Thompson M1 | |
Thompson M1 utilisée pendant la Seconde Guerre mondiale | |
Présentation | |
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Pays | États-Unis |
Type | recul semi-automatique automatique |
Munitions | .45 ACP |
Fabricant | Savage Arms Company, (Utica, NY), Auto-Ordnance (Bridgeport, CT) |
Période d'utilisation | à partir de 1942 |
Poids et dimensions | |
Masse (non chargé) | sans chargeur 4,74 kg |
Longueur(s) | 811 mm |
Longueur du canon | 267 mm |
Caractéristiques techniques | |
Portée pratique | 50 m |
Cadence de tir | 700 coups par minute |
Capacité | chargeur droit de 20 et 30 coups |
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Le Thompson est un pistolet-mitrailleur américain créé par John T. Thompson et utilisé par les Alliés pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est chambré pour la cartouche .45 ACP. Il est utilisable en mode semi-automatique ou automatique.
Pendant la Première Guerre mondiale, les affrontements à très courte portée ayant lieu dans les tranchées font émerger le besoin pour une arme plus facile à manipuler et tirant plus rapidement que les fusils en usage dans les armées belligérantes. Les Allemands introduisent alors une nouvelle arme à partir de la fin de l’année 1916, le pistolet-mitrailleur[1]. Lorsque les États-Unis entrent en guerre en 1917, il n’existe pas d’équivalent dans les forces de l’Entente : les Britanniques considèrent leurs propres soldats comme trop incompétents pour leur confier une arme automatique et bien que les Français aient tenté quelque chose avec la mitrailleuse Chauchat et le fusil-mitrailleur modèle 1917, ces armes n’égalent pas les performances du MP18 allemand, qui fait montre d’une redoutable efficacité dans le nettoyage des tranchées[2]. De leur côté les Américains se rendent rapidement compte que si le Colt M1911 est adéquat, le fusil Springfield M1903 l’est moins et cherchent à se procurer une arme complémentaire[3].
Rappelé en 1917 au poste de responsable des armes légères de l’Army Ordnance Department, le brigadier général John Thompson lance les recherches sur un pistolet-mitrailleur qu’il veut léger et maniable en mettant en parallèle à contribution l’entreprise d’armement Auto-Ordnance Corporation qu’il dirige avec son fils Mercellus[3]. Celle-ci produit en 1917 un prototype appelé Auto-Rifle, un fusil automatique ressemblant au M1917 Enfield et utilisant la même cartouche de .30-06 Springfield, mais avec un verrou de culasse inventé par le physicien John Blish[4]. L’arme ayant tendance à exploser, elle est révisée par les ingénieurs en armement Theodore Eickhoff et Oscar Payne qui attribuent le problème à la puissance trop importante de la cartouche et recommandent de la remplacer par celle de .45 ACP, moins puissante mais ayant tout-de-même une importante puissance d’arrêt[5].
Le prototype de l’arme révisée est produit en et appelé Persuader, « persuasif », mais il ne fonctionne pas correctement et s’enraye toujours au bout de quelques coups[4]. Ce n’est qu’en 1919 que tous les problèmes parviennent à être résolus et qu’un prototype fonctionnel est produit et baptisé Annihilator, « exterminateur »[6]. Bien qu’en état de fonctionner, l’arme doit toutefois encore faire l’objet d’améliorations pour devenir vraiment utilisable et entre une vingtaine et une quarantaine de prototypes sont encore produits avant qu’elle puisse entrer en production sous la désignation M1919[7].
L’Auto-Ordnance Corporation n’ayant pas les moyens de produire en masse la M1919, la majeure partie de la production est sous-traitée à l’usine de la Colt Patent Firearms Company à Hartford. Un contrat pour la fabrication de 15 000 exemplaires est signé en et la production débute le au rythme de cent exemplaires par jour[8]. En réalité, Colt ne réalise que l’usinage de la carcasse et de la culasse, ainsi que l’assemblage final. Les pièces usinées par Colt sont forgées par Billings & Spencer à Hartford, les pièces en bois par Remington Arms à Ilion, les canons par la Savage Arms Corporation, tandis que les organes de visée et les compensateurs sont fabriqués par la Lyman Gunsight Company[9].
Ce contrat est également l’occasion d’améliorer la conception. nouvelle version est appelée Modèle 1921A et se distingue en particulier par l’ajout d’une crosse en bois, la Thompson n’en ayant pas été doté jusque là[10]. L’autre innovation majeure des années 1920 est l’introduction en 1927 du compensateur, qui permet d’améliorer le contrôle de l’arme lors du tir en automatique. Les armes équipées de ce dispositif sont appelées M1921AC[11]. Lorsque l’US Marine Corps se montre intéressé par la Thompson en 1927, il demande que la cadence de tir soit réduite afin de rendre l’arme plus facile à contrôler. Cette version entre en production le et est appelée Modèle 1928 (M1928)[12]. Divers modèles particuliers sont également produits en petites quantités dans les années 1920 : un modèle ne pouvant tirer qu’en semi-automatique ainsi que les modèles 1926 et 1929 chambrés pour d’autres munitions comme le 9 mm Parabellum ou le 7,63 mm Mauser et produits sous licence au Royaume-Uni par Birmingham Small Arms[13].
En dépit de la multiplication des modèles et l’amélioration de l’arme, les ventes demeurent largement en berne. En dehors de 1 500 exemplaires pour l’US Navy, aucune armée n’a acquis l’arme, en dépit d’évaluations généralement positives. Seuls 10 300 exemplaires tout modèles confondus ont été vendus en tout en 1928 et l’entreprise Auto-Ordnance se maintient pendant plusieurs années au bord de la faillite[14].
Les budgets militaires des États ayant été fortement réduits après la fin de la Première Guerre mondiale, la Thompson est d’abord achetée par des groupes paramilitaires. L’Irish Republican Army est de fait la première force à se la procurer lorsque Frank Ochsenreiter, un sympathisant de l’IRA aux États-Unis, en commande cinq cents exemplaires en . Ochsenreiter évoluant dans le cercle des proches de Thomas Ryan, lui-même membre du Clan na Gael, la destination des armes est probablement connue de l’entreprise, d’autant qu’une réduction généreuse est faite sur le prix de la commande[15]. Bien que la majeure partie des armes ait été immobilisées par la police de New-York lors d’une tentative d’exportation ratée, quelques-unes parviennent néanmoins dans l’année en Irlande où l’arme est utilisée pour la première fois au combat, lors de l’attaque par l’IRA d’un train transportant des soldats du West Kent Regiment le à Drumcondra[16]. Parmi les Thompson livrés figurent notamment les quarante exemplaires de préproduction, ce qui tend à confirmer l’hypothèse que l’ensemble des dirigeants de l’Auto-Ordnance Corporation aient été informés et impliqués dans ces ventes[17].
L’US Navy est la première armée d’un État à acquérir la Thompson : 1 500 M1928 entrent en service le et sont principalement destinés à l’US Marines Corps[18].
La Thompson ne rencontre qu’un succès limité dans les armées européennes : les Britanniques, bien que trouvant l’arme efficace, refusent toujours de confier des armes automatiques à leurs soldats ; la démonstration faite aux Français est gâchée par une rupture de culasse et si l’armée belge fait montre d’intérêt, cela ne se solde par aucune commande[19].
Les services de police commencent à acheter la Thompson dès le début des années 1920, mais il s’agit la plupart du temps de commandes de faible envergure du fait des faibles budgets des polices locales. Ainsi, la police de New-York en achète dix exemplaires en [20]. La première commande d’importance d’un service gouvernemental provient de l’US Postal Service, qui commande vers 1927 deux cents exemplaires de la M1921 pour fournir davantage de puissance de feu aux équipes protégeant les trains de courrier. Ces armes sont ultérieurement converties en M1928[12]. Dans le même temps, l’entreprise fait évoluer sa communication et fait la promotion de la Thompson sous le nom de « l’arme anti-bandits », ce qui fait fortement augmenter les ventes[21].
Bien que Thompson n’ait pas voulu que son arme soit vendue aux civils, celle-ci se retrouve rapidement entre les mains de criminels du fait de l’absence presque totale de contrôle sur la vente et la circulation des armes à feu à cette époque. Ainsi, une Thompson est utilisée dès à Chicago pour assassiner le procureur William McSwiggin[22]. La situation s’aggrave après le départ de Thompson et la mort de Thomas Ryan en 1928, le nouveau dirigeant John Larkin ouvrant totalement la vente au marché civil afin d’augmenter ses profits[23]. La politique de Larkin est toutefois vivement contestée après le massacre de la Saint-Valentin et il est contraint de démissionner en . Les nouveaux dirigeants restreignent alors considérablement la vente en ne permettant que les commandes directes à l’entreprise[24].
Les Thompson M1921 et M1928 font exception parmi les pistolets-mitrailleurs contemporains à culasse non verrouillée. Pour retarder le recul de la culasse, ils sont munis d'un système d'amplification d'inertie du recul. En plus, la culasse est freinée par frottement (Principe de Blish (en)). La culasse est composée de deux parties, la tête et la masse additionnelle, reliées par un amplificateur d'inertie sous forme d’un H en bronze.
Le Thompson tire à culasse ouverte : après le départ du coup, la tête de culasse, en reculant, actionne l’amplificateur qui accélère vers l'arrière la masse additionnelle. Après une course réduite permettant la chute de la pression des gaz, l’amplificateur est libéré, ce qui permet le mouvement en arrière de la culasse et le rechargement de l’arme.
Les modèles simplifiés, les M1 et M1A1, construits à partir de 1942, ont une culasse non calée, et fonctionnent sans problème. Ils sont reconnaissables au levier de chargement latéral.
Entre 1921 et 1922, la Colt’s Firearms Manufacturing Company, à Hartford, Connecticut, a fabriqué 15 000 Thompson Model of 1921A pour la Auto-Ordnance Corporation. Les crosses et les poignées étaient fabriquées par Remington U.M.C.
Le premier modèle, le M1921A a été suivi, à partir de 1926, du M1921AC, modèle équipé d'un frein de bouche Cutts Compensator. Fonctionnant par recul retardé, ses pièces sont usinées, elle est dotée d'une crosse d'épaule amovible et d'une seconde poignée pistolet placée sous la garde.
Le second modèle sorti en 1923 sous la dénomination M1923 est une tentative ratée d'accroître sa portée en le dotant d'un canon plus long, d'un bipied et d'une munition dédiée plus puissante, le .45 Remington-Thompson.
En 1927, une version semi-automatique dérivée du modèle M1921 en quelques exemplaires, sort pour alimenter le marché civil sous le nom de M1927.
Le M1928 sort une année plus tard. Également appelé Navy Model, il est équipé d'une garde horizontale sur la plupart des modèles et reçoit une sangle.
Les M1923, M1927 et M1928 Navy sont des M1921A et M1921AC modifiés.
En 1929, quelques exemplaires en calibre .45, 9 mm et 7,63 Mauser furent produits par B.S.A. (British Small Arms) au Royaume-Uni.
Il est également produit en Chine à partir des années 1930 durant la guerre civile chinoise et la guerre sino-japonaise par l'Arsenal de Taiyuan en calibre 11, 43 mm.
En 1940, l'Auto-Ordnance Corporation, maintenant sous les ordres du financier Russel Maguire, continue la production du Thompson, maintenant sous la dénomination M1928A1 par la Savage Arms Co. à Utica, New York, et plus tard dans une nouvelle usine, l'Auto-Ordnance Plant à Bridgeport, dans le Connecticut. La production totale entre 1940 et 1943 est de 562 511 pièces, au début avec la double poignée de pistolet, mais la plupart avec la garde horizontale.
Début 1941, pour une demande de l’armée américaine de carabine militaire utilisant la munition .30 Carbine, la compagnie présente une version nommée Thompson Light Rifle sans succès et la carabine M1 l'emporte.
En 1942, pour répondre aux contraintes de la guerre, le M1 est mis en production. L'arme est simplifiée, elle est désormais opérée directement par le recul, elle ne reçoit plus que des chargeurs droits de 20 ou 30 coups. Production totale en 1942/43: 285 480 pièces. Elle sera suivie, plus tard dans l'année d'une version encore plus simple nommée M1A1 avec le percuteur intégré à la culasse. Elle fut produite entre 1942 et 1944 à 539 143 exemplaires.
Le Thompson usiné était une arme de bonne qualité mais chère à produire, relativement lourde (4,78 kg), ayant une portée pratique de 50 mètres, à comparer avec le MP40 en calibre 9 × 19 mm Parabellum de l'armée allemande, (4,03 kg), d'une portée d'environ 100 mètres. Sa capacité au tir automatique et la puissance d'arrêt de sa cartouche .45 ACP demeuraient pourtant un gage d'efficacité pour les engagements à courte portée bien que les unités américaines lui préféraient le fusil semi-automatique M1 Garand, plus précis et bénéficiant d'une bien meilleure portée, ou encore la carabine M1 également semi-automatique, beaucoup plus légère et maniable et d'une portée, qui bien que limitée par rapport à un fusil, était quatre fois supérieure à celle du Thompson.
« C'est avec son chargeur circulaire caractéristique, que la mitraillette Thompson est devenue célèbre au cinéma. Mais elle était, avec le chargeur rectiligne, moins encombrante et plus facile à dissimuler, notamment dans l'inévitable étui à violon[25] ».
Modèle | M1921 | M1921A1 | M1/A1 |
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Longueur | 807 mm
635 mm sans crosse |
857 mm | 813 mm |
Masse à vide | 4,6 kg | 4,8 kg | 4,7 kg |
Masse en ordre de combat | |||
Fonctionnement | |||
Modes de tir | |||
Longueur canon | 268 mm
317 mm avec compensateur |
268 mm
305 mm avec compensateur |
267 mm |
Rainurage du canon | |||
Cartouche | .45 ACP | ||
Alimentation | Magasin droit 20 cartouches, magasin-tambour 50 ou 100 cartouches | Magasin droit 20 ou 30 cartouches, magasin-tambour 50 ou 100 cartouches | Magasin droit 20 ou 30 cartouches |
Cadence de tir | 800 cps/min | 600-750 cps/min | 500-600 cps/min |
Vitesse à la bouche | 280 m/s | ||
Portée pratique |