La parasha (héb. פרשה, « exposé »[1], rendu en français par péricope, plur.: parashiot ou parashiyyot) est l'unité traditionnelle de division du texte de la Bible hébraïque selon la seule version admise dans le judaïsme, à savoir le texte massorétique. La division du texte en parashiot est indépendante de la numérotation des chapitres et des versets, qui ne font pas partie de la tradition des Massorètes. Les parashiot ne comportent pas non plus de numérotation. Cette division est la seule autorisée pour les rouleaux de la Torah. Néanmoins, les éditions juives imprimées du Pentateuque et de la Bible hébraïque possèdent les deux notations.
D'après la tradition juive, au retour de la captivité à Babylone, la Bible fut divisée en 54 sections hebdomadaires, également appelées sidrot (sing.: sidra)[1], lesquelles comportent au total 669 sous-sections. Ces sections sont désignées par divers types d'espacement entre elles dans les rouleaux de Torah, ainsi que dans les rouleaux des Nevi'im ou des Ketouvim (en particulier les meguilot), et dans les codex massorétiques, mais certaines se distinguent par leur titre comme la Parashat Zakhor, la Parashat Kriyat Hayam, etc.
Une division du texte en parashiot qui serait incorrecte, que ce soit en indiquant une parasha à un endroit inapproprié ou par l'emploi d'une technique d'espacement inappropriée, rend le Sefer Torahhalakhiquement impropre à la lecture selon Moïse Maïmonide.
Dans la majorité des cas de figure, une nouvelle parasha commence à l'endroit où une nouvelle unité de narration ou de pensée est clairement indiquée dans le texte biblique. Chaque article du Décalogue, des Codes de l'Alliance ou de la Sainteté sont séparés par une parasha.
Cependant, toute tentative de vérifier systématiquement de telles divisions topiques implique un degré de subjectivité de la part du lecteur. Cet élément subjectif peut expliquer les différences entre les codes massorétiques quant aux détails sur la division en sections, ou pourquoi des versets semblant introduire un nouveau sujet ne sont pas l'objet d'une section séparée, ou encore pourquoi celle-ci apparaît au sein d'un récit apparemment continu. Dans certains de ces cas cependant, la division en parashiyot est utilisée afin de mettre en exergue un verset particulier, par création d'une pause textuelle avant, après ou avant et après la lecture de ce verset.
Illustration d'une section fermée et d'une section ouverte
Dans la plupart des manuscrits et éditions juives modernes de la Bible, on distingue deux types de parashiyot : la "section ouverte" (parasha petou'ha) et la "section fermée" (parasha setouma). Une "section ouverte" est similaire dans les grandes lignes à un paragraphe moderne : le texte de la section précédente s'achève avant la fin de la colonne laissant une espace à la fin de la ligne), et la nouvelle section "ouverte" commence au début de la ligne suivante (mais sans indentation), ce qui laisse l'espace "ouverte" entre les deux sections. Une "section fermée" se marque quant à elle au milieu de la ligne de texte, la section précédente s'achevant sur la même ligne avant l'espace, et la section suivante commençant à la fin de la ligne. La section est donc dite "fermée" (plus littéralement "scellée") du fait de l'absence d'espace ouverte entre elle et la section suivante.
Une "section ouverte" (petouha) est souvent abrégée par la lettre "פ" (peh), et une "section fermée" (setouma) par la lettre "ס" (samekh)[2] ou, en lettres latines, "P" et "S" respectivement[3].
Dans les codes massorétiques, les rouleaux médiévaux et ceux en usage dans les communautés juives originaires du Yémen, ces deux techniques d'espacement permettent un plus grand choix d'options :
une "section ouverte" commence toujours au début d'une nouvelle ligne. Ceci pouvait être réalisé de la façon décrite ci-dessus, ou en laissant une ligne blanche entre les deux sections, ce qui permettait parfois à la section précédente de remplir sa dernière ligne de texte.
une "section fermée" ne commence jamais au début d'une ligne. Ceci pouvait être réalisé de la façon décrite ci-dessus (une espace au milieu d'une ligne), ou en terminant la portion précédente avant la fin de la ligne, et en commençant la nouvelle section sur la ligne suivante, mais avec une indentation.
Outre les parashiot ouvertes et fermées, les Massorètes utilisent certaines espaces entre chaque verset (parfois au sein des versets même) afin de souligner le caractère important ou poétique de certaines sections, parmi lesquelles:
D'après la règle de Moïse Maïmonide, toute erreur concernant une parasha invalide complètement le rouleau de la Torah qui la porte. Maïmonide inclut dans ces erreurs une parasha qui se trouverait au mauvais endroit, qui serait absente (pas d'espacement entre deux sections) ou ne serait pas du bon type.
Cependant, dans un responsum du même Maïmonide[4], il indique qu'on peut réciter une berakha avant de lire un Sefer Torahinadéquatement recopié, car la prescription porte sur la lecture de la Torah elle-même et non sur le texte à partir duquel elle est effectuée.
Tous concluent qu'un rouleau contenant des parashiyot basées sur une autre tradition scribale[10], qui serait en désaccord avec la liste des parashiyot établies par Maïmonide, demeure valide. Cependant, une erreur flagrante ne trouvant pas sa tradition dans une tradition scribale invalide le Sefer Torah, même au vu de ces opinions plus indulgentes.
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La liste suivante présente les divisions en parashiyot telle qu'on les trouve dans les Sifrei Torah selon le Mishneh Torah de Maïmonide, et le codex d'Alep sur lequel il s'était basé. Les quelques différences entre ces sources sont expliquées en notes de bas de page. Les cinq livres de la Torah ont été divisés selon leurs sections hebdomadaires.
Du fait de la stature de Moïse Maïmonide, les divisions en parashiyot de la Torah ont été grandement standardisées, et la liste ci-dessous reprend les divisions que l'on retrouve dans presque toutes les Bibles hébraïques imprimées de nos jours, les Sifrei Torah, ainsi que dans des textes similaires en ligne[11].
Symboles:
{P} = parasha petou'ha ("section ouverte"), ressemblant à un nouveau paragraphe
{S} = parasha setouma ("section fermée"), marquée par une espace blanche au milieu de la ligne
Note: seules les espacesentre deux sections sont listées : (S) ou (P) indiquent le statut de la seconde section qui commence par celle-ci, p.e. "Genèse {S} 5:32-6:4 {P}" est considéré comme une section fermée (setouma) parce qu'elle commence par {S}. Aucune marque d'espacement n'est indiquée devant la première section d'un livre biblique, ou après sa dernière section.
↑Ces abréviations sont le plus souvent trouvées dans les Houmashim (éditions hébraïques imprimées de la Torah), et dans les plus anciennes éditions intégrales du Tanakh en un volume, lesquelles furent publiées jusqu'à la première moitié du vingtième siècle. Bien que la plupart des éditions ultérieures utilisent les techniques d'espacement plutôt que les abréviations, celles-ci restent utilisées dans certaines éditions intégrales, dont la BHS.
↑Yehaveh Da'at VI:56. Se basant sur des autorités antérieures qui contestaient totalement l'opinion de Maïmonide, ainsi que sur son responsum déjà cité, le Rav Yossef autorise les juifsashkénazes et séfarades à réciter une berakha avant de lire dans un rouleau de la Torahyéménite. Les rouleaux yéménites comportent quelques différences concernant les divisions des parashiyot.
↑Par exemple, le texte de Mechon Mamre, dans lequel les divisions en parashiyot de la Torah sont basées sur les règles de Maïmonide, telles qu'elles ont été comprises dans la tradition juiveyéménite.
↑Pour Ex. 34:1, פסל-לך, la grande majorité des manuscrits tibériens (i.e. de la région du lac de Tibériade) fiables indiquent {S} au lieu de {P} (ce dernier est toutefois listé par Maïmonide, et se trouve donc dans les Sifrei Torah actuels). Le témoignage sur le texte du codex d'Alep (sous forme de notes manuscrites prises sur ce codex lorsqu'il était encore intact) révèle que la forme de la parasha en ce point était une ligne de texte qui ne parvenait pas à la fin de la colonne, suivie en 34:1 par une ligne qui commençait près du début de la colonne. L'identification de ce type de parasha dans un tel contexte dépend de la considération du lecteur, selon qu'il estime qu'il s'agit d'un écart significatif au début de la ligne (auquel cas c'est une parasha setouma) ou que cet écart n'est pas significatif (auquel cas la parasha est petou'ha). Cette forme de parasha est souvent indiquée par une très petite indentation sur les fragments conservés du codex d'Alep, parfois guère plus grande que l'espace d'une ou deux lettres. C'est pour cette raison que Penkower (p. 51 n. 125) et Ofer (pp. 306-307) suggèrent que Maïmonide jugeait que 34:1 commençait au début de sa ligne sans écart significatif, et fut donc suivi pour la rédaction de Sifrei Torah ultérieurs. D'autres l'avaient jugée setouma (Kimhi, Sithon) ou ont laissé des notes mitigées (Amadi).
↑Deut. 27:20 est le seul d'une série de versets commençant par ארור ("maudit") à n'être pas précédé d'un écart fermé dans la liste des parashiyot de Maïmonide (et de ce fait, dans les Sifrei Torah modernes). Cependant, d'autres codes massorétiques tibériens (i.e. de la région du lac de Tibériade) portent ici {S}, et les témoignages sur le Codex d'Alep à l'époque où il était complet sont parfois contradictoires. Ofer (pp. 307-8) suggère que Deut. 27:19 ayant plus de mots que les versets construits sur le même modèle, sa longueur relative résulta en une espace plus réduite entre 27:19 et 27:20 dans les colonnes étroites du Codex d'Alep, laquelle espace aurait été interprétée par Maïmonide comme une espace entre deux mots, et non un marqueur de section fermée, alors que d'autres lecteurs l'auraient évalué comme un marqueur de section fermée.
Ofer, Yosef. "The Aleppo Codex and the Bible of R. Shalom Shachna Yelin" in Rabbi Mordechai Breuer Festschrift: Collected Papers in Jewish Studies, ed. M. Bar-Asher, 1:295-353. Jerusalem, 1992 (Hébreu).
Penkower, Jordan S. "Maimonides and the Aleppo Codex". Textus 9 (1981):39-128 (Anglais).
Penkower, Jordan S. New Evidence for the Pentateuch Text in the Aleppo Codex. Presses de l'Université Bar-Ilan : Ramat Gan, 1992 (Hébreu).