Tonglen ou tonglèn[1] (tibétain : གཏོང་ལེན ; wylie : gtong-len ; « donner-recevoir ») est une pratique méditative d'entraînement de l'esprit (lojong) du bouddhisme tibétain permettant de développer la compassion[2].
S'ouvrir aux autres relève souvent des bonnes intentions : nous avons tous des a priori, des réticences qui nous bloquent au dernier moment. Pourtant, si l'on veut véritablement se transformer en profondeur, il faut surmonter ces obstacles. Le tonglen, pratique de méditation bouddhiste, apprend à absorber ce qui est négatif pour le restituer sous forme positive, permet de dépasser nos peurs et de développer notre capacité d'acceptation des événements extérieurs. Elle propose un renversement de la logique égocentrique : « la plupart des gens essaient toujours de se décharger du mal sur les autres et de centraliser en eux le bien ; c'est ça le problème. C'est depuis toujours, le drame de la société et du monde entier[3]. »
Cette technique utilisant le bodhicitta peut aussi être décrite comme une égalisation et un échange de soi-même avec autrui : sur l'inspiration du souffle, on prend sur soi avec compassion la souffrance d'autrui, une personne précise ou le monde entier ; sur l'expiration, on redonne de la bienveillance et de la paix.
Selon Chögyam Trungpa : « L'approche du tonglen n'est pas particulièrement subtile. [...] Si l'on pense au bouddhisme et à sa profonde sagesse, à sa philosophie raffinée et à ses techniques perfectionnées, il est étonnant qu'on ait pu inventer une pratique aussi simple et primitive. Mais nous la faisons et elle marche. Elle semble avoir donné de bons résultats pendant plusieurs siècles. [...] Des générations entières de pratiquants ont perfectionné la technique ; elle a fait ses preuves[3]. »
Cette pratique fait partie des principes du Lojong attribués au maître bouddhiste indien Atisha Dipankara Shrijnana, né en 982. Ces instructions furent d'abord mises par écrit par un maître du Kadampa, Langri Tangpa (1054–1123). La pratique devint plus connue grâce au geshé (lama) Chekawa Yeshe Dorje (en) (1101–1175) qui l'évoque dans ses Sept points de l'entraînement de l'esprit (point sur le bodhicitta relatif). Cette liste de proverbes ou slogans compilée ensuite par Chekawa est souvent appelée Les slogans d'Atisha. Le quatorzième Dalaï-lama, qui pratiquerait le tonglen chaque jour, aurait dit à propos de cette technique : « Que cette méditation aide vraiment ou non, elle me procure la paix de l'esprit. Je peux alors être plus efficace et le bénéfice est immense[4] ». Sa Sainteté a déjà offert une traduction des huit versets dans un de ses livres.
Il existe différents types de pratiques du tonglen. De manière générale, il faut tout d'abord s'asseoir, ramener l'esprit à lui-même et en percevoir la véritable nature, puis à prendre sur soi la souffrance d'un ou plusieurs êtres et à leur donner notre bonheur, bien-être, la paix de notre esprit. Cette pratique a pour support la respiration[5]. On imagine la souffrance des êtres sous forme symbolique de fumée ; en l'inspirant celle-ci disparaît au centre de l'être. Puis lors de l'expiration, une lumière merveilleuse représentant ce qu'il y a de mieux pour chacun est renvoyée.
Comme tel, c'est donc un entraînement à l'altruisme dans sa forme la plus extrême : « Si le fait d'être vrais [par la pratique de tonglen] nous fait mal, c'est bon, car c'est alors que nous pourrons réellement nous échanger contre autrui. Notre travail sera devenu tellement authentique et honnête que nous aurons envie de le partager avec d'autres. Il ne s'agit pas tant de leur donner simplement notre plaisir et d'assumer leur douleur. Il y a quelque chose de plus : nous voulons leur offrir notre authenticité et absorber leur hypocrisie[3]. »
Sogyal Rinpoché préconise comme préalable de pratiquer tonglen pour soi avant de le pratiquer pour autrui : il s'agit de cultiver en soi l'amour et la compassion, de se guérir « de toute réticence, détresse, colère ou peur qui pourraient vous empêcher de pratiquer tonglen de tout votre cœur[5] ».
Il existe ainsi plusieurs types de pratiques préliminaires de tonglen[5] :
D'autres visualisations avancées existent[5]. Selon Chögyam Trungpa, « le tonglen a une importance considérable dans le vajrayana [...]. Sans le tonglen, impossible de pratiquer les disciplines vajrayana de utpattikrama (stade de la création) et du sampannakrama (stade de l'achèvement). [Sinon] le méditant se transforme [par ces visualisations] en une déité sans cœur, une divinité de papier mâché[3]. »
Les finalités de cette pratique peuvent être de :