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Raymond Gurême, né le à Meigneux (Seine-et-Marne) et mort le à Arpajon, est un forain français, l'un des derniers survivants de l'internement des « Nomades » en France de 1940 à 1946.
Résistant pendant la guerre, il consacre ensuite sa vie à la lutte contre l'antitziganisme.
Raymond Gurême naît en 1925 à Meigneux[1] au sein d'une famille manouche itinérante depuis des générations[2]. Sa mère, Mélanie Gurême, est issue d'une famille de vanniers, et son père, Hubert Leroux, est forain et tient un cirque ainsi qu'un cinéma muet ambulants[2]. Il est le troisième de neuf enfants[2].
Dans son enfance, qu'il décrit comme « magique », il commence très tôt au sein du cirque familial : à deux ans et demi, il est ainsi déjà clown et acrobate[2]. Il assiste aussi son père dans le bon fonctionnement du cinéma[2].
Depuis la loi du , les populations itinérantes sont fichées en France. Trois catégories sont mises en place : les commerçants ambulants, les forains et les « nomades » ; ces derniers ont l'obligation d'avoir un Carnet anthropométrique. La famille de Raymond Gurême acquiert le statut de forain. Le , un décret est signé par le président Albert Lebrun qui interdit la libre circulation des nomades en les assignant à résidence[3]. En octobre de la même année, l’administration allemande décrète l'internement des Tsiganes de la zone occupée dans des camps placés sous la responsabilité de policiers et gendarmes français. Ces internements ne devaient concerner que les personnes nomades et non foraines[3].
Le matin du , les gendarmes l'envoient lui et sa famille à Darnétal pour être confinés dans une usine désaffectée avec d'autres gens du voyage[4]. Ils sont ensuite internés à Linas-Montlhéry[4] dès l’ouverture du camp, le .
Il s'échappe avec son frère en juillet 1941 mais ils sont repris, à la suite d'une dénonciation par le maire de leur village d'origine[5]. Il s'échappe une deuxième fois, en et rejoint la Bretagne pour travailler dans des fermes. Il retourne à plusieurs reprises à Linas pour apporter de la nourriture et des vêtements à sa famille, toujours internée[2].
En , le camp est démantelé et les personnes internées sont transférés au camp de Montreuil-Bellay, le plus grand camp de nomades de la zone occupée. Raymond Gurême continue d'apporter de la nourriture à sa famille.
Il est alors placé dans une maison de redressement pour mineurs à l'hôpital d'Angers. Il y détourne au profit du maquis un camion de ravitaillement, ce qui lui vaut d'être déporté dans un camp de travail en Allemagne près de Francfort. Il s'en évade à l'aide du chauffeur français d’un train de marchandises livrant des céréales en Allemagne.
De retour en France, il rejoint les rangs de la Résistance[6].
En 1951, Raymond Gurême s'installe avec sa femme Pauline, elle aussi ancienne internée, avec qui il aura 15 enfants. Il retrouve ses parents en 1952 en Belgique[7].
En 1972, il s'installe avec sa famille sur un terrain de la commune de Saint-Germain-lès-Arpajon (Essonne), à quelques kilomètres de l'emplacement du camp de Linas[8].
En 1983, il demande sa carte d'interné politique, qu'il reçoit finalement en 2009[9].
En 2010, il rejoint le collectif Collectif pour la commémoration de l'internement des Tsiganes et gens du voyage au camp de Linas-Montlhéry pour témoigner et réclamer la reconnaissance officielle de l'internement des nomades par l'État Français[10].
Il donne de nombreuses conférences et intervient dans des écoles[11],[12]. En , il est invité au Festival de cinéma de Douarnenez[2]. En 2014, lors de la conférence sur l'Holocauste des Rroms à Cracovie, il témoigne de son vécu avec quatre autres personnes nomades[6].
Le , il aurait été violemment pris à partie par la police tandis que plusieurs de ses enfants sont emmenés en garde à vue[8]. Raymond Gurême porte alors plainte pour violences, mais elle est classée sans suite début 2015[13]. La version policière diffère avec les propos de Raymond Gurême : « malgré l’état de nervosité des individus, la visite s’opère sans incident jusqu’à la visite de la caravane du patriarche »[14]. Les policiers auraient été victimes de jets de pierres, d’insultes, et de menaces de mort de la part des habitants au nombre d’une trentaine environ[14].
Après avoir passé sa vie à combattre l'antitziganisme[9], il meurt le à Arpajon[15].