut exalter « l'esprit guerrier » et « l'amitié pour le frère d'armes »[7].
La ligue fonde des groupes locaux dans les arrondissements parisiens, en banlieue parisienne et en province[8]. Elle englobe à ses débuts quelques petites associations d'anciens combattants : l'Amicale des évadés, la Ligue des cheminots anciens combattants, les Combattants de l'air, les Officiers de complément de la 12e région, les Anciens combattants de la Martinique[9].
La ligue a offert à Georges Clemenceau sa présidence, puis sa présidence d'honneur[10]. Elle est dirigée de sa fondation à 1929 par Binet-Valmer[11]. La ligue végète par la suite, avec une nouvelle direction presque entièrement renouvelée en 1930, à l'exception de Marcel Funereau et de Leeman. Elle est présidée jusqu'en 1940 par Pierre Fournier, colonel de réserve[12].
Ont été vice-présidents des hommes politiques tels Gaston Le Provost de Launay, de 1919 à 1922[Note 1], Humbert Ricolfi, vice-président du groupe des anciens combattants à la Chambre des députés, ou Michel Missoffe[13]. Ainsi que l'avoué au tribunal de la Seine André Wateau, commandant de réserve et futur général[Note 2]. Missoffe préside la fédération nationale des sociétés d'anciens chasseurs à pied à partir de 1923[14], Wateau est le président-fondateur (1919) de l'Union des combattants de l'air. Son secrétaire général a été jusqu'en 1927 le capitaine Maurice Ternisien[15]. Georges Leeman lui succède en 1928[Note 3]. Ont été secrétaires Henri de Kerillis, de L'Écho de Paris, Joseph Delest (sergent à la fin de la guerre, titulaire de la croix de guerre), publiciste, Marcel Funereau, qui fut le plus jeune récipiendaire de la Légion d'honneur et le plus jeune capitaine de l'armée, à 21 ans (vice-président de la ligue en 1930)[Note 4], le capitaine de réserve Maurice Brunet, entré au comité directeur en 1924 en tant que vice-président de l'Association nationale des camarades de combat[Note 5]. Ont été trésoriers le marquis Raymond de Tracy, président du comité de Nevers[16], l'industriel James Baignières, le colonel François de Franqueville, ancien officier d'active, président du comité du 16e arrondissement[17].
Ont aussi fait partie de son comité directeur l'écrivain et lieutenant de réserve Antoine Redier, Pierre Héricourt, lieutenant de réserve également, journaliste et publiciste, mutilé de guerre[Note 6], ou encore Eugène Mittler, autre publiciste et journaliste, lieutenant et mutilé de guerre également[18].
Ce petit mouvement et son chef seraient probablement encore plus tombés dans l'oubli si Henry de Montherlant et Georges Simenon n'y avaient pas collaboré à leurs débuts. Lorsque ce dernier débarque à Paris en 1922, il commence ainsi à travailler comme garçon de course de la Ligue et pour Binet-Valmer, avant de devenir en 1923-1924 secrétaire de l'un des mécènes de cette même Ligue, le marquis Raymond Destutt de Tracy, qui vient de perdre son père et a besoin d'un secrétaire[Note 7].
La ligue et son président ont milité pour que la tombe du soldat inconnu soit placée à l'Arc de triomphe[19].
En 1921, elle fêta l'anniversaire de la journée du , date de l'arrêt de l'offensive allemande, lors d'une réunion au Trocadéro[20]. Sont présents à la tribune 5 maréchaux - Joffre, Pétain, Lyautey, Fayolle, Franchet d'Esperey -, le ministre des finances, le président de la Chambre des députés, plus de cent parlementaires et des généraux (Mangin, Nivelle, Maistre, Gouraud, Berdoulat). La réunion est présidée par Raymond Poincaré. Ont pris la parole Binet-Valmer, Missoffe, le député Édouard de Warren, le capitaine Pierre de la Charrière (président du comité de Tunis de la ligue[21]), et Poincaré. Dans la journée, une délégation de la ligue est allée à la tombe du soldat inconnu, en présence d'André Maginot, ministre des pensions[22].
Elle a œuvré avec l'appui du Journal pour tirer de l'abandon, dans lequel elle était laissée, la clairière de Rethondes où fut signé l'armistice de 1918: son président et son actif secrétaire général, le capitaine Ternisien, ont fait appel aux souscriptions, ont fait élever un monument, ont participé à l'organisation de la cérémonie du à Rethondes[23].
Elle a organisé des pèlerinages du souvenir sur les champs de bataille[24].
Elle a fait appel à la solidarité de ses membres à ses débuts, pour aider les soldats démobilisés : placement, soins médicaux, assistance juridique, avec Michel Missoffe, avocat,, remises dans des magasins parisiens[25]. Elle a organisé plusieurs années de suite le Noël des enfants des régions dévastées[26].
La ligue s'engage dès ses débuts pour l'ordre et contre le communisme : « Quel est le but de notre ligue ? Maintenir puissante, entre les chefs et les soldats, l'amitié fraternelle dont les Allemands eux-mêmes reconnaissent qu'elle nous a protégés contre le bolchevisme et sa mortelle folie. (…) Toutes les confessions sont représentées, et tous les partis que l'anarchie n'a pas contaminée. Vous voyez bien que nous ne ferons pas de politique ! »[27]. Sa première conférence publique a d'ailleurs été un meeting anticommuniste en 1919[28].
Héricourt s'est fait connaître avant son adhésion et son entrée au comité directeur par son interpellation de Marcel Cachin d'une tribune de la Chambre des députés[31]. En 1920, une polémique l'oppose dans L'Action française à Binet-Valmer au sujet du soldat inconnu, sur fond de refus (Héricourt) ou d'acceptation de la République (Binet-Valmer)[32].
Aux yeux de la gauche et de l'extrême gauche, la ligue est réputée avoir été « une armée » au service de l'ordre bourgeois lors des grèves de 1919-1920[33]. Dans le contexte des grèves de juin 1919, des tracts de la ligue, jetés d'un avion à Paris, appellent les ouvriers à reprendre le travail, car « tant que l'ennemi ne nous aura pas donné de garantie, toute lutte sociale, toute querelle entre Français est un crime »[34]. Les ligueurs parisiens affirment se tenir prêts « si quelque mouvement révolutionnaire essayait de troubler l'ordre »[35]. Dans la perspective de la journée de grève du , annoncée puis ajournée la veille par la Confédération générale du travail (CGT)[36], la Ligue a appelé à la « mobilisation civile en cas de grève générale ayant un but nettement révolutionnaire », contre les « grèves imposées par des émeutiers à un brave peuple de braves soldats ». La ligue fait signer à ses adhérents un formulaire dans lequel ils s'engagent soit à maintenir l'ordre, soit à remplacer les grévistes[37]. En 1920, elle mobilise ses adhérents pour qu'ils se mettent à la disposition des services publics, et Binet- Valmer met ses adhérents au service du gouvernement[38],[39]. Binet-Valmer déclare : « Nous ne sommes pas des briseurs de grève professionnels. Nous n'avons pas bougé lors de la grève des grands magasins, par exemple. Nous n'entendons intervenir que lorsque nous serons en présence d'un mouvement, comme une grève des transports, susceptible de paralyser la vie économique du pays ou d'une grève générale à forme révolutionnaire »[40].
Parmi ses propositions, il y eut celle de réserver aux anciens combattants 51 % des sièges à la Chambre des députés dans la perspective des élections législatives de novembre 1919[41]. D'où une entente avec les dirigeants d'autres associations d'anciens combattants, notamment Gaston Vidal de l'Union fédérale (UF) et Charles Bertrand de l'Union nationale des combattants (UNC), en vue des élections législatives[42]. Binet-Valmer appelle à constituer « la IVe République » et à s'entendre avec un groupement du même nom, le mouvement IVe République, autre appellation d'un rassemblement de rénovateurs désirant des réformes institutionnelles, le Parti républicain de réorganisation nationale. Binet-Valmer affirme : « nous sommes tous sincèrement républicains, puisque le drapeau sous lequel nous avons servi et triomphé, était tenu par des mains républicaines »[43]. Ce qui provoque une polémique avec L'Action française`, qui déplore que leur appel se place sur le terrain explicitement républicain, ce qui revient à jeter l'exclusive sur les anciens combattants royalistes[44]. Cela provoque l'exclusion d'un dirigeant royaliste d'un comité de la Ligue à Bourges[45]. La ligue se contente finalement d'appeler à voter pour des « candidats patriotes, quelles que soient leurs convictions, à l'exclusion des listes qui ne contiendraient pas 50 % d'anciens combattants »[46]. Binet-Valmer se désole ensuite qu'il n'y ait pas un véritable groupe des anciens combattants à la Chambre, et appelle, sans succès, à la formation d'un « parti des anciens combattants »[47].
Des dirigeants nationaux et locaux de la ligue se présentent aux élections législatives de novembre 1919. Le Provost de Launay et Pierre Taittinger sont élus députés de la Charente-Inférieure. Xavier de Magallon, président des comités des 1er et 2e arrondissements[48], est aussi élu député. Delest et Héricourt sont candidats sur les listes de l'AF à Paris, sans succès[49]. Mittler[Note 10], secrétaire général d'un nouveau petit parti, Démocratie nouvelle, qu'il quitte en juillet 1921, est aussi candidat, sans succès également[50].
La ligue trouve l'appui à ses débuts de parlementaires anciens combattants comme Jean Ybarnégaray[51]. Pierre Taittinger et Édouard de Warren soutiennent Binet-Valmer et sa ligue après leur élection[52]. André Maginot intègre le comité directeur en 1920, comme aussi Taittinger, Ricolfi et Jean Fabry, lieutenant-colonel et amputé de guerre[53]. De Warren, Maginot et Taittinger sont encore membres du comité directeur en 1925[54]. Quelques autres députés ont adhéré à la ligue comme Maurice Bokanowski ou Marcel Habert[55].
Michel Missoffe, conseiller municipal de Paris en 1919, est député de 1924 à 1928. Delest et Missoffe se sont affrontés aux législatives de 1924 à Paris, le premier étant candidat sur la liste de l'Action française, le second sur celle des modérés[56]. Le Provost de Launay n'est pas réélu en 1924 contrairement à Taittinger, élu en région parisienne. Mittler se présente en 1924 à Paris sans succès[57].
Sous les auspices de la ligue, Eugène Mittler, collaborateur de L'Écho de Paris, donne de nombreuses conférences entre 1922 et 1924 sur le traité de Versailles et pour appuyer l'occupation de la Ruhr, parfois interdites du fait de la crainte de contre-manifestations des milieux de gauche[58].
Sous le Cartel des gauches, la ligue adhère à la vieille Ligue des patriotes en , mais conserve son autonomie. Elle a adhéré pour lutter contre les « révolutionnaires », pour « barrer la route aux envahisseurs de Moscou »[59],[60]. Elle organise l'année suivante un meeting contre le général Maurice Sarrail, marqué à gauche, avec Binet-Valmer, Kerillis, Missoffe et Taittinger[61]. C'est semble-t-il le dernier meeting organisé par la ligue.
Certains dirigeants de la ligue rejoignent les Jeunesses patriotes, fondées par Taittinger en 1924 : le capitaine Ternisien, qui devient son secrétaire général, le colonel de Franqueville, son vice-président, Misoffe, Kerillis, Brunet[62]. Binet-Valmer assiste à un meeting des JP à Paris en 1925[63]. Henri de Kerillis, membre du conseil national de la Fédération républicaine, se présente sans succès aux législatives de 1926, fonde la même année le Centre de propagande des républicains nationaux. Wateau le suit, et est membre du conseil d'administration de ce Centre. On y retrouve aussi Eugène Mittler[64]. Binet-Valmer démissionne de ses fonctions en 1929 pour pouvoir rallier publiquement l'Action française[65].
Au lendemain du , la ligue adhère au Front national regroupant les ligues nationalistes françaises. Son président, Fournier, participe en 1935 à un meeting d'association d'officiers de réserve marqués à droite[66].
↑Dossier de la Légion d'honneur d'André Wateau sur la base Léonore (grand-croix en 1931), L'Aérophile, 1er janvier 1921, "André Wateau" (biographie). Wateau, actif dans les associations de l'aéronautique (président de l'Aéroclub de France en 1934), général en mai 1940, sera désigné juge à la Cour suprême de justice en août 1940, et donc magistrat au Procès de Riom (Le dossier Rebatet, Robert Laffont, 2015 p. 429. Erreur d'orthographe sur le nom de Wateau). Après la Seconde Guerre mondiale, il anime avec les avocats du Maréchal Pétain un réseau informel qui vient en aide à Pétain: Jérôme Cotillon, Ce qu'il reste de Vichy, Armand Colin, 2003 (même erreur sur l'orthographe de Watteau).
↑Il milite à DRAC dans les années 1930 et préside cette association de 1955 à 1966. Ce grand mutilé de guerre a présidé la Ligue des jeunes, fondée en 1924 : L'Action française, 29 avril 1924.
↑L'Echo de Paris, 14 juin 1919, "Un mutilé de la guerre proteste contre les provocations révolutionnaires" (biographie d'Héricourt, mobilisé en décembre 1914, sous-lieutenant en juillet 1918, cinq fois blessé, titulaire de la croix de guerre et de la médaille militaire). Il reçoit ensuite la Légion d'honneur. Il a écrit sur son régiment, le 418e R.I. (Le 418e, Un régiment, des chefs, des soldats, Nouvelle librairie nationale, 1922.
↑Descendant d'Antoine Destutt de Tracy et de Victor Destutt de Tracy, il est le fils de Jacques de Tracy (Jacques Victor Flavien Henrion Staal de Stutt de Magnoncour de Tracy) , marquis de Tracy , un ancien préfet (démissionnaire en 1877), polytechnicien et propriétaire d'une écurie de courses, décédé en 1921 (Le Figaro, 19 avril 1921, Ibid., 14 avril 1921). Ancien diplomate, décoré de la croix de guerre et de la Légion d'honneur (1923 : Le Journal, 20 novembre 1923), il porte depuis la mort de son père le titre de marquis. Il portait auparavant celui de vicomte puis de comte depuis la mort à la guerre de son frère aîné. Il est membre du cercle Hoche (Excelsior, 7 avril 1919). Né en 1878, il hérite de son père, entre autres, un hôtel particulier rue de la Boétie à Paris, des vignobles dans la Loire, une villa en Tunisie, des terres, plusieurs châteaux dont le château de Tracy et le château de Paray (Allier) avec son vaste domaine (2 546 hectares en 1934) et le journal Paris-Centre, de Nevers, fondé par son père en 1909 ; c'était alors un journal monarchiste. Il préside son conseil d'administration à la suite de son père. Ce quotidien devient actionnaire de l'agence de presse Inter-France en 1938 et le marquis devient associé de la SARL possédant les éditions Inter-France en 1944 : Gérard Bonet, L'agence Inter-France de Pétain à Hitler. Une entreprise de manipulation de la presse de province (1936-1950), édition du félin, 2021, p. 113, 260. Simenon s'inspire du château de Paray où il travailla en 1923-1924 pour son roman L'Affaire Saint-Fiacre : Jean-Louis Etien, Les châteaux dans les bocages bourbonnais. Du lieu de pouvoir à l'encombrant héritage, Presses universitaires Blaise Pascal, Clermont-Ferrand, 2008, p. 156-160.
↑Le lieutenant puis capitaine Héricourt (1895-1965) collabore au quotidien La Journée industrielle de 1919 à 1924 (il en est chassé selon ses dires en raison de ses convictions politiques : L'Action française, 12 mars 1924), puis au Charivari et à L'Action française jusqu'en 1939, comme secrétaire général de la rédaction (L'Action française, 22 octobre 1926) puis rédacteur parlementaire. Il écrit ensuite sur la Guerre d'Espagne et prend parti pour le camp franquiste : P. Héricourt, Pourquoi Franco vaincra, Baudinière, 1936, préface de Charles Maurras, Pourquoi mentir ? L'aide franco-soviétique à l'Espagne rouge, Baudinière, 1938, Pourquoi Franco a vaincu, Baudinière, 1939. Il a été le secrétaire général de l'Association Marius Plateau, l'association des anciens combattants d'Action française (Almanach de l'Action française, 1932, p. 361. À l'appel de cette association, il prend part à la manifestation contre le théâtre de l'Ambigu : Ibid., p. 178). Sous l'Occupation, il est le directeur général de la Légion française des combattants, de 1940 à mars 1941, puis consul à Barcelone (1943-44). Il meurt en exil en Espagne.
↑L'Action française, 17 avril 1919, "Contre le bolchevisme" : Cassagnac loue l'union de bonapartistes comme lui, de « patriotes de l'Action française » et d'hommes comme le lieutenant Mittler, Alsacien protestant, ancien de La Lanterne et de la Bataille syndicaliste mais aussi de L'Aurore avant guerre. Né en 1882, Mittler a mené une activité de journaliste et de militant ; il fut candidat radical aux municipales de 1908 puis candidat socialiste aux législatives de 1913 : cf. Olivier Dard, Le rendez-vous manqué des relèves des années 1930, PUF, 2002, p. 37.
↑Il sera ensuite candidat aux législatives en 1928 (à Orange contre Daladier). Il collabore à La Touraine républicaine et dirige un petit périodique parisien dans les années 1930, Le débat libre. Il est journaliste à L'Echo de la Charente sous l'Occupation. Mittler est partisan de la collaboration durant cette période ; condamné à 15 ans de prison, il fut cependant gracié : Guy Hontarrède, La Charente dans la Seconde Guerre mondiale, Croît vif, 2004, p. 112.
↑L'Action française, 14 juin 1919, "Un appel au bon sens qui tombe du soleil". Les syndicalistes dénoncent la mise à disposition d'avions militaires par le gouvernement (Jean-Louis Robert, Les ouvriers, la patrie et la révolution: Paris 1914-1919, Presses universitaires de Franche-Comté, 1995, p. 304). Ce qui est faux selon Binet-Valmer ; sa ligue aurait loué l'avion.
↑Chris Millington, From Victory to Vichy: Veterans in Interwar France, Oxford University Press, 2012, p. 29 (il cite une lettre de Binet-Valmer adressée au ministre de l'intérieur en février 1920).