Les litanies sont, dans la tradition chrétienne (principalement orthodoxe et catholique), un type de prière vocale caractérisée par la répétition psalmodiée de demandes d’intercession : « Priez pour nous ». Adressée à la Vierge Marie, au Sacré-Cœur ou à différents saints, cette prière litanique sollicite leur intercession auprès de Dieu. Leur origine est hébraïque.
Ce type de prière serait connu du monde juif au temps de Jésus. Le psaume 136 est litanique : à la récitation psalmodique des qualités et grandes œuvres du Seigneur, le peuple répond : « et sa fidélité est pour toujours ».
Paul dans sa lettre à Timothée recommande que la prière liturgique inclut des « supplications » (1 Tm:2:1-4). Des ébauches de litanies et supplications se trouvent dans les plus anciennes relations de célébrations eucharistiques, tel la Tradition apostolique, un traité de saint Hippolyte (datant de 215) et l’anaphore de Sérapion de Thmuis (dans son Sacramentaire). Telles que nous la connaissons aujourd'hui la prière des litanies a sans doute son origine (IVe siècle) à Antioche. La pratique se diffuse à Constantinople et passe bientôt à l'Occident chrétien.
Le pape Gélase (492-496) compose de nouvelles litanies et supplications qui sont incluses dans la célébration de l'Eucharistie. Mais, un siècle plus tard, leur usage est restreint et limité aux fêtes spéciales par le pape Grégoire le Grand (590-604). Seule la brève litanie du Kyrie eleison reste présente dans la partie ordinaire de la célébration liturgique.
Les litanies entrent également dans les célébrations processionnelles de l'Église. Elles furent récitées une première fois en 590, par injonction du pape Grégoire le Grand, lors d'une procession publique d'action de grâce.
Cette prière, généralement psalmodiée en groupes restreints, fait également partie de certaines cérémonies liturgiques solennelles de l'Église catholique. Ainsi les litanies des saints sont chantées lors de la veillée pascale, des cérémonies de baptême, des ordinations sacerdotales ou épiscopales et à la Toussaint (la fête de tous les saints).
Ces litanies peuvent être aussi priées avant une épreuve difficile, en cas d'angoisses ou en période de détresse, par exemple lors d'un cataclysme, une guerre ou une famine. Elles furent chantées, par exemple, lors des obsèques du pape Jean-Paul II en 2005. Elles commencent toujours par triple Kyrie eleison (« Seigneur, prend pitié ») et se terminent par une invocation.
Les prières litaniques les plus connues sont de loin les Litanies à la Vierge Marie, dites Litanies de Lorette, qui ont d’ailleurs fait l’objet de nombreuses adaptations musicales dont les dix Litaniae Lauretanae BMV.K109(I/II/III/IV/V) et BMV.K195((I/II/III/IV/V) de Wolfgang Amadeus Mozart.
Elles sont chantées en l'honneur de la mère de Dieu sous 51 vocables différents. D'origine supposée orientale, bien que pouvant être inspirée de pratique vocale traditionnelle et rurale du centre-sud de l'Italie, leur usage est attesté à Lorette (dans les Marches Italiennes) dès 1558, et officiellement approuvé par Sixte V en 1587.
Certains historiens émettent toutefois l'hypothèse que ces longues invocations n'ont pas d'origine biblique, mais viennent plutôt de la poésie latine médiévale ou de l'Hymne acathiste byzantine à la Mère de Dieu.
Les titres donnés à la Vierge Marie (« Tour de David », « Maison d’or »...), sont tirés des écrits des Pères de l’Église des premiers siècles et sont adressés à la Madone de Lorette représentée par la statue de la Madone de Lorette.
Les litanies de Lorette ont inspiré les artistes verriers comme les sculpteurs.