Probus | |
Empereur romain | |
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Buste de Probus, musée du Capitole | |
Règne | |
D’abord usurpateur puis légitime septembre 276 - octobre 282 (~6 ans) |
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Période | Empereurs illyriens |
Précédé par | Florien |
Usurpé par | Bonosus (280 – 281) Saturninus (281) Proculus (281) |
Suivi de | Carus |
Biographie | |
Nom de naissance | Marcus Aurelius Probus |
Naissance | c. Sirmium (Pannonie) |
Décès | (à 50 ans) |
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Probus (Marcus Aurelius Probus) (v. 232 – 282) est empereur romain de juillet 276 à octobre 282. Héritant d’un Empire romain réunifié, il continue l’œuvre de sécurisation des frontières et de reconstruction économique entamée par Aurélien. Il combat victorieusement en Gaule et sur la frontière danubienne, installe des groupes de Germains dans les régions frontalières ou en enrôle dans l'armée. Ses mesures favorisant l'extension dans les provinces de la culture viticole sont passées à la postérité. Tandis qu'il prépare une offensive contre les Perses, il est tué lors d'une inspection par des soldats excédés par les travaux qu'il leur impose.
Probus est né à Sirmium, capitale de la Pannonie[1]. Seule l’Histoire Auguste décrit sa carrière avant son avènement, avec de nombreux détails précis et des citations de courriers impériaux, mais sans aucune fiabilité quand on connait la fantaisie de l'auteur[2]. Selon donc l’Histoire Auguste, ses origines familiales sont incertaines (fils de tribun militaire ou d’agriculteur), mais sa carrière militaire aurait été brillante : Valérien l'aurait remarqué et nommé tribun militaire, puis lui aurait confié le commandement d’une légion. Il aurait combattu les Germains et les Sarmates, aurait mené des missions de pacification en Afrique dans la région de Carthage. Il aurait participé aux campagnes d’Aurélien contre Zénobie[3].
En fin 275 ou début 276, Tacite le promeut commandant de l’armée d’Orient (dux orientis), pour assurer la protection de la Syrie et de l’Égypte[4]. Tacite est assassiné à Tyane en Anatolie le , lorsque la nouvelle lui parvient, Probus est proclamé empereur par ses soldats, fin juin ou début juillet[5].
Florien, peut-être parent, voire frère, de Tacite, s’est aussi fait proclamer empereur. Ses soldats l’assassinent à Tarse et se rallient à Probus, qui peut faire ratifier sa proclamation par le Sénat romain[6]. Selon l’Histoire Auguste, Probus fait châtier les meurtriers d'Aurelien et de Tacite, mais épargne les partisans de Florien, car ils n'avaient fait qu'obéir[7]. Jean Zonaras raconte que Probus invite à un banquet les meurtriers d'Aurelien et de Tacite, pour les faire massacrer[8].
En 276 et 277, la Gaule est ravagée en profondeur par des raids des Francs et des Alamans. L’armée de Probus intercepte ces groupes de Germains à leur retour vers le Rhin, et leur inflige de terribles défaites[6]. L’Histoire Auguste affirme dans un prétendu compte-rendu de Probus au Sénat que 400 000 barbares ont été tués, 16 000 enrôlés dans l’armée romaine, et tout leur butin récupéré[9]. Ces chiffres sont exagérés, mais la reconstitution des effectifs romains par des contingents barbares est une tendance qui ne fera que s’accentuer[10].
En 277 et 278, Probus poursuit l’intervention romaine au-delà du Rhin, et récupère le contrôle des Champs Décumates, saillant stratégique entre le Rhin et le Danube perdu en 268 sous Gallien. Ces actions et la réorganisation du limes du Rhin mettent pour un temps la Gaule à l’abri des raids germains, mais de nombreuses villes ont été victimes des raids de 276.
De 278 à 279, Probus continue ses campagnes victorieuses sur le Danube en Rhétie contre les Vandales et les Burgondes, en Thrace contre les bandes Sarmates. Dans le même temps ses légats ramènent l’ordre en Isaurie en réduisant un chef brigand, Lydius ou Palfurnius, et en Égypte contre les incursions des tribus nomades Blemmyes[6].
Enfin, cette pacification des frontières s’achève par la signature d’une trêve avec le roi de Perse Vahram II[11].
Quelques tentatives d’usurpation, qui sont plutôt des révoltes locales, sont facilement matées[6] :
Le caractère improvisé de ces tentatives témoigne à la fois d’une relative amélioration de la discipline des armées, par rapport à la période d’insurrections multiples de la décennie précédente, et aussi de l’exaspération de populations atteintes par l’insécurité et la crise économique.
La figuration mystique de l'empereur qui le rattache à la divinité solaire, entamée sous Gallien et accentuée par Aurélien, se continue sous Probus, associé dans ses légendes monétaires à Soli Invicto (« Au Soleil invaincu ») ou Soli Comiti Augusti (« Au Soleil, compagnon d'Auguste »)[14]. La tolérance religieuse instaurée par Gallien se continue, dont profitent les chrétiens (période de la petite paix de l'Église). Le Chronicon de Saint Jérôme résumera le règne de Probus en termes neutres voire positifs[15].
Probus prend des mesures d’amélioration économique, notamment en faveur de l’agriculture :
En 281, peut-être pour la fête quinquennale de son règne[23], Probus peut enfin célébrer son triomphe à Rome et donner des jeux magnifiques, dont l'Histoire Auguste donne une description spectaculaire et fantaisiste[24]. Selon le pseudo Aurelius-Victor[25] et Eutrope[26], il aurait même déclaré : « Sous peu, nous n'aurons plus besoin de soldats », en référence à la pacification générale de l'Empire, déclaration reprise et paraphrasée en une description de l'Âge d'or par l'Histoire Auguste[27]. André Chastagnol considère cette parole utopique comme authentique, presque comme un slogan, qui coîncide avec les légendes monétaires de Probus pax aeterna (« paix éternelle ») et pax ubique (« paix partout »)[28], mais il refuse de croire Aurelius Victor lorsque ce dernier affirme que cette déclaration serait la cause de l'indignation et de la révolte des soldats contre Probus[29].
En septembre ou octobre 282, Probus confie la défense de l’Occident au préfet du prétoire Carus et se met en route vers l’Orient, pour entreprendre la conquête de l’Arménie et de la Mésopotamie contre les Perses. N'aimant pas voir ses troupes désœuvrées, il charge les soldats de travaux d'assèchement des marais dans la région de Sirmium, corvées que les soldats trouvent déshonorantes. Lors d’une inspection des travaux, il houspille des soldats fatigués et provoque une mutinerie. Il parvint à se réfugier dans une tour d'assaut, mais les soldats révoltés incendient l'édifice. Probus, à moitié étouffé, presque carbonisé, se fait massacrer par les mutins[26],[29]. Son décès est connu à Rome huit jours après son assassinat, tandis que la nouvelle se propage assez rapidement dans le reste de l'empire. De façon sporadique, on trouve des marques de damnatio memoriae de Probus, dont une dans un papyrus égyptien[30].
Par le hasard de cet attentat, Carus, qui s'est proclamé empereur contre Probus, lui succède sans guerre civile[31]. Le règne de Probus n'a duré que six années et quatre mois, selon Eutrope et Saint Jérôme[15].