Une plaque commémorative est généralement apposée sur un bâtiment, un monument, une façade, une fontaine, à l'intérieur d'une église, etc. Elle peut prendre la forme d'une pierre commémorative.
Son but est de perpétuer le souvenir d'un événement sur le lieu où il est survenu :
Elle peut également rappeler brièvement, non pas un événement, mais l'histoire du lieu devant lequel elle est apposée ; dans ce cas elle joue un rôle de mémoire patrimoniale.
En France, l'article L. 451-3 du code de l'urbanisme assure la protection des plaques commémoratives lors d'une opération immobilière[1].
Une « plaque bleue » (« blue plaque »)[2] est un signe permanent installé sur un bâtiment pour commémorer un lien avec une personnalité y ayant vécu. Le nom provient du Royaume-Uni, Londres étant la première ville à avoir formalisé cette habitude dans les pays anglophones[3]. Le système existe dans presque tous ces pays, y compris en Australie[4] et aux États-Unis.
Le principe a été proposé pour la première fois en 1863, à la Chambre des communes, par William Ewart, membre du Parlement, et a obtenu un soutien immédiat. En 1866, la Société des Arts (qui devint plus tard la Royal Society of Arts) a fondé ce qui est connu aujourd'hui sous le nom de plaques bleues. Benjamin Franklin, David Garrick et Lord Nelson figurent parmi les premiers à avoir été ainsi honorés, mais la toute première plaque, érigée en 1867, a commémoré le séjour du poète Byron au 24 Holles Street, Cavendish Square, à Londres. Une autre plaque, en l'honneur de Napoléon III, a été posée la même année. C'est actuellement la plaque bleue la plus ancienne, car la maison de Lord Byron a été démolie en 1889[5].
Sauf mention contraire, cette section concerne des plaques posées sur la façade d'édifices dans l'espace public, visibles depuis la rue.
En 2009, Paris compte environ un millier de plaques commémoratives liées à l'Occupation allemande et à la Libération d', la moitié étant consacrée à ce second épisode historique. Elles sont souvent apposées à l'endroit où furent tués des résistants par les nazis. Elles sont fleuries chaque année le , par la mairie de Paris. De nouvelles continuent d'être inaugurées, par exemple après le décès d'anciens résistants : elles sont alors installées sur la façade de l'immeuble où ils vécurent, après autorisation du propriétaire du bâtiment et d'un vote au Conseil de Paris[6].
En 2001, la municipalité décide d'apposer 300 plaques devant les écoles qui existaient à l'époque de la Seconde Guerre mondiale pour rendre hommage aux 12 000 enfants parisiens juifs qui furent déportés durant cette période[6].
Selon un autre décompte réalisé en 2013, Paris compte 700 plaques rendant hommage à des résistants, déportés ou figures de la Seconde Guerre mondiale. Elles font partie d'un ensemble de 2 000 plaques, 1 300 d'entre elles étant considérées comme « culturelles » (lieu de naissance ou de mort d'une personnalité, artiste ou politique par exemple, ou site lié à une découverte)[7].
Elles sont inégalement réparties à travers la capitale, la majorité se trouvant dans les 6e (plutôt des personnalités littéraires), 7e (plutôt des militaires) et 8e arrondissements (plutôt des artistes). Auteur d'un livre sur le sujet (voir bibliographie), Alain Dautria fait remarquer : « En 1999, il y en avait 200 dans le 6e et seulement quatre pour tout le 19e ». Par ailleurs, elles concernent surtout des hommes[7].
Elles sont posées soit à l'initiative d'associations ou d'entreprises, qui les financent après accord du préfet, soit plus généralement par les autorités municipales, de leur propre chef ou après suggestion d'un habitant ou d'un élu, après accord et rédaction du texte par la direction des affaires culturelles puis le Comité histoire de la ville de Paris. L'aval des copropriétés est enfin nécessaire pour procéder à l'installation des plaques sur les façades, qui a lieu après un ultime vote au Conseil de Paris. Rarement, il arrive que certaines soient volées voire officiellement retirées, « dans le cas d'un héros d'hier qu'une découverte récente aurait transformé en personnage infréquentable » explique 20 Minutes[7].
Outre ces plaques « officielles », des plaques fantaisistes ont été apposées fin [8] ou en par deux artistes plasticiens[9],[10], Pierre-Évariste Douaire, qui déclarait en : « J’ai installé quelques plaques où il était écrit « Le 17 avril 1967, ici il ne s’est rien passé ». […] Pour que le coût soit raisonnable, il fallait un texte lapidaire et facile à lire. La phrase devait se distinguer des plaques habituelles. La difficulté consistait à instaurer une touche d’ambiguïté, un doute. L’attention des passants était réclamée. Pour ne pas être dévissées, les plaques étaient placées à une certaine hauteur. […] Elles sont fidèles à l’esprit de Robert Filliou qui nous oblige à regarder ailleurs. L’action devait rendre compte d’une chose illusoire, sans importance. Une « super illusion », pour reprendre les mots de Barthes, devait se substituer aux plaques de résistants et de déportés[11]. », et S. Marc, qui, dans l'ouvrage Savoir dire OUI pour construire sa vie de la journaliste Alexie Lorca, publié en 2009, déclare : « Je suis l'auteur — je peux le dire maintenant, il y a prescription — de fausses plaques commémoratives posées à Paris en 2002. […] Je voulais rendre hommage à des inconnus parce que j'en avais marre de vivre dans un monde où si l'on n'est pas « quelqu'un », on n'est personne[12]. »
Elles sont visibles sur les façades d'une quarantaine d'immeubles parisiens[13],[14],[15],[16] :
Il existe 65 plaques commémoratives à l'Assemblée nationale, apposées sur les sièges de l'hémicycle du palais Bourbon qu'occupaient les personnalités honorées — bien qu'en réalité, au fil d'une carrière parlementaire, leur placement a varié —. Cette pratique existe depuis 1920, initiée en hommage aux députés tués pendant la Première Guerre mondiale ; suivant la même logique, de nouvelles plaques sont installées après la Seconde Guerre mondiale, par exemple pour Georges Mandel. Il en existait alors 45. Aucune n'est ensuite posée jusqu'en 1994, date à partir de laquelle la pratique reprend, désormais pour honorer d'anciens députés ayant occupé des fonctions de premier plan, par exemple Jean Jaurès, Georges Clemenceau, Georges Pompidou, François Mitterrand, Pierre Mendès France, Léon Blum, Michel Debré, Jacques Chaban-Delmas ou encore Pierre Mauroy. La dernière a été inaugurée le en l'honneur de l'ancien président Jacques Chirac. Seules trois femmes ont été honorées par des plaques : Marie-Claude Vaillant-Couturier, Marie-Madeleine Dienesch et Rachel Lempereur, comptant parmi les premières députées élues en 1945[20].