Il écrit sous son propre nom mais également sous divers pseudonymes, comme Gaston Villars,Jim Simley, Henry Maugis, Robert Parville ou Henry Willy et a recours à des prêtes-plumes dont l'écrivaine Colette.
Willy est, entre autres, l'amant de la femme d'Émile Cohl, Marie-Louise Servat, avec laquelle il a un fils, Jacques Henry Gauthier-Villars (né en 1889). Né d'une liaison adultérine, cet enfant est alors élevé par une nourrice à Châtillon-sur-Loing lorsqu'il commence à fréquenter Colette de 15 ans sa cadette[3] . Il l'épouse le 15 mai 1893 à Châtillon-sur-Loing celle-ci étant âgée de vingt ans et lui trente-quatre. Le couple s’installe à Paris, quai des Grands-Augustins, dans la garçonnière d'Henry, au-dessus de la maison d'édition familiale. En 1901, Colette et son mari déménagent 93, rue de Courcelles (Paris), dans un atelier d'artiste au 6e étage, « torride en été, glacial en hiver »[4]. Ils quittent cet appartement dès 1902 pour s'installer au 177 bis.
Selon l'universitaire Carmen Boustani, Henry Gauthier Villars a eu recours aux services de prêtes-plumes compte tenu de son manque de talent littéraire et du fait que ce statut étant fréquent durant la Belle Epoque par nécessité matérielle et où la culture du pseudonyme et du travestissement étaient assumées[5]. En effet, Henry Gauthier Villars est l'un des hommes les plus influent de la vie intellectuelle parisienne : boulevardier, écrivain, critique musical. Ainsi, il signe une centaine d'ouvrages (dont les six premiers romans de Colette) mais qui fait travailler de nombreux « nègres » : Jean de Tinan, Curnonsky, Paul-Jean Toulet, Lugné-Poe, Tristan Bernard, Francis Carco, Émile Vuillermoz, etc[6]. Jules Renard écrira d'ailleurs dans son journal, à la date du 21 janvier 1905, « Willy ont beaucoup de talent ». Erik Satie s'est un jour opposé en duel à Willy.
Peu de temps après son mariage, Willy encourage Colette à se lancer en écriture en lui déclarant « Vous devriez jeter sur le papier des souvenirs de l'école primaire. N'ayez pas peur des détails piquants, je pourrais peut-être en tirer quelque chose, les fonds sont bas »[5]. Ainsi des conditions matérielles qu'elle qualifie d'inconfortable, Colette écrit la série des « Claudine »[7]. Usurpant ses droits d'auteurs, Willy vend les droits des Claudine à ses éditeurs sans son autorisation. Elle ne le lui pardonnera jamais. Elle dira de ce personnage étonnant : « Je le trouve d'une taille, et d'une essence, à inspirer et à supporter la curiosité. Ce qu'il faudrait écrire, c'est le roman de cet homme-là. »[5].
Le , le couple se sépare. Ils divorcent en 1910. Le 22 mars 1909, Willy autorise les éditions Ollendorff à modifier la signature des Claudine, permettant ainsi à Colette de reconnaitre ses droits d'auteur tout en utilisant le nom « Colette Willy » jusqu'à son mariage avec Jouvenel, où elle adopte le nom de « Colette »[5].
« Les derniers jours de Willy sont difficiles. La souscription lancée en 1929 par les amis de Willy, recueille quatre mille francs. Colette, sollicitée, refuse d’y participer. Mais Willy a eu un bel hommage posthume : trois mille personnes suivent son convoi mortuaire. »[8]
Il meurt en 1931, à soixante-et-onze ans. Il est inhumé au cimetière du Montparnasse (10e division).
↑ abc et dCarmen Boustani, « Willy : le bonheur de l’imposture », dans L'imposture dans la littérature : Cahier XXXIV, Presses universitaires de Rennes, coll. « Nouvelles Recherches sur l’Imaginaire », , 181–194 p. (ISBN978-2-7535-4785-8, lire en ligne)
↑Cf. François Caradec, Willy, Le père des Claudine, p. 13, 56 et al.
Mirande Lucien, Willy avec Suzanne de Callias, L'Ersatz d'amour (1923), QuestionDeGenre/GKC, 2014.
Sanchez Nelly, préface de « Willy, l'à peu près grand homme », Cahiers Léautaud, no 34, p. 49-53, 2004.
Carmen Boustani, « Willy : le bonheur de l’imposture », L'imposture dans la littérature (sous la direction d'Arlette Bouloumié), Presses Universitaires de Rennes, , p. 181-194 (lire en ligne)