Type | Lycée |
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Ville | Bressuire |
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Pays | France |
Coordonnées | 46° 50′ 14″ nord, 0° 29′ 28″ ouest |
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Le lycée Saint-Joseph de Bressuire, anciennement Collège de Bressuire, et désigné familièrement sous cette appellation jusque dans les années 1950, et d'autres appellations comme « Pensionnat Saint-Joseph », « Institution Saint-Joseph », ou en abrégé « Saint-Jo de Bressuire » est un établissement scolaire français situé sur la commune de Bressuire dans le département des Deux-Sèvres. Déjà connu au XVIIe siècle, c'est aujourd’hui un établissement secondaire privé catholique sous contrat d’association, mixte depuis 1980, accueillant des pensionnaires et des externes sur son campus de La Bodinière.
En 2018, le lycée se classe 4ème sur 11 au niveau départemental en termes de qualité d'enseignement, et au niveau national[1]. Le classement s'établit sur trois critères : le taux de réussite au bac, la proportion d'élèves de première qui obtient le baccalauréat en ayant fait les deux dernières années de leur scolarité dans l'établissement, et la valeur ajoutée (calculée à partir de l'origine sociale des élèves, de leur âge et de leurs résultats au diplôme national du brevet)[2].
Jusqu'à plus ample informé, la première mention spécifique du Collège de Bressuire proprement dit dans les archives remonte à 1676 quand son principal Boutineau obtient un arrentement en sa faveur (AD 79, E1772, v. L. Pérouas, Le Diocèse de la Rochelle, Fayard, 1999, p. 181). Mais son histoire est probablement plus ancienne comme héritier des « écoles de grammaire » de la baronnie de Bressuire au Moyen Âge. Au XVIIIe siècle, plus précisément en 1730, le Collège de Bressuire occupe déjà le Logis Le Louvre, rue de Genevière (aujourd’hui rue René Héry) acheté par la ville et un bienfaiteur, de Vrie (il s'y trouvait encore au XXe siècle jusqu'en 1926). Il s'étend dans des bâtiments voisins pour former « l'Hôtel de Versailles ». Après la séparation de l'Église et de l'État en 1905, les bâtiments reviennent à la ville, mais le collège subsiste dans ses locaux du XVIIe siècle avec ses maîtres grâce à un bail renouvelé chaque année par la municipalité. Il déménage en 1926 dans l'Hôtel de Ridejeu, 1 rue du Temple, donnant aujourd'hui sur la Place du Millénaire, ayant appartenu la famille de La Rochejaquelein. En 1933, il commence à utiliser pour certaines activités la propriété de La Bodinière qu'il finit par acheter en 1956. L'internat du second cycle y déménage en 1958 pour constituer l'actuel Lycée Saint-Joseph.
Le premier enseignant connu à Bressuire est Guillaume Fortescu qui est maître des "écoles de grammaire" en 1457. En 1749, le principal du collège est l'abbé Hullin ("Noms des habitants de Bressuire qui ont signé le tarif"). Avant la Révolution, le collège jouit d'une excellente réputation dans l'Ouest de la France.
Certains de ses élèves deviendront des révolutionnaires, comme André Charles Mercier du Rocher, administrateur du département de la Vendée, connu pour ses mémoires acerbes qui documentent les Guerres de Vendée. En rhétorique, en 1770, il s'illustre localement par un compliment en vers adressé à Pierre-Paul Gilbert des Voisins, greffier en chef du Parlement de Paris, alors exilé à Bressuire.
Durant les Guerres de Vendée, Bressuire est vidé de ses habitants et le collège est incendié.
Grossièrement restauré, il sert de caserne de 1804 à 1806. En 1805, l’abbé Senille, un de ces prêtres clandestins qui maintenait le culte catholique dans les campagnes dévastées pendant les Guerres de Vendée, réorganise dans sa cure de Saint-Porchaire une école cléricale qui permet d'envisager la réouverture du collège. À la demande des habitants, la municipalité décide de redonner vie à l'institution après d'indispensables travaux d'aménagement, et confie en 1807 à l'évêque de Poitiers le soin de rouvrir l' "école secondaire ecclésiastique" dans le but d'y former à nouveau de "dignes ministres à l’Église et des sujets fidèles et utiles à l’État" ; elle autorise le collège à prendre des pierres dans les murs écroulés de la ville pour construire une nouvelle aile. C'est sous la direction de l'abbé Meschain, curé de Saint-Amand-sur-Sèvre où il venait de fonder un petit séminaire ("École cléricale de Saint-Amand"), que le collège retrouve peu à peu à partir de 1808, au milieu d'innombrables difficultés, la qualité de l'enseignement qui avait fait sa réputation auprès de la noblesse et la bourgeoisie du Bocage. Le pensionnat se double d'un séminaire à cette époque.
La pénurie d'enseignants dans les décennies qui ont suivi la Révolution française font alors du collège de Bressuire une institution régionale. En 1811, un décret impérial le déplace à Niort avant de le rétablir à Bressuire vers 1814. Au XIXe siècle, l'institution connaît plusieurs migrations apparemment avec enseignants et pensionnaires. Il essaime successivement à Montmorillon et à Thouars avant un retour définitif à Bressuire en 1868 comme collège-séminaire dans ses locaux historiques.
L'actuel Lycée Saint-Joseph de Bressuire doit son nom à l'absorption du collège Saint-Joseph de Coulonges-Thouarsais en 1890 par le collège de Bressuire. L'ancien directeur de Coulonges-Thouarsais, l’abbé Coutault, devient le supérieur de l'établissement renforcé. En 1876, Dom Séraphin Gabard lui succède quand l'évêque de Poitiers confie la direction du collège aux pères augustiniens, "chanoines réguliers du Latran", venant de l'Abbaye de Beauchêne voisine de Bressuire. Le président de la République française y est toujours titulaire d'une stalle comme « premier et unique chanoine d'honneur » de la basilique Saint-Jean-de-Latran à Rome; pour singulière qu'elle soit, cette référence au chef de l'État permet alors de souligner que la mission du collège n'est pas seulement de former de bons chrétiens, mais aussi des citoyens éclairés. Ces chanoines réguliers, dont un certain nombre de pères flamands venus de Belgique, dirigés dans les années 1940-1950 par dom Hubert Wissers, impriment une pensée augustinienne quelque peu teintée de jansénisme génovefain au collège ; ils continuent d'y enseigner jusqu'à la fin des années 1950 (le dernier chanoine augustinien permanent, dom Rademaker, quitte le collège en 1957 pour devenir missionnaire au Kivu, Congo belge).
Cependant en 1896, la direction du collège revient aux prêtres du diocèse.
Entre l'arrivée du chanoine Logeais comme supérieur du collège en 1931, jusqu'au déménagement du second cycle au Parc de La Bodinière en 1958, le collège est traversé par des tendances modernistes inspirant des expériences pédagogiques parfois hardies, s'opposant ou alternant avec des courants conservateurs. Le chanoine Logeais instaure une pédagogie de la proximité ; tels les péripatéticiens de l'antiquité, il arpente avec les grands élèves les cours en philosophant ; il surgit dans les études pour faire part soudain d'une idée qui l'anime.
L’abbé Grellier comme supérieur imprime fortement sa marque au collège jusqu'en 1931 dans un contexte politique agité par les lois sur l'éducation et la séparation de l'Église et de l'État. Jusqu'à son déménagement au Parc de La Bodinière en 1958, le cœur du "Collège Saint-Joseph" reste le pensionnat animé par les humanités classiques (on commence l'étude du grec dès la sixième jusque dans les années 1950).
Une première expérience d'enseignement professionnel permet l'ouverture d'une section agricole sous la direction de M. de Ribou à la ferme de Chachon de 1945 à 1951. Avec le potager de la propriété de La Bodinière, cette ferme de Chachon dépendant du Collège fournit un appoint d'approvisionnement pendant les années difficiles de la Seconde Guerre mondiale et de l'après-guerre. Les travaux pratiques des élèves contribuent ainsi à l'alimentation du Collège. Jusqu'à la fin des années 1950, la ferme de Chachon sert aussi de cadre pour les promenades du dimanche et pour des activités sportives.
À la mort de l'Abbé Grellier en 1949, le collège entre dans une "période de glaciation" avec son nouveau supérieur le Chanoine Mathé (sur les photos, il soigne sa ressemblance avec le pape Pie XII avec ses lunettes cerclées de métal). Il exige une discipline sans faille, il renforce l'enseignement du latin, créant une classe de septième classique confiée à sa sœur, d'âge canonique, afin que de bons éléments entrent en sixième connaissant déjà leurs déclinaisons. Un laïc, peut-être un ancien militaire, pratique un enseignement du sport particulièrement vigoureux. Le projet du père supérieur est de "donner une élite catholique au Bocage vendéen". Une anecdote rapportée par des anciens vers 2005 reflète l'opposition que rencontrent ses méthodes autoritaires. Une main mystérieuse aurait écrit sur les murs du réfectoire "Maté, Tefes, Pares" (Mathé, tes fesses paraissent"), rappelant le banquet de Nabuchodonosor.
Après la démission du chanoine Mathé, c'est une équipe dynamique de jeunes prêtres qui anime le collège sous la conduite bienveillante du chanoine Mousset le nouveau supérieur.
Sans sortir du cadre disciplinaire traditionnel des internats classiques, l'institution entreprend dans les années 1950 un renouvellement pédagogique ; en particulier l'abbé Léon Marolleau, préfet des études et professeur de latin en second cycle, jette progressivement les bases d'une future "république des élèves". Celle-ci verra, après 1960, un début de réalisation sous la forme de "La Régence de la Bodinière".
De son côté, l'abbé Guy Bouvier, professeur d'anglais, visite les États-Unis au milieu des années 1950, fait rare à l'époque, et en rapporte de nouvelles orientations : ouverture sur les cultures du monde, technologies de l'information et de la communication (avant l'expression), création d'un magazine sonore enregistré en studio avec les tout premiers magnétophones et diffusé par haut-parleur chaque dimanche soir ("La Grappe"), installation d'une salle de cinéma dans l'enceinte du collège... ; cette modernité s'accommode d'un certain conservatisme religieux (à la différence de ses collègues prêtres de l'institution, l'abbé Bouvier rejoint alors le camp des traditionalistes avec Mgr Lefebvre après le Concile de Vatican II).
Depuis l'installation du Collège à La Bodinière à partir des années 1960, des filières modernes, techniques ou professionnelles innovantes lui donnent une nouvelle personnalité.
Dans un article intitulé Quand Krivine et Sauvageot préparaient Mai 68, paru le 15 mai 1998 dans Le Courrier de l'Ouest[3], Christian Desbois rapporte des témoignages fait par le personnel ancien de l'établissement à l'occasion du trentième anniversaire de Mai 68. En 1966, à la demande d'un ancien élève devenu étudiant à la nouvelle faculté de Nanterre, un groupe d'étudiant avait obtenu du Père Léon Marolleau et du chanoine Mousset, de prêter les locaux à un groupe de quatre-vingt étudiants (certains disent 180) pour un stage qui a eu lieu au début de l'été dans la Salle Saint-Joseph. Le stage se renouvela en juillet 1966 avec des étudiants plus nombreux, plus turbulents, avec une certaine excentricité vestimentaire, un comportement libertaire, et des chants de l'Internationale, selon le témoignage du Père Morelleau. Lorsque les images de Mai 1968 furent diffusées, les cuisiniers et l'intendant qui travaillaient l'été d'avant furent étonné de reconnaître de nombreux participants parmi les leaders révolutionnaire, en particulier Cohn-Bendit, et des personnages qui n'étaient pas étudiants à Nanterre comme Krivine, Sauvageot, Geismar. Le Chanoine Mousset en avait conclu que les évènements n'avaient pas été un mouvement spontané, mais l'aboutissement d'une opération qui avait été préparée plusieurs années à l'avance, entre autres à l'occasion de ces stages révolutionnaires.
En 1980, l'établissement devient mixte par la fusion avec l'Institution Notre-Dame, elle-même héritière du pensionnat des Cordelières d'avant la Révolution.
En 1981, le premier cycle se sépare de ce qui prend le nom de Lycée Saint-Joseph pour former le Collège Notre-Dame dans les locaux du pensionnat des sœurs de la Sagesse. Le second cycle reste à La Bodinière sous le régime des lycées privés en contrat avec l'État. C'est alors que commence à se développer un enseignement supérieur par les classes préparatoires aux grandes écoles.
À la Bodinière, c'est progressivement une équipe le laïcs avec une forte proportion de professeur agrégés ou certifiés qui prend en mains la direction du lycée.
Accueil spécialisé des Adolescents Intellectuellement Précoces (AIP)
Tous les deux ans, les élèves font un spectacle appelé "Défilé des Talents" destiné à montrer les savoir-faire de chacun des pôles et des élèves[4],[5].