Louis-Frédéric Ménabréa (it) Luigi Federico Menabrea | |
Portrait en pied du général Menabrea (Lithographie de 1861, éd. Perrin). | |
Fonctions | |
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Président du Conseil des ministres d'Italie | |
– (2 ans, 1 mois et 17 jours) |
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Monarque | Victor-Emmanuel II |
Prédécesseur | Urbano Rattazzi |
Successeur | Giovanni Lanza |
Ministre des Affaires étrangères du royaume d'Italie | |
– (2 ans, 1 mois et 17 jours) |
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Premier ministre | Luigi Federico Menabrea |
Législature | VIIIe |
Prédécesseur | Pompeo di Campello |
Successeur | Emilio Visconti Venosta |
Ministre de la Marine du royaume d'Italie | |
– (8 mois et 19 jours) |
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Premier ministre | Bettino Ricasoli |
Prédécesseur | Camillo Benso, conte di Cavour |
Successeur | Carlo Pellion di Persano |
, ad interim – (3 jours) |
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Premier ministre | Luigi Carlo Farini |
Prédécesseur | Giovanni Ricci |
Successeur | Orazio Di Negro |
, ad interim – (12 jours) |
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Premier ministre | Luigi Federico Menabrea |
Législature | VIIIe |
Prédécesseur | Federico Pescetto |
Successeur | Pompeo Provana del Sabbione |
Ministre des Travaux publics du royaume d'Italie | |
– (3 mois et 15 jours) |
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Premier ministre | Luigi Carlo Farini |
Prédécesseur | Agostino Depretis |
, ad interim – (12 jours) |
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Premier ministre | Marco Minghetti |
Successeur | Stefano Jacini |
Sénateur du royaume d'Italie | |
Législature | A partir de la VIIe (nomination le 29 février 1860) |
Député du royaume de Sardaigne | |
Législature | Ire, IIe, IIIe, IVe, Ve, VIe |
Biographie | |
Nom de naissance | Luigi Federico Menabrea |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Chambéry (Département du Mont-Blanc, France) |
Date de décès | (à 86 ans) |
Lieu de décès | Saint-Cassin (Savoie, France) |
Nationalité | italienne |
Religion | Catholique |
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Présidents du Conseil italien | |
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Le général comte Louis-Frédéric Ménabréa (en italien Luigi Federico Menabrea), né le et mort à Saint-Cassin le , premier marquis de Valdora (ou Val Dora), était un diplomate et homme d'État italien.
Il eut également une carrière reconnue comme mathématicien et ingénieur militaire. Il est l’un des fondateurs de l’école moderne de géométrie différentielle italienne. En théorie mathématique de l'élasticité, son nom reste attaché au théorème de l'énergie complémentaire, qui caractérise un solide en équilibre.
Louis-Frédéric Ménabréa naît le , dans une famille francophone[1],[2],[3], dans la maison familiale dite château du Lambert, à Bassens, dans la banlieue de Chambéry[4]. Il est le fils d'Octave Ménabréa et de Marguerite Pillet[5],[6]. Son père est avocat, mais il s'engage contre les révolutionnaires français comme commandant de la Garde nationale de Châtillon, s'opposant notamment aux troupes françaises, en 1801[5],[1]. Il se réfugie, à la suite de la seconde insurrection anti-jacobine des « Socques », en Savoie et s'installe à Chambéry[5]. Les Ménabréa, parfois écrit sous la forme Ménèbre et Ménabréaz, sont originaires de Verrès[1], où son grand-père, Georges Ménabréa, est notaire[5]. Sa mère, Marguerite, est la fille du docteur Amédée Pillet, issu d'une famille de notables savoyards[5],[6]. Les deux familles possèdent une tradition catholique marquée dont il sera l'héritier[5].
Il est le frère cadet de Léon (1804-1857), qui effectue une carrière de magistrat et de poète en Savoie, et de Maria-Élisa, qui épouse le comte Gaspard Brunet, intendant général à Gênes et député de la Savoie[6],[5].
Louis-Frédéric Ménabréa épouse Carlotta Richetta di Valgoria[7]. Ils ont trois enfants, deux garçons, Octave et Charles, ainsi qu'une fille[7].
Il passe son enfance entre la demeure de Chambéry et la maison de campagne de Bassens[1],[2].
Membre de la société bourgeoise de l'ancienne capitale du duché de Savoie, il entre à l'âge de 8 ans au Collège Royal de la ville, dirigé par les Jésuites[4],[2], où il est externe[8]. Il reçoit notamment les enseignements de l'abbé Louis Rendu, professeur de physique et futur évêque d'Annecy, qui l'initie aux sciences[4], et de Georges-Marie Raymond[2], professeur d'histoire-géographie. Le duché ne disposant pas d'une institution universitaire, âgé de 18 ans, il part pour Turin et intègre la Faculté en mathématiques[4],[9]. Il semble surmonter assez facilement son handicap de ne pas parler l'italien[2]. Comme le souligne le professeur Paul Guichonnet : « C'est dans sa langue maternelle que Ménabréa publia ses travaux scientifiques et que, jusqu'à la cession de la Savoie à la France, il prendra la parole à la Chambre des Députés »[2].
Il suit notamment les cours du professeur de mathématiques Giovanni Antonio Amedeo Plana[4], issu de la tradition de l'École polytechnique[2]. Le professeur Plana remarque assez rapidement le jeune Ménabréa[2]. Il fréquente notamment lors de son séjour turinois d'autres savoyards dont Jean-François Borson[2], futur général et qui fera l'éloge de son ancien camarade devant l'Assemblée de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie dans les séances des et [9].
Au bout de quatre années, il obtient le sa licence en hydraulique, puis l'année suivante celle en génie civil[4],[10]. Devenu ingénieur, il intègre le corps royal du génie militaire[9], à la suite d'une loi rendant possible le passage des diplômés de l'enseignement supérieur aux armes[10]. Il reçoit le , le brevet royal de lieutenant[10].
Devenu ingénieur militaire, sa première affectation l'amène en Vallée d'Aoste, au fort de Bard[10]. Il succède à Camillo Cavour, acteur majeur de l'unité italienne, qui vient de quitter l'armée[10]. Après passé des thèses, avec pour directeur le professeur Plana, il devient « docteur collégié », au cours de l'année 1835 à la Faculté de Turin[10]. Il enseigne également à l’École militaire de Turin et à l' École d'application d'artillerie et du génie[10].
Par ses écrits et son enseignement, il fait connaître les travaux de Charles Babbage sur le calcul automatique[11] et ceux de Castigliano sur la résolution des structures élastiques. Toutefois, concernant ce dernier sujet, une polémique s’est élevée du vivant même de Menabrea, celui-ci s’étant approprié l’énoncé du théorème de Castigliano, décédé prématurément. Il s'agit d'une application du principe de moindre action aux réseaux de poutres, dont il publia l'énoncé dans les Comptes-rendus de l'Académie des Sciences sous le titre de « Nouveau principe sur la distribution des tensions dans les systèmes élastiques[12] ». En 1868, il fit paraître une démonstration de ce principe dans un article intitulé « Études de Statique Physique – Principe général pour déterminer les pressions et les tensions dans un système élastique » et deux ans plus tard, s'appuyant sur la mécanique analytique de Lagrange, il donna avec Joseph Bertrand la première preuve complète de cet énoncé. Aujourd’hui, l’appellation théorème de Menabrea est réservée à la formulation par l’énergie complémentaire, qui permet de calculer les forces dans une structure hyperstatique[13].
Le , par lettres de noblesse du roi Charles-Albert de Sardaigne, il est anobli avec son frère[14]. Le roi lui accorde la qualité de « nobil uomo » en 1844[15].
L'avancement étant relativement lent dans l'armée sarde, il ne devient capitaine qu'en 1846, à l'âge de 37 ans[10]. Au cours de cette période de paix en Europe, il est plus professeur qu'officier[10].
Louis-Frédéric Ménabréa s'engage en politique et est élu à la Chambre des députés du parlement du royaume de Sardaigne à Turin. Il devient représentant du collège de Saint-Jean-de-Maurienne pour les IIe (), IIIe (), IVe (), Ve () et VIe législatures ()[16]. Député libéral, il siège cependant aux côtés du démocrate Lorenzo Valerio en 1848, puis avec les conservateurs avant d'opter en 1860 pour l'Italie[16].
Lorsque la Savoie est réunie à la France, en 1860, il fait le choix de devenir sarde, puis italien[17],[18], comme quelques compatriotes (Louis Pelloux, Germain Sommeiller), « par attachement au libéralisme cavourien ou par souci de préserver [une] carrière »[19].
Il devient ministre de la Marine (1861 – 62), puis ministre des Travaux publics (1862 – 64). En 1867, il devient président du Conseil puis reconstitue un cabinet en 1869 avant de quitter cette fonction la même année.
Louis-Frédéric Ménabréa présente sa démission le [20].
Avec cette démission, Louis-Frédéric Ménabréa ne retrouve pas la charge Premier aide de camp du roi qu'il occupait, de même il n'a aucune affectation à un poste militaire[21]. Il redevient donc sénateur[21].
La capitale du royaume est transférée de Florence à Rome, le , après la prise de celle-ci 5 mois auparavant. Le sénateur Ménabréa vote la Loi des Garanties[21].
Déjà anobli en 1843, il est fait par le roi marquis de Valdora (ou Val Dora), le [21]. Le roi rappelle ainsi que dans sa carrière d'ingénieur, il avait fortifié la ligne de la Doire (en Piémont), en 1859[21],[22].
Le cabinet de Marco Minghetti, le choisit, peu avant sa fin, pour devenir l'ambassadeur au Royaume-Uni, en [21]. Il reste en poste pendant plus de six années[21]. Il termine sa carrière comme ambassadeur d'Italie à Paris de 1882 à 1892 où il succède au général démissionnaire Enrico Cialdini.
Le , il devient ambassadeur d'Italie en France[23]. Il doit gérer ainsi l'entente entre Paris et Rome dans un contexte de tensions tant économique que politique, notamment en lien avec la création de l'alliance entre l'Allemagne, l'Autriche et le royaume d'Italie, dite Triplice[23]. Son poste se termine en [24].
Son second fils, Charles, attaché honoraire à l'ambassade d'Italie à Paris, afin de pouvoir divorcer de son épouse infidèle, se fait naturaliser français, puisque la procédure n'existe pas en Italie[24]. Son père s'en trouve affecté et l'affaire est exploitée dans un contexte de scandales de corruption[24]. Il semble que le roi soit intervenu pour qu'on le laisse terminer sa mission à Paris[24].
Louis-Frédéric Ménabréa se trouve entaché par des parts qu'il possède dans une compagnie liée à Cornelius Herz, impliqué dans le scandale de Panama[24]. D'ailleurs, il semble que le vieux diplomate ait également été en affaires avec Herz d'après Giovanni Giolitti[24]. Selon ce dernier, le comte Ménabréa aurait joué un rôle dans la décoration de Herz de l'ordre des Saints-Maurice-et-Lazare (promotion qui sera par la suite annulée) et qu'il lui aurait vendu une propriété qu'il possédait à Tresserve, sur les bords du lac du Bourget[24]. Ces accusations se diffusent dans la presse et le général Ménabréa demande à ce qu'une enquête soit diligentée afin de clarifier la situation[24]. La presse italienne, recevant de sources bien informée, s'acharne sur les liens et le rôle de Louis-Frédéric Ménabréa auprès de Herz[24]. Toutefois, il s'avère que « Ménabréa avait, de 1887 à 1891, adressé trois rapports à Rome, pour qu'on ne donnât rien à Herz » laissant apparaître le rôle décisif de Francesco Crispi dans toute cette affaire[24]. L'affaire est finalement étouffée par le roi, ne laissant pas publier un démenti au général Ménabréa[24].
Affaibli tant par le divorce de son fils que par l'affaire Herz, il se retire en Savoie[25], dans sa demeure de Saint-Cassin, dans la proche banlieue de Chambéry[25].
Louis-Frédéric Ménabréa meurt le , à l'âge de 86 ans[9].
Le gouvernement italien envoie une mission pour la cérémonie des obsèques, dirigée par le général Ettore Pedotti[25], qui fait un discours, accompagné de représentants des trois armes et d'un haut fonctionnaire de la maison royale[25], tout comme l'ambassadeur italien, le comte Giuseppe Tornielli Brusati di Vergano[26]. Le maire de Chambéry intervient également[26]. L'État français est représenté par le gouverneur militaire de Lyon[25].
Les travaux et la notoriété de Louis-Frédéric Ménabréa lui permettent d'intégrer les portes de nombreuses sociétés savantes, dont la Société italienne des sciences dites des quarante ou encore l'Académie des Lyncéens en 1873[15].
Il devient membre de l'Académie royale des sciences de Turin, et il est élu en 1839 à l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, avec pour titre académique Agrégé[17], puis Effectif (titulaire) le [17],[27]. Il est également membre correspondant de l'Académie des Sciences en France, en correspondant (section d'Economie rurale), 1809[15].
Il est fait docteur honoris causa des universités d'Oxford et de Cambridge[15].
Louis-Frédéric Ménabréa a été décoré de plusieurs ordres savoyards, italiens ou étrangers[28] :