La « Picardie » est un toponyme à la source de confusions et de débats dû à ses multiples usages pour définir au fil du temps des zones géographiquement, politiquement, historiquement, linguistiquement et ethniquement différentes.
Picardie peut signifier :
D'autres définitions plus politiques de la Picardie existent ;
La définition des territoires composant la Picardie est variable au cours du temps, les descriptions viennent différer d'une époque à une autre, voire au sein d'une même époque[3].
Le mot signifie en picard « piocheur », au sens de laboureur. Les Parisiens appelaient « piocheurs » tous les agriculteurs vivant au nord des zones forestières du Senlisis et du Valois (où les paysans étaient bûcherons).
À Paris, le néologisme fit florès parce qu'il associait en un jeu de mots la pique et une province réputée pour sa hardiesse militaire (sa milice s'était illustrée à Bouvines en 1214, quelques années avant l'apparition du mot). Il perdura dans ce sens les siècles suivants à cause du caractère montré par les Picards, du genre « tête de pioche », dans leur attachement aux libertés communales acquises par les villes drapières défendues par une milice bourgeoise.
La Picardie se caractérise sur le plan géo-morphologique par l'omniprésence de la craie dans sa partie septentrionale et par le calcaire du bassin parisien dans sa partie méridionale.
Sur le plan hydrographique, la Picardie est partagée entre deux bassins versants : le bassin de la Somme et le bassin de la Seine avec son affluent l'Oise et ses sous-affluents (Aisne, Thérain, etc.)
Albert Demangeon, dans sa thèse sur la Picardie, appelle la plaine picarde le grand plateau de craie s'étendant de Beauvais jusque Lens et Lille, d'Abbeville et Montreuil jusque Vervins et Laon, et passant par Cambrai, Arras, Saint-Quentin et Amiens[4]. Cette plaine s'étend pour l'essentiel sur les départements de la Somme, du Pas-de-Calais, et sur des parties non négligeables de l'Oise, l'Aisne et du Nord.
Chez des historiens et des géographes comme Robert Fossier, Albert Demangeon ou Philippe Pinchemel, on substitue à la Picardie d'Ancien régime, l'idée d'une Picardie ethnique, identifiée notamment par la langue picarde, qui comprendrait donc Senlis et Soissons, que la tradition populaire attribuait historiquement à la Picardie en raison de leur parler[5], et dont la limite septentrionale serait la frontière linguistique avec le flamand, s'étendant donc sur Lille et Béthune.
La première description géographique de la Picardie nous est due à Barthélémy l'Anglais, celui-ci inclut alors les villes d'Amiens, Arras, Beauvais, Tournai et Thérouanne. Son traducteur, Jean Corbechon, rentre dans une description plus précise à la fin du XIVe siècle, dans laquelle il inclut les villes de Saint-Quentin, Clermont, Douai, Abbeville, Noyon, Saint-Omer ou Béthune[6]. Il faut cependant noter que ces deux dernières villes sont également dites flamandes dans de nombreuses descriptions, elles font partie de l'Artois flamingant[7],[8],[9],[10].
Après le Moyen Âge tardif, vers la Renaissance et le XVIIe siècle, on qualifie désormais de Picardie tout ce qui appartenait au roi de France et qui se situait au sud des anciens Pays-Bas, et le terme de Picardie se « restreint à la seule partie du domaine linguistique incluse dans le royaume de France avant le rattachement de l'Artois et de la Flandre au XVIIe siècle »[11]. Albert Demangeon l'appelle la Picardie royale dans sa célèbre thèse La Plaine picarde[12]. Tandis que l'Artois, la Flandre romane, le Hainaut et le Cambrésis, étaient vues après leur annexion comme des « provinces réputées étrangères »[13],[14], bien qu'elles fussent intégrées au royaume de France, et fassent également partie du domaine picard. Ces dernières restèrent séparées par une frontière à la fois douanière et fiscale du reste du royaume par ce que l'on appelait alors les cinq grosses fermes[13], et dont la Picardie « royale », « non étrangère » par opposition, faisait partie
La Picardie, à l'instar de plusieurs autres provinces, était subdivisée en Haute et en Basse-Picardie. La carte de 1694 de Jean-Baptiste Nolin nous donne la décomposition suivante[15] :
Cette définition est partagée avec le Dictionnaire universel de la France de Robert de Hesseln. Elle est aussi reprise par Auguste Janvier dans sa Petite Histoire de Picardie.
L'agrégée de lettres et docteur d’État Françoise Morvan conforte par ailleurs cette description de la Picardie dans sa préface aux Contes de Picardie d'Henri Carnoy, publiée en 2016[16] :
« Carnoy prend soin de rappeler à ce sujet que la province de Picardie comportait, avant la Révolution, trois régions : la Haute-Picardie, les pays réunis à l'Île-de-France et la Basse-Picardie. Chacune de ces trois régions comprenait quatre ou cinq subdivisions : pour la Haute-Picardie, l'Amiénois (autour d'Amiens), le Santerre (autour de Péronne), le Vermandois (autour de Saint-Quentin), la Thiérache (autour de La Fère) ; pour les pays réunis à l'Île-de-France, le Laonnais (autour de Laon), le Noyonnais (autour de Noyon), le Beauvaisis (autour de Beauvais), le Valois (autour de Compiègne), le Soissonnais (autour de Soissons) ; pour la Basse-Picardie, les pays reconquis (autour de Calais), le Boulonnais (autour de Boulogne), le Ponthieu (autour d'Abbeville), le Vimeu (autour de Saint-Valéry) »
— Françoise Morvan, Contes de Picardie, Introduction
À cette définition à treize pays, s'ajoutent plusieurs définitions incluant aussi l'Artois en Picardie à la même époque. On peut citer Charles du Fresne du Cange et Pierre Nicolas Grenier[17], ou encore l'Armorial de La Planche. On peut aussi remarquer dans ce dernier que les comtés de Flandre gallicane et d'Artois, ainsi que les châtellenies de Hainaut, y sont présentés comme des « Additions au Gouvernement de Picardie »[18],[19],[20]. Adrien de Valois, dans Notitia Galliarum ordine litterarum digesta, inclut dans la Picardie le Ternois en plus des treize pays cités plus haut. Il y détaille aussi ce qu'il appelle le Senlisien, à savoir pays de Senlis, il décompose aussi le Beauvaisis en Vendelais, pays de Breteuil, en Chambliois, pays de Chambly, et en Bray[21]. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, plusieurs descriptions du Hainaut notent que cette région s'appelait antérieurement la Picardie inférieure[22],[23].
La Picardie est une ancienne région administrative française, créée par décret du 2 juin 1960, regroupant les départements de l'Aisne, de l'Oise et de la Somme, dont le chef-lieu était Amiens.
Dans le cadre de la réforme territoriale de 2015, la région Picardie a fusionné avec la région Nord-Pas-de-Calais, le 1er janvier 2016. La nouvelle région ainsi formée s'appelle les Hauts-de-France, après avoir porté provisoirement le nom Nord-Pas-de-Calais-Picardie.
Le nom et la majeure partie du territoire de cette ancienne région administrative sont issus de la province de Picardie, une région culturelle au nord de Paris correspondant au département de la Somme et au tiers nord de l'Oise et de l'Aisne.
La région Picardie regroupait administrativement trois départements : Aisne, Oise, Somme. Elle a pour régions limitrophes le Nord-Pas-de-Calais au nord, la Haute-Normandie à l'ouest, l'Île-de-France au sud et la Champagne-Ardenne à l'est. La préfecture est Amiens.
La Picardie sera entre 1477 et 1790 un Gouvernement général militaire du royaume de France, situé au nord-ouest du territoire et bordé par la Manche. Ce gouvernement administratif aurait comporté à sa création :
Le Calaisis après sa reconquête de 1558, puis l'Artois en 1678, seront rattachés à ce gouvernement général lors de leurs annexions définitives à la France. Le Calaisis y restera attaché et sera compté comme un pays de la province de Picardie tandis que l'Artois finira par en être détaché pour avoir son propre gouvernement en 1764. Le Calaisis sera donc considéré comme partie de la province de Picardie quand l'Artois sera considéré comme partie des Pays-Bas français. Ce terme, qui ne désignait aucune entité administrative en soit, est un terme qu'on employait pour regrouper l'Artois, le Hainaut, le Cambrésis et la Flandre française qui étaient les provinces conquises par la France vers le nord sur les Pays-Bas, ces « Pays-Bas » devenant ainsi les « Pays-Bas français ».
Il semblerait qu'à un moment donné, le gouvernement de Picardie ait fini par perdre une partie des territoires de la Haute-Picardie au profit du gouvernement de l'Île-de-France, afin d'accroître le rayon d'influence de la capitale. Les pays concernés seraient donc le Soissonnais, le Valois, le Laonnois, le Beauvaisis et le Noyonnais. Certains documents donnent la date de 1624, tandis que d'autres indiquent plutôt le début du XVIIIe siècle.
Certaines cartes permettent de retracer une certaine évolution du gouvernement de Picardie au cours du XVIIe siècle.
Picardie debout ! est un parti politique français fondé par François Ruffin en 2017 et enregistré en 2021, son slogan de campagne est « Ils ont l'argent, on a les gens », le symbole de sa campagne est la marionnette Lafleur, figure emblématique de la Picardie.
Michel Guinot, député (RN) de l’Oise, veut en finir avec les Hauts-de-France et faire à nouveau de l’ex-Picardie une région « de plein exercice ». Selon lui, cette région est arbitraire, « Je me suis fait la promesse d’œuvrer au rétablissement de notre région, dans ses frontières et dans son identité » dit-il[24]. Guinot ne semble pas s'intéresser à la Picardie culturelle, excluant Montreuil, Boulogne et Arras de cette dernière, et comprenant Château-Thierry, qui relève pourtant de la Champagne, le militantisme de Guinot repose alors sur l'économie.
L'appellation Hainaut occidental remonte aux années 1960. Il est dit que celle-ci fut trouvée par un géographe un peu par défaut, Robert Sevrin (la partie ouest du Hainaut). Celle-ci s'est néanmoins imposée partout :
L'idée de changer d'appellation en Picardie wallonne ou Picardie hennuyère a été lancée en octobre 2004 par le ministre de la Santé, Rudy Demotte[42].
Si elle a été suivie par certains acteurs, l'idée n'a pas eu un grand succès car la population n'était pas du tout associée au projet mais aussi parce qu'aucun autre parti que le PS n'avait été consulté.
Le président de la fédération Hainaut occidental du MR, Jean-Luc Crucke avait d'ailleurs mis ce petit texte critique sur son site web[43] :
« Wallonie picarde ? Picardie wallonne ? Qu’en dites-vous ?
Hainaut Occidental : parlons-en ! Certains voudraient le débaptiser et dénommer « Picardie wallonne » ou « Wallonie picarde ». Nul de contestera nos origines picardes mais faut-il un renouvellement de façade ? La fédération MR s’est prononcée : aucun changement d’identité ne peut intervenir sans l’aval et la consultation de la population concernée. L’essentiel ne se situe pas dans une opération marketing mais dans un travail de fond.
À cet égard, il nous faut constater que ce n’est pas le boulot qui manque et que ni la Wallonie, ni le Hainaut, ni le Hainaut occidental, ne se portent au mieux de leur forme. »
L'initiative du nom Wallonie picarde revient au Conseil de développement (organe représentant les différents acteurs des forces vives couvrant le territoire) dans le cadre d'une réflexion sur l'identité du territoire et un projet de région. Dans ce cadre des forums de sensibilisation ont été lancés pour associer la population dans ses diverses composantes à ce projet qui se veut mobilisateur.
Progressivement, les associations de Wallonie picarde adaptent leur dénominations :
« Les limites de la Picardie ont varié »